Par François Alfonsi
Les évènements qui ont accompagné la venue en Corse de la fondatrice et directrice de l’association SOS Méditerranée qui porte secours aux migrants naufragés en Méditerranée sont affligeants. La fachosphère insulaire s’enhardit et elle entend désormais imposer sa censure contre la liberté d’expression. En Corse, un cri doit retentir : SOS Démocratie !
Ce cri a été jeté en pleine face de la poignée de militants d’Extrême droite qui étaient présents à Bastia devant le cinéma le Régent lors de la diffusion du film sur SOS Méditerranée dans le cadre du festival Arte Mare. Les soutiens qui se sont mobilisés pour assurer la bonne diffusion du film et la tenue du débat qui a suivi les ont mis en déroute morale, à coups de chants et de dérisions. Bravo les manifestants, particulièrement les filles, qui ont spontanément mené cette action et empêché la censure qui était promise à SOS Méditerranée en Corse.
L’affaire avait plutôt mal commencé au parc Galea la veille. Les organisateurs, intimidés par l’agressivité de la fachosphère sur les réseaux sociaux, ont en effet baissé pavillon et annulé la conférence prévue de longue date avec Sophie Beau, fondatrice et directrice de SOS Méditerranée, dont le navire amiral, l’Ocean Viking, patrouille en Méditerranée pour porter secours à ceux dont la vie est en péril.
Ce renoncement est une alerte : les rodomontades des fachos des réseaux sociaux finiront-elles par avoir raison du droit à se réunir et à débattre librement dans cette île ? L’extrême droite identitaire a-t-elle un droit de censure sur notre vie démocratique ? Les associations humanitaires comme SOS Méditerranée, dont le rôle est largement reconnu pour des milliers de vies sauvées chaque année, seront-elles « interdites de séjour » dans l’espace public insulaire ? Et qui en décide ?
Ne pas céder à cette intimidation était le premier réflexe à avoir. Parmi les organisations qui ont eu le courage de le faire, Femu a Corsica a publié un communiqué courageux et ses militant(e)s ont sonné la révolte contre cette fachosphère envahissante qui entend récupérer le combat nationaliste corse pour alimenter son combat raciste.
Cette fracture ne date pas d’hier. Dès le début, Edmond Simeoni a martelé à chaque occasion son opposition à toute dérive raciste ou xénophobe. Et ceux qui ont dérivé dans cette voie n’ont jamais rien construit de valable pour ouvrir des perspectives d’avenir au peuple corse.
Profondément humaniste, le mouvement nationaliste qui est le nôtre défend les valeurs fondamentales de la démocratie et du respect de la dignité humaine. Comme SOS Méditerranée, nous ne pouvons rester indifférents quand des hommes, des femmes et des enfants se noient au large de nos côtes. Et Gilles Simeoni l’a exprimé avec un grand courage politique quand ces drames humains sont venus frapper à notre porte.
Aujourd’hui, sous l’influence d’un mouvement européen d’extrême-droite alimenté par l’exploitation de la crise migratoire, encouragé par des médias que de riches capitalistes ultras ont instrumentalisé, d’Elon Musk à Vincent Bolloré, et facilitée par les réseaux sociaux où un même internaute se démultiplie en une infinité de trolls pour donner un « effet de masse » virtuel, certaines formations se sentent pousser des ailes.
Après avoir poussé les feux sur internet de l’injonction à censurer les réunions prévues avec SOS Méditerranée, et s’être attribué la décision d’annulation prise par le parc Galea, le principal de ces mouvements, Mossa Palatina, s’est ravisé pour ne pas être accusé de porter atteinte à la liberté d’expression. Cette reculade n’est qu’électoraliste, et elle est ainsi justifiée dans leur communiqué qui annonce leur participation aux prochaines élections.
Restaient donc devant les portes du Régent lundi soir une troupe indigente criant « Français de merde » à des Corses indignés, tout en se revendiquant d’un soutien au mouvement Reconquête d’Eric Zemmour ! Avec ceux-là on atteint le comble de l’absurde !
Arte Mare, le festival du film méditerranéen qui se tient depuis vingt-deux ans à Bastia, a tenu bon face aux intimidations, et, grâce à eux, nous avons sauvé l’honneur.
Qu’ils en soient remerciés ! •