Cap'artìculu

Une fin d’année difficile

Par François Alfonsi
2022 se termine, l’horizon peine à se dégager et, en Corse, nous vivons dans l’incertitude. De quoi sera faite 2023 ? Les nuages sont nombreux.

 

 

Dans le ciel corse, c’est le retour des coups tordus qui inquiète le plus. Que cherchent les magistrats qui continuent de saborder le début de dialogue amorcé à travers le « processus Darmanin » ? Traitement du parcours carcéral des condamnés de l’affaire Erignac, lancement de vagues d’arrestations dans les rangs de Corsica Lìbera, leurs initiatives, abritées derrière le discours de « l’indépendance de la justice », créent chaque jour davantage de défiance. L’argument du « hasard du calendrier » ne tient pas et chacun ressent plutôt une gestion intentionnelle de la montée des tensions que ces arrestations alimentent.

Car, dans le sillage des protestations qui s’élèvent, certains n’hésitent pas à s’en prendre à l’Exécutif, et particulièrement à Gilles Simeoni. Y compris par des attentats qui ont visé, la même nuit, l’établissement géré par son fils à Corti, la concession automobile de Jean André Miniconi qui avait été la tête de liste Femu a Corsica aux municipales à Aiacciu, et d’autres cibles reliées à de précédents attentats politiques. Ces tentatives d’intimidation ont une même logique : faire pression sur le processus de dialogue, quitte à ce qu’il échoue.

 

Dans ce contexte délétère, une fondation tient bon : la confiance du peuple corse dans le président du Conseil Exécutif et sa capacité à incarner sa volonté collective d’un autre avenir pour notre île. Mais au sommet de l’État, y a-t-il une volonté politique au-delà de Gérald Darmanin ? C’est toute l’interrogation à laquelle 2023 devra répondre rapidement.

Car en France la donne politique issue du scrutin présidentiel, puis de l’élection législative, n’est pas encore stabilisée. L’Exécutif présidentiel est en minorité et il doit jongler avec le 49-3 pour faire adopter ses lois budgétaires. Dans ce contexte, la présence du groupe LIOT où siègent nos trois députés est un atout : ces vingt députés suffisent pour faire ou défaire une majorité, et la cohésion de ce groupe donne au dossier corse un soutien de poids. Il vient de le montrer en permettant qu’une commission d’enquête parlementaire soit créée pour faire la lumière sur le drame de la prison d’Arles. Cet outil est important pour porter le fer dans la plaie de l’État profond et le mettre ainsi en difficulté.

Mais le gouvernement en place donne le sentiment de naviguer à vue alors que le dossier corse demande une volonté politique solide et durable. Car le parcours est long et difficile qui pourrait nous amener à la réforme constitutionnelle qui ouvrirait la porte à une véritable autonomie pour la Corse. Or les engagements pré-électoraux d’Emmanuel Macron et Gérald Darmanin, pris alors que la campagne présidentielle commençait, au lendemain des manifestations qui ont suivi l’assassinat en prison de haute sécurité d’Yvan Colonna, tardent à se concrétiser. Et les déstabilisations qui sont à l’œuvre visent à les retarder encore davantage.

Pour faire pression sur l’État, comme pour dissuader de futures déstabilisations, une seule réponse compte : celle que les Corses apporteront collectivement et démocratiquement. Le premier rendez-vous est pris pour le 15 janvier 2023, date de l’assemblée générale de Femu a Corsica. •