Femu a Corsica

La question de confiance

Femu a Corsica, sùbitu ! Cette formule n’est pas extraite de la lettre que Gilles Simeoni a rendue publique à la veille de l’AG du PNC, ce 23 juin 2018, et qu’Arritti publie ici.

Elle est extraite de la motion qu’avait votée l’AG du PNC le 31 juillet 2016, il y a deux étés. 24 mois après, il n’est plus possible de différer davantage.

Entretemps, le projet Femu a Corsica s’est étoffé et est devenu réalité. L’été dernier, des statuts et une charte éthique ont été élaborés, des centaines de militants ont apporté leur adhésion, d’abord dans le grand amphi de l’Université en juillet, puis le 15 octobre dernier quand, tour à tour, les porte parole des anciens mouvements ont annoncé leur fusion, et la création de l’organisation politique unifiée et amplifiée que la situation nouvelle de la Corse exige. Le tout appuyé par près de 1500 personnes qui ont voté à l’unanimité les textes fondateurs.

Cette dynamique a été la véritable rampe de lancement de la campagne électorale, avec le résultat formidable d’une majorité absolue de Corses qui ont voté pour nous.

Aucun de ces électeurs n’a jamais pensé que tous les problèmes du peuple corse se régleraient alors par enchantement. Les séquences qui ont suivi, visite présidentielle sur fond de commémoration Erignac, puis réforme constitutionnelle vidée de son contenu, ont montré qu’il faudrait de nouvelles mobilisations, et de nouveaux combats, pour arriver à la reconnaissance du peuple corse et de ses droits.

Nous savons le chemin parcouru depuis la création de l’ARC en 1967. Arritti en a témoigné à chacune de ses parutions depuis plus de cinquante ans. Mais nous savons aussi qu’il faudra de nouvelles générations de militants et de responsables pour porter plus avant l’espoir d’une Corse émancipée. C’est ce défi que la création de Femu a Corsica va relever.

La question qui est en fait posée aujourd’hui est la question de confiance. Et pas la moindre puisqu’il s’agit de la confiance en soi. Ou plus exactement, car cela dépasse largement chacun des individus que nous sommes, à quelque place que nous soyons, il s’agit de la confiance collective en son avenir que nous voulons faire partager au peuple corse. Car c’est là le fondement même de l’engagement nationaliste que nous portons : contribuer à restaurer la confiance collective du peuple corse en lui-même.

C’est cette « confiance collective en lui-même » que la colonisation a enlevé au peuple corse, allant jusqu’à le convaincre au renoncement à un destin propre, notamment par l’exil massif, des générations durant, de ses forces vives.

C’est aussi l’exact contraire du clanisme, qui n’alimente que des espoirs individuels, alors que nous voulons porter une espérance collective et partagée. Avec la conviction bien sûr que chaque Corse ne pourra que s’en trouver mieux pour ce qui le concerne individuellement, car il n’est pas de cohésion nationale sans partage et sans solidarité.

Tel est le fondement de notre nationalisme, de cette force collective qui a transformé, lutte après lutte, le renoncement en espérance pour notre peuple.

Chaque militant est le produit d’une Histoire, et il est légitimement attaché aux repères qui ont balisé son parcours. Mais il doit avoir conscience aussi que les temps changent, qu’il faut regarder devant et non derrière. Et devant, il n’y a plus d’avenir pour le PNC, il n’y en a pas plus pour Inseme Pè a Corsica ou pour Chjama Naziunale. Le seul avenir qui s’ouvre à nous est celui de Femu a Corsica, celui dans lequel des milliers de Corses ont placé leur confiance. Comme l’ARC, comme l’Unione di u Pòpulu Corsu, u Partitu di a Nazione Corsa, Inseme pè a Corsica et Chjama Naziunale appartiennent désormais au passé.

Il faut l’accepter et faire confiance à l’avenir, avoir confiance en nous-mêmes et avoir confiance dans le destin collectif du peuple corse. Nous avons beaucoup tardé, trop même, mais c’était sans doute le temps qu’il fallait consentir pour que chaque structure ancienne accepte la donne nouvelle qui est celle de la Corse de 2018, au lendemain d’une victoire historique que nous ne pouvons compromettre par davantage d’atermoiements.

Attendre davantage serait plus qu’une erreur politique, ce serait une faute historique. Il n’est pas même concevable que tout ce qui a été réalisé depuis deux ans, que des milliers de militants aient été rassemblés, des textes fondateurs élaborés et votés, et que cela ne débouche sur rien de concret.

Cet été, nous créerons Femu a Corsica !

Ou alors nous risquons de perdre la confiance du peuple corse.

François Alfonsi.

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