Le Brexit tourne mal, comme il fallait s’y attendre. Le peuple écossais pourra-t-il faire entendre son droit à décider par lui-même ?
Le procès de Madrid est la résurgence en Europe des procès staliniens de triste mémoire. Le peuple catalan sera-t-il défendu dans ses droits fondamentaux ?
Le Brexit entre dans une heure de vérité. Donald Trump est venu tout exprès à Londres pour rencontrer Nigel Farage, le « Monsieur Brexit », et Boris Johnson, principal successeur potentiel à Theresa May au sein du parti tory prêt à franchir le pas. Il a encouragé de ses promesses les tenants d’un « Brexit dur » qui est désormais la seule option pour donner une suite au referendum de 2016.
L’intervention du Président américain qui a fait de l’affaiblissement de l’Europe un des fondamentaux de sa politique « America first » est significative car elle révèle à quel point la question britannique est stratégique au plan économique et politique. Progressivement, l’idée d’un nouveau referendum progresse outre-Manche, dont l’issue pourrait être un renversement de la décision de 2016. L’imbrication de l’économie britannique dans le marché unique européen rend sa séparation avec le reste de l’Europe très hasardeuse, et les électeurs britanniques semblent réaliser désormais cette réalité bien tangible. Tandis que les promesses de Trump n’engageront que ceux qui y croient !
Pour le SNP en Ecosse, l’échec du Brexit est ardemment souhaité. Nouveau président du groupe des députés ALE, et premier vice-Président du groupe Verts-ALE, Alyn Smith en fait sa priorité. Il veut faire peser le poids de l’Ecosse, et de ses positions pro-européennes. En cas de Brexit, les autorités écossaises menées par le SNP engageront un nouveau processus référendaire pour aller vers l’indépendance. Il sera dans l’intérêt objectif de l’Union européenne que le « yes » l’emporte et que l’Ecosse et ses 5,5 millions d’habitants restent européens, en devenant indépendants d’un Royaume Uni qui n’aura d’autre choix alors que de devenir un satellite des intérêts américains.
Or c’est ce droit des peuples à décider par eux-mêmes de leur avenir, nécessaire pour l’Europe en Ecosse, qui est actuellement bafoué en Espagne à propos de la Catalogne. Le rapport de forces politique vire même à la caricature à travers ce procès surréaliste qui veut faire condamner des dirigeants politiques estimables et parfaitement démocratiques à des peines d’emprisonnement extravagantes.
Les urnes catalanes ont à nouveau donné ces dernières semaines la victoire aux forces indépendantistes. Mais tout est fait pour leur voler leur victoire, comme à Barcelona avec les manœuvres politiciennes de Manuel Valls qui a apporté ses voix de droite à Ada Colau, la maire sortante « insoumise », dans le seul but de barrer la route à Ernst Maragall, le candidat présenté par ERC dont la liste est sortie en tête du scrutin.
Le Parlement européen est devenu un autre lieu de ce bras de fer entre les Catalans et l’Etat espagnol depuis qu’Oriol Junqueras, Tonì Comìn et Carles Puigdemont ont été élus députés européens. L’un est emprisonné à Madrid, et les deux autres sont libres de leurs mouvements à Bruxelles, du fait de décisions de justice, en Belgique et en Allemagne, qui ont rejeté les prétentions répressives des autorités politiques et judiciaires espagnoles.
L’Europe défendra-t-elle avec davantage de force les droits fondamentaux des Catalans et des Ecossais ? C’est en tous les cas son intérêt face au Brexit, et pour préserver un projet démocratique d’avenir en Catalogne face à un Etat-nation qui s’enferme dans un schéma politique hérité du 19ème siècle.
L’Europe peut agir en soutenant la simple application d’un droit fondamental, le droit à l’autodétermination. Il faudra qu’elle le fasse!
François Alfonsi.