Edmond Simeoni

Une vie militante

De g. à dr. Roger Torrent, président du parlement catalan, Edmond Simeoni, Antonia Luciani et Xavier Macias de la fondation Coppieters, et Gilles Simeoni, président du Conseil Exécutif de Corse.

L’hommage rendu à Edmond Simeoni à l’initiative de la fondation Coppieters qui lui a remis son prix 2018 samedi dernier à Aiacciu a été l’occasion d’une cérémonie émouvante et réussie.

 

Engagé depuis les années 60, devenu un leader incontesté par la force de ses discours et le courage de son engagement dans l’action, ce combattant de la liberté a incarné, et continue d’incarner, l’essentiel des valeurs qui font la fierté du mouvement national.
La cérémonie, organisée par la fondation Coppieters à Aiacciu, a permis de mettre en lumière la cohérence d’un vie militante exemplaire dont seul le recul permet de mesurer l’importance, tout au long d’un parcours qui se confond avec la résurrection historique d’un peuple corse qui était condamné à l’oubli et la dissolution dans le monde moderne.

Ce recul historique, Andria Fazi l’a restitué avec une évocation des temps forts de l’Histoire du mouvement national que la volonté de fer d’Edmond a influencés en refusant toute concession sur les valeurs fondamentales de la démocratie, du respect des droits de l’homme, contre le racisme et la xénophobie.

Michel Castellani, militant de la première heure avec Edmond au sein de l’ARC puis de l’UPC, l’a illustré, cravate rouge en bandoulière, telle qu’Edmond s’en était défait pour la lui donner au soir d’une interminable session de la toute première Assemblée de Corse, en racontant comment chaque moment militant était emprunt de fraternité et de simplicité.

Antonia Luciani a rappelé aussi : Edmond a participé aux solidarités les plus généreuses, défendant le rôle des femmes, soutenant le collectif contre la pauvreté, mobilisant la diaspora, présent à la création du collectif anti-raciste Avà Basta. Tant de valeurs dont la jeunesse corse hérite avec fierté.

Mais cette cérémonie a été marquée aussi par l’exceptionnel hommage que Roger Torrent, Président de l’Assemblée de la Generalitat de Catalogna est venu exprimer en arrivant directement de Barcelona pour marquer le respect que la figure d’Edmond Simeoni inspire hors de Corse. Roger Torrent a pris la suite de Carmè Forcadell qui était présidente en Catalogne avant lui, et qui se trouve incarcérée dans les prisons espagnoles pour avoir simplement fait s’exprimer démocratiquement le peuple catalan dans les urnes du 1er octobre 2017. Lauréate en 2017, Carmè Forcadell aurait du remettre son prix à Edmond qui lui succédait. Roger Torrent a tenu à la remplacer pour cette cérémonie ajaccienne, exprimant en quelques fortes paroles à quel point la démocratie européenne, celle des peuples épris de libertés, devait être solidaire avec le peuple catalan dont les dirigeants démocratiquement élus sont emprisonnés au mépris de tous les principes de la construction européenne.

Edmond a conclu les discours d’un propos qui n’était certainement pas un adieu. Il est encore tout entier tendu vers les espoirs du peuple corse, après cette victoire magnifique de décembre 2017 qui doit tout aux longues années d’un militantisme inlassable dont il a été une formidable locomotive.
Ainsi, c’est l’UPC qui, sous l’impulsion de Max et Edmond, a construit la perspective historique d’un peuple corse retrouvant sa place dans l’Histoire en s’inscrivant dans la construction européenne. L’ALE, dont l’étape bastiaise de son initiateur, le regretté Mauritz Coppieters, au début des années 80, avait précédé la création, fait partie de ce parcours qui se confond avec l’émergence d’un mouvement nationaliste progressiste en Europe.

Dans l’Europe d’aujourd’hui, qui connaît une heure de vérité avec le Brexit et la montée d’un euroscepticisme alimenté par le malaise des territoires, avec des forces d’extrême droite récupérant la colère des peuples contre l’Europe des Etats, l’ALE porte le projet éminemment progressiste de l’Europe des Peuples.

C’est cette Europe des Peuples que Javier Macias, militant nationaliste galicien, Président de la fondation Coppieters, a fait se manifester, ce 24 novembre 2018, le temps d’un hommage simple et émouvant à un grand artisan de l’Europe « unie dans la diversité », selon les termes d’une devise certes inscrite dans les traités, mais qui est encore à transcrire dans la réalité.

François Alfonsi.