Juste avant la venue annoncée du Premier Ministre Edouard Philippe à la fin du mois de juin, la stratégie de harcèlement administratif de l’Etat contre l’Exécutif de la Collectivité de Corse a connu un coup d’arrêt. Le marché de la fibre optique, le plus gros marché passé par l’Exécutif depuis son installation à la tête des institutions de la Corse, avait été attaqué devant le tribunal administratif, et sa suspension demandée par une procédure de référé lancée par la Préfète au nom d’un supposé « favoritisme régional ». La justice a tranché : le grief est infondé, et la plainte a été rejetée.
En confortant la validité de la procédure d’attribution du marché, le tribunal permet aux investissements de se poursuivre. Cependant il serait nécessaire que l’Etat admette ce jugement et renonce à la procédure sur le fond, qui ne surviendra pas avant plusieurs mois, laissant une insécurité juridique planer sur le dossier. C’est là un premier test envers les intentions de l’Etat dont les attaques injustifiées contre l’Exécutif, et tous ceux qui s’y rattachent politiquement, se sont multipliées depuis la « cérémonie de Cuzzà ».
Emmanuel Macron y était venu, une nouvelle fois, tenter de mobiliser un « contre-parti » contre Gilles Simeoni, tout en déclarant à nouveau « personna non grata », aux yeux de l’Etat, quiconque aurait ne serait-ce que « plaidé » en faveur du commando Erignac.
La façon dont la Préfète a ensuite poursuivi avec zèle la Collectivité de Corse, et d’autres collectivités dirigées par des nationalistes, a fini d’enlever toute apparence de crédibilité au principe de « l’Etat impartial » dont on nous rebat les oreilles, malgré les barbouzes de l’époque Giscard, malgré Bernard Bonnet, et malgré la constante orientation d’hostilité aux élus nationalistes de la part des représentants de l’Etat en Corse. Mais les masques sont tombés, et les Corses savent pertinemment ce qu’il en est réellement.
Que fera Edouard Philippe lors de son voyage en Corse ? Viendra-t-il, c’est le plus probable, en « remettre une couche », car Matignon est sur une ligne jacobine basique ? Ou bien, voyant que la situation continue d’être à l’avantage de l’Exécutif de Corse, après les élections européennes et au vu du piètre résultat de l’action de la Préfète devant les tribunaux, Edouard Philippe décidera-t-il enfin d’ouvrir le dialogue ?
Pour l’heure, rien ne le laisse présager, et l’heure est à la continuation du rapport de forces. C’est ce qu’a décidé Femu a Corsica qui appelle à la mobilisation par la tenue d’un grand meeting le samedi 29 juin à Bastia, au moment de la venue d’Edouard Philippe en Corse.
En fait, l’élection européenne vient de lancer une nouvelle séquence politique dont le déroulement sera essentiel pour la suite de notre combat. La « drague » à destination des Maires menée par la Préfète, puis par le Président de la République lors de son « show de Cuzzà », a mécaniquement mis en relief l’importance des municipales à venir, et, au-delà, l’enjeu des intercommunalités.
Ce « bastion » des élus traditionnels est encore pour l’essentiel à conquérir. Aucune cité importante n’est dirigée par des nationalistes, à part Bastia où la victoire de Gilles Simeoni en 2014 avait été le point de départ de l’enchaînement des victoires au niveau territorial.
C’est par l’implantation locale que nous consoliderons notre force politique en Corse, et une mairie apparaît stratégique, celle d’Aiacciu. Que la principale ville de Corse soit dirigée par un maire qui, comme aujourd’hui, soutient Emmanuel Macron, ou par un nouveau maire qui affichera son soutien à Gilles Simeoni, voilà un enjeu essentiel. Femu a Corsica veut une stratégie gagnante pour cette commune, selon la méthode qui a réussi il y a cinq ans à Bastia, en présentant une liste apte à contester le leadership du maire sortant. Puis en réussissant entre les deux tours à rassembler derrière elle une majorité victorieuse.
L’ouverture est la clef politique de cette nouvelle phase, deux ans après l’élection victorieuse de décembre 2017. Les municipales sont une occasion politique qu’il faut impérativement saisir.
François Alfonsi.