Législatives

Une nouvelle étape franchie

Par François Alfonsi
56.465 voix sur 103.983 suffrages exprimés, soit un score global de 54,30 % pour les candidats nationalistes présents au second tour dans les quatre circonscriptions de la Corse, trois députés réélus : les élections législatives ont confirmé la légitimité démocratique de la majorité territoriale.

 

Cette confirmation est intervenue dans le contexte d’une coalition des oppositions pour faire « tomber les sortants », avec, dans la ligne de mire principale, Jean Félix Acquaviva dans la deuxième circonscription de Haute Corse.

C’est le lot habituel des sortants d’être sous le feu des critiques des opposants, que tout sépare a priori, mais qui partagent le même objectif de les faire chuter pour les remplacer.

Confronté à une opposition nationaliste qu’il a largement dominé au premier tour, Jean Félix Acquaviva a dû faire face à une convergence objective de ses opposants au second tour.

Ainsi on trouve derrière le résultat final de François-Xavier Ceccoli, outre l’électorat de droite dont il se revendique, les restes de la gauche giacobbiste, une partie du vote nationaliste libérée par le mot d’ordre d’abstention de Corsica Lìbera et l’absence de consigne de désistement émanant de Lionel Mortini ou du PNC, ou encore le ralliement de certains fiefs électoraux qui essaient, scrutin après scrutin, de démontrer leur poids en variant leurs choix.

Le tout cumulé a frôlé les 50 % et menacé de faire perdre un siège. Mais cela a échoué et il faut souligner au passage l’importance du mot d’ordre de « vote patriotique » lancé par Core in Fronte. Il ne restera rien demain de la coalition de circonstance qui a gonflé le score final de François-Xavier Ceccoli dimanche dernier. Et Jean Félix Acquaviva sera bien utile à son poste dans les semaines et mois à venir !

Dans la deuxième circonscription de Corse du Sud, Paul André Colombani a facilement retrouvé son siège dans un contexte bien différent puisqu’il avait le soutien de toutes les composantes nationalistes, y compris Femu a Corsica.

Dans la première circonscription de Haute Corse, la réélection « dans un fauteuil » de Michel Castellani traduit à la fois son implantation personnelle et la force acquise par Femu a Corsica depuis sa première victoire aux municipales de Bastia en 2014.

La bonne surprise du scrutin est venue de l’excellent score de Romain Colonna dans la première circonscription de Corse du Sud. Il a réussi à faire trembler Laurent Marcangeli alors que celui-ci s’attendait à une victoire confortable. L’analyse des scrutins précédents, notamment les scores obtenus par Gilles Simeoni aux dernières territoriales, laissaient supposer un excellent potentiel pour Femu a Corsica en région ajaccienne. Encore fallait-il avoir le candidat apte à le fédérer, avec l’aide d’une structure militante qui s’est largement renouvelée. Le Grand chelem de quatre circonscriptions sur quatre a été manqué de peu, mais rendez-vous est d’ores et déjà pris pour la prochaine échéance en région ajaccienne.

 

La réélection des trois députés sortants était indispensable à la séquence politique qui va s’ouvrir lors des discussions promises par l’État sur l’avenir de la Corse.

Cependant, le grand chambardement qu’a représenté l’élection législative en France complique sérieusement la tâche. Le camp d’Emmanuel Macron est très affaibli et il ne pourra porter seul la réforme constitutionnelle qui installerait un nouveau statut pour l’île. Par ailleurs, disposant de plus de 60 députés, le Rassemblement National pourra activer la saisine du Conseil Constitutionnel chaque fois que l’orthodoxie de « la France d’abord » leur paraîtra remise en cause. Ce qui ne manquera pas d’arriver à propos de l’autonomie de la Corse.

À l’opposé, les élections législatives ont relancé les débats sur l’autonomie dans tous les territoires insulaires français, comme en Guadeloupe, en Martinique, à la Réunion, en Polynésie, etc. où les mouvements autonomistes ont eu des succès inédits. Tout cela fait pression conjointe avec la Corse et plaide pour une réforme constitutionnelle globale sur l’autonomie de ces territoires. Élus le plus souvent avec l’appui de Jean Luc Mélenchon, ces députés ultra-marins seront un relais politique pour obtenir la majorité qualifiée requise le jour venu.

Reste l’inconnue de l’instabilité de la nouvelle situation politique en France. Mais, quoi qu’il en soit, il fallait à la majorité territoriale franchir avec succès cette étape de l’élection législative. C’est chose faite. •