Législatives

Retour sur le terrain corse

par François Alfonsi
Dans un mois à peine aura lieu le premier tour de l’élection législative dans les quatre circonscriptions de Corse. Après une élection présidentielle qui a laissé la Corse en grande partie indifférente, il en ira autrement pour cette élection législative qui va clôturer le cycle ouvert lors des élections territoriales de juin dernier. Ensuite, jusqu’à 2027, les députés élus le resteront aux côtés de l’Exécutif territorial lui aussi élu pour cette même durée, alors que les maires et présidents de Communautés de Communes seront renouvelés en 2026. Une période longue s’ouvre donc : il importe de l’aborder avec le meilleur élan possible.

 

Ces six années devront être celles d’une Corse qui avance concrètement. Vers l’autonomie bien sûr qui sera le premier sujet qui devra être traité par l’Exécutif et les députés élus dans l’île dans le cadre du dialogue arraché à l’État. Et aussi vers des solutions concrètes aux problèmes qui l’assaillent : recul de la pratique de la langue corse, déchets pas encore assez triés, accès au logement et statut de résident, zones agricoles à protéger malgré l’annulation de leur zonage au Padduc, déséquilibre des activités économiques, pérennité de la continuité territoriale et création de la compagnie régionale maritime, développement de relations extérieures européennes et inter-régionales, particulièrement dans notre environnement méditerranéen, etc.

Six ans est un temps long en politique, et c’est au bout de cette période que sera évaluée le bénéfice que le peuple corse aura pu obtenir de l’arrivée des nationalistes au pouvoir une décennie auparavant. Cette campagne législative sera très courte pour des enjeux aussi importants. Il faudra redoubler d’énergie !

Femu a Corsica soutient les députés sortants dans les trois circonscriptions de Bastia, Corti et Portivechju, et le parti a donné son investiture à Romain Colonna dans la circonscription d’Aiacciu. Les quatre circonscriptions sont gagnables au vu des résultats des élections territoriales, y compris Aiacciu où Gilles Simeoni a réuni presque autant de suffrages que Laurent Marcangeli au second tour des territoriales il y a un an, malgré la présence de deux autres listes nationalistes. Si ces forces se regroupent, elles peuvent l’emporter, dans un face à face au second tour contre Laurent Marcangeli. En 2021, le cumul des voix nationalistes a devancé largement le score du maire d’Aiacciu dans la circonscription.

Dans les trois autres circonscriptions les sortants se représentent avec un bilan avantageux, largement reconnu. Retrouver ces trois députés, Jean Félix Acquaviva, Michel Castellani et Paul André Colombani, sur les bancs du palais Bourbon serait d’emblée un bon résultat. Y ajouter celui d’Aiacciu suppose des reports irréprochables au second tour entre les candidats nationalistes. La campagne du premier tour devra être intense pour y parvenir.

En représentant la Corse à Paris dans trois circonscriptions sur quatre, nos députés ont déjà assumé le rôle essentiel de porter la voix de la Corse au sein de l’hémicycle. Leur voix a porté, et elle a rencontré un écho notable, qui en a surpris beaucoup.

Par définition un second mandat est plus productif que le premier dont les débuts sont passés à prendre ses marques, à mener des contacts avec d’autres députés que l’on découvre pour la première fois, pour mieux les connaître et pour être soi-même mieux connu et reconnu. Grâce au travail qu’ils ont effectué durant ces cinq années, les députés sortants ont déjà une position reconnue à Paris, et leur mandat sera dès le départ efficace. Le lancement de la table de dialogue promise par Emmanuel Macron et Gérald Darmanin va leur permettre d’entrer immédiatement en action.

Dans cette élection des objectifs essentiels sont accessibles sous réserve de se mobiliser à la hauteur des enjeux, qui sont considérables, et dont trop peu de militants et d’électeurs ont réellement conscience. La lassitude générée par l’enchaînement des élections – européenne en 2019, municipale en 2020, sénatoriale en 2020, territoriale en 2021, présidentielle puis législative en 2022 – doit être combattue : gagner les législatives est essentiel si on veut valoriser les succès obtenus jusque-là. Ensuite, durant cinq ans, nous aurons le temps avec nous. •