Cela a été annoncé par la presse suite à une réunion de négociation qui s’est tenue le 16 septembre dernier : l’union réalisée au second tour en 2015 entre Femu a Corsica et Corsica Lìbera sera reconduite dès le premier tour.
Dans la continuité des législatives de juin dernier, les deux formations qui composent la majorité territoriale ont décidé de reconduire leur accord politique et électoral et de partir unies en décembre prochain.
Cet accord consiste avant tout en la reconduction du binôme Gilles Simeoni/Jean Guy Talamoni qui depuis deux ans incarne l’arrivée des nationalistes corses aux responsabilités.
Chacun s’accorde à reconnaître la complémentarité de leurs rôles à la tête des institutions de la Corse, à commencer par les milliers d’électeurs qui ont permis l’élection de députés nationalistes corses dans trois circonscriptions sur quatre.
Cette stabilité politique est appréciée par les nationalistes, quelle que soit leur famille d’origine, et par les Corses en général qui mesurent combien l’énergie collective de notre famille politique peut apporter des réponses nouvelles là où les forces traditionnelles ont montré leur incapacité à incarner l’avenir de la Corse.
Comme tout accord, celui des territoriales de décembre 2017 comportera un volet politique qui doit encore être finalisé. Les principes essentiels en sont la paix à conforter et la démocratie à prôner définitivement, à la fois comme finalité et comme moyen de lutte.
La mandature qui s’ouvre le sera à nouveau sur une période tronquée, trois années, de décembre 2017 jusqu’à mars 2021, quand la Corse votera à nouveau comme l’ensemble des régions françaises. Ensuite les institutions s’inscriront dans le rythme de périodes de six années prévues par la loi. Soit, devant nous, une « période historique » de dix années environ, durant laquelle les nationalistes devront œuvrer pour accomplir le double objectif de la reconnaissance du peuple corse, à travers une modification constitutionnelle, et celui de la négociation d’une véritable autonomie interne pour la Corse.
L’Union politique s’est faite autour de ces deux objectifs communs, et, une fois l’accord acté, pouvoir évoluer dans un « front uni », marqué, comme les deux années qui viennent de s’écouler, par la sérénité des relations et la complémentarité des prises de position, sera une plus-value importante durant les dix prochaines années. C’est certainement la perspective qui a prévalu dans le choix politique final.
Gilles Simeoni sera la locomotive de cette liste dont l’ossature sera la reconduction des sortants. La confiance que les Corses mettent dans son message et son action est une évidence, et il n’est pas besoin de sondages pour le dire tant ce sentiment est partagé par de très nombreux Corses bien au-delà des rangs nationalistes. Le score final est lié à cette popularité exceptionnelle du leader autonomiste.
L’union entre les autonomistes et les indépendantistes devra être expliquée et convaincre ceux que l’indépendance met sur la réserve, ce que nos adversaires entendent exploiter électoralement pour essayer de retrouver leur influence. L’Union réalisée écarte l’indépendance, pour aujourd’hui, pour la mandature des dix années à venir qui doit arracher une véritable autonomie, et pour la période qui suit qui mettra à l’épreuve cette autonomie et son efficacité pour construire une Corse européenne et démocratique. Il y en a pour plusieurs décennies !
L’autre défi que devra relever la majorité nationaliste si elle est reconduite sera la conduite des dossiers très techniques qui l’attendent.
Celui de la mise en place de la Collectivité Unique, avec des enjeux considérables en termes de moyens financiers et de ressources humaines, celui des transports qui rentre dans une phase opérationnelle cruciale, celui de l’énergie, celui du Padduc, celui des déchets, etc.
En décembre 2017, tout ne fera que commencer, et la route sera longue. Tamanta strada !
François Alfonsi.