Pandémie Covid-19

Des conséquences incalculables

Dans quel état seront les sociétés une fois l’épidémie passée ? Les malades guériront pour la plus grande partie, et la vie reprendra son cours. Mais l’arrêt soudain de toute l’économie dans plusieurs pays, particulièrement dans l’Union Européenne, pour une durée indéterminée, va avoir des conséquences incalculables.

 

En Europe

Le pays le plus touché en Europe est l’Italie. Dans le nord industriel, la  maladie contagieuse a franchi toutes les « barrières »  et provoqué ce qui est désormais son bilan le plus grave dans le monde. Davantage de morts et de personnes contaminées en Italie qu’en Chine, vingt fois plus peuplée, là même où le virus nouveau est apparu : dans la Lombardie industrielle, dans la Vénétie touristique, dans l’Italie entière, le traumatisme de ce fléau laissera de grandes cicatrices.

Pour l’économie italienne, tout le problème sera sa résilience. Car l’Italie est devenu le pays clef de la construction européenne depuis que l’extrême droite, à travers Matteo Salvini, s’est positionnée aux portes du pouvoir comme dans aucun autre pays en Europe.

La coalition menée par Giuseppe Conte, premier ministre issu des rangs de la formation 5 Stelle qui est la composante principale du Parlement italien, est sous la pression du populisme de la Lega. En Italie, les équilibres politiques sont aussi fragiles que les équilibres économiques.

C’est cet édifice fragilisé que la pandémie du coronavirus est venue percuter de plein fouet. La société italienne se relèvera-t-elle de ce choc énorme ?

L’effondrement des bourses exprime en chiffres l’angoisse qui étreint les milieux économiques. À vrai dire personne ne sait ce qu’il en sera vraiment, à commencer par la durée de la période intense de l’épidémie durant laquelle le confinement des citoyens les protège du virus, mais précipite dans le même temps une crise économique redoutable. Quelques semaines seront déjà dévastatrices. Davantage serait catastrophique.

L’effondrement économique de l’Italie aurait probablement raison de l’euro, qui reste la valeur refuge de l’idée européenne, le « totem » devant lequel tous les populismes ont dû rendre les armes dans leur croisade anti-européenne, aussi bien Marine Le Pen en France que Matteo Salvini en Italie. La porte serait alors ouverte au crépuscule de l’idée européenne avec des conséquences incalculables pour tous les peuples d’Europe.

Sauver la société italienne de la débâcle sera le grand challenge européen de l’après-épidémie du coronavirus. Dans la crise qu’il traverse, Giuseppe Conte confirme sa stature d’Homme d’Etat. Le meilleur espoir pour l’Italie, pour qu’elle sorte de sa double crise, économique et politique, c’est de consolider et soutenir son gouvernement démocratique dans les mois à venir. L’Union Européenne en aura-t-elle conscience ? Aura-t-elle conscience que pour se sauver elle-même il lui faudra s’unir autour du redressement économique de l’Italie, pour sauver l’euro, et pour faire barrage aux populismes destructeurs ? Ce sera le grand débat politique des mois à venir.

 

En France

La situation en France s’apparente à celle que connaît l’Italie, mais l’ampleur de la crise sanitaire y est bien moindre pour l’instant. Et, si les conséquences économiques seront très importantes, elles seront moindres car la structure économique est bien moins vulnérable que dans une Italie beaucoup plus endettée encore, et dont le tissu économique dépend encore davantage des activités qui seront le plus impactées comme le tourisme.

 

En Corse

En Corse l’après-épidémie sera très difficile, plus sans doute que dans le reste de l’Hexagone. Soyons réalistes : le tourisme va être frappé de plein fouet, et une année économique en Corse sans tourisme, c’est tout bonnement impensable. Or le fait est là : le confinement, dont on ne sait rien de combien de temps encore il s’imposera à nous, supprime purement et simplement l’activité touristique. Lignes annulées par des compagnies aériennes dont nul ne sait comment elles résisteront à la crise, compagnies maritimes elles aussi fragilisées, et annulations en cascade des séjours de touristes tétanisés par le climat anxiogène créé par le coronavirus : l’avant-saison est d’ores et déjà condamnée, et si la fin de la pandémie ne survient pas au plus tôt, il n’y aura pas de saison du tout.

Combien seront alors les victimes de la crise économique qui en résultera automatiquement ? La résilience de l’économie corse est très faible. Il y a vraiment de quoi s’inquiéter.

 

François ALFONSI

23/03/2020

24 mars 2020 15:30