L’adoption à l’unanimité par l’Assemblée de Corse du règlement d’aide aux communes est un premier signal encourageant : le travail avance, les consensus sont possibles, et on peut sortir du clientélisme en unissant les bonnes volontés. Transports, fiscalité, déchets, développement économique, langue corse, Padduc, etc.. : les sujets sont multiples qu’il faudra avoir mis sur de nouveaux rails d’ici moins de trois ans.
Après une victoire aussi large que celle obtenue en décembre 2017, il faut prendre la mesure du chemin qui reste à parcourir pour arriver à bon port. L’implosion du vieux système nous a permis une victoire bien plus large que ce qu’elle aurait été si une véritable opposition avait été encore debout. Mais Paul Giacobbi ayant été mis hors jeu par ses ennuis judiciaires, le système clientéliste dont il était la clef de voute s’est effondré, tandis que son homologue à droite, lui aussi totalement démonétisé sur l’île, et, de plus, affecté par les revers subis au plan national, a été lui aussi très affaibli.
Cependant, sans consolidation méthodique de notre bilan politique, nous serons exposés aux vents contraires dès qu’ils viendront à se lever demain.
Ce bilan politique est à construire en Corse en organisant les forces vives dans des démarches collectives. Le premier challenge est celui des forces politiques, et la création de Femu a Corsica, selon les vœux exprimés par Gilles Simeoni dans son courrier adressé aux militants du PNC le 23 juin dernier, en est le passage obligé.
Y renoncer, ou en baisser le niveau d’ambition, conduirait à manifester une incapacité à aller au bout de nos démarches. C’est notre crédibilité collective qui en serait affectée. Gilles Simeoni l’a rappelé : des engagements ont été pris et votés de façon claire et formelle, « par notre vote unanime nous avons non seulement décidé entre nous, mais aussi acté devant tous les Corses, la disparition de nos anciennes structures et la création de Femu a Corsica ».
Cette capacité à tenir son propre cap sera nécessaire pour que soient crédibles l’ensemble des trajectoires politiques mises en avant sur tous les dossiers sensibles. Par exemple le tri à la source, le traitement des fractions organiques pour en faire du compost, n’auront pas assez vite la dynamique suffisante pour rattraper notre retard colossal en la matière. A titre transitoire l’exportation provisoire de la partie excédentaire des déchets sera même probablement nécessaire, en contradiction avec nos convictions de départ. Mais si la trajectoire est tracée de façon claire, et les résultats enfin en ligne avec les objectifs avancés, nous serons alors malgré tout crédibles, et suivi par les Corses qui nous ont fait confiance.
Car la question qui est posée avec les Corses, au détour de chaque dossier, est la question de confiance. Confiance dans le vaisseau où ils ont accepté d’embarquer, celui de l’émancipation de la Corse, confiance dans l’équipage qui est présent à la manœuvre, et confiance dans ceux qui la dirigent. S’ils sont convaincus que le mouvement nationaliste peut conduire la Corse « à bon port », nous garderons toutes nos chances au moment du renouvellement de l’Assemblée de Corse.
Dès lors, confortés par cette confiance renouvelée, et par la fiabilité des engagements pris, le chemin vers une autonomie de plein droit et de plein exercice sera largement ouvert. Il sera aisé de montrer que la Corse y a tout intérêt, à l’instar des autres îles d’Europe. Et que même la France, par la dynamisation d’un territoire et de son potentiel, finira par y trouver son compte économique.
Telle est la logique du projet autonomiste que nous portons pour la Corse en Europe. Les Corses aspirent à décider par eux-mêmes de leur propre avenir, sans dépendre d’autres, tout en ne voulant en imposer à personne. Dans l’esprit d’une construction européenne où tous les peuples d’Europe auront leur place reconnue. L’Europe des Peuples.
François Alfonsi.