par Max Simeoni
On voyait, après deux ans, la queue de la pandémie du Covid19, relayée par un Omicron moins agressif, une campagne de vaccination qui finit par atteindre un niveau non négligeable et une normalisation des débats de notre élection Présidentielle, la crise économique – celle du tout tourisme insulaire – se résorbant. Patatras !
Poutine envahit l’Ukraine. Il envoie de longues files de chars encercler les villes périphériques proches, les bombardent pour faire fuir les habitants. Sa stratégie ressemble à une pieuvre dont les tentacules enserrent et étouffent. Il veut empêcher l’Ukraine de rejoindre l’Europe et l’OTAN. Les occidentaux réagissent, unanimes sur le principe d’aider les Ukrainiens qui veulent défendre leur pays, mais en ordre assez dispersé. Leur riposte sera économique pour isoler Poutine, l’obliger à négocier, en espérant qu’en Russie des opposants l’entravent ou le renversent. Il a fait planer l’usage de la bombe atomique pour couper court à toute intervention militaire directe. Cette guerre est du jamais vu, elle est militaire et très médiatique. Les états-majors devront s’adjoindre des communicants performants spécialistes de l’information-désinformation-infiltration et coups tordus.
Les mesurent économiques anti-Poutine vont avoir des répercussions sur les occidentaux et les autres pays.
La Corse risque de payer chère et vite. L’essence à plus de 2€ est déjà là. La vie va être plus chère encore alors que nous sommes sur le podium : nous sommes parmi les plus pauvres régions de l’Hexagone, 60.000 précaires et autant qui le sont en devenir. On nous avait fait le cadeau d’un « moteur du développement économique, le tourisme », il va tousser et grincer… Le dos au mur, il faudra être créatif pour desserrer la ceinture un tant soit peu.
La base aérienne de Solenzara a quelques retombées économiques dans sa proximité. Si elle prenait plus d’importance dans ce conflit, elle pourrait être une cible militaire stratégique avec, en prime, une ou deux bombinettes atomiques. Autrefois la position géopolitique de l’île était un enjeu majeur pour les pays voisins et les voies maritimes. De nos jours, sa position reste la même pour des enjeux plus lointains géographiquement. L’aérien ne raccourcit pas les distances mais réduit de beaucoup les temps pour les parcourir, pour des touristes comme pour des bombardiers et ou des fusées.
Notre démocratie va permettre aux élections pour la Présidence d’avoir lieu, mais avec des débats sous l’influence d’un contexte de crise (guerre qui peut s’étendre, recul économique assuré aux conséquences imprévisibles). Pouvoir d’achat ? Dévaluation monétaire ? Notre Président va débattre dans l’Hexagone depuis le ministère des Affaires Étrangères ou du banc de quelque réunion de chefs d’État dans des capitales occidentales ?
Tout ce que je viens de dire n’est qu’hypothèse. N’empêche qu’il est difficile, voire impossible, d’avoir la moindre certitude. Qui aurait prévu cet enchaînement virus/Poutine ? Motif de plus pour garder raison et sang froid. Mais aussi pour ne pas s’en laver les mains. Il faudra, en cas de bouleversement, être solidaires pour laisser un avenir à nos enfants sur notre terre.
Nous sommes en suspens, entre retour plus supportable ou dégringolades en chaînes plus ou moins désastreuses. Notre « tout tourisme moteur du développement économique bénéfique pour tous » est à ranger dans le placard des illusions perdues. Pour tenir la tête hors de l’eau, il faudra nager fort et de concert.
Sommes-nous à l’ère d’une civilisation nouvelle enfantée dans la douleur ? Il semblerait que les besoins d’une gouvernance mondiale soit nécessaire. L’ONU créée pour désamorcer les conflits n’a pu, à ce jour, qu’aider la décolonisation de certains pays. Des institutions internationales ont vu le jour pour s’occuper de problèmes communs, ONU certes, mais aussi FMI, Banque mondiale, OCDE, OMM, OMC, OMT, OIT, Unesco… et bien d’autres !
Notre monde conserve plus ou moins ses tensions de frontières issues de guerres. Mais de nos jours, il y a des enjeux financiers mobiles qui sont mondialisés et qui échappent à la transparence. Des paradis fiscaux, pourquoi et pour qui ?
Je peux ainsi épiloguer, philosopher sans fin. Mais qui détient une certitude pour la meilleure solution qui convient et qui n’hypothèque pas l’avenir ? Le pronostic est, comme en médecine, un domaine où le risque d’erreur est important. Tous les hommes, de tout temps, ont cherché à deviner leurs lendemains. Les augures n’ont jamais manqué. Ne consulte-t-on pas encore des tireuses de cartes, ou celles qui lisent dans les lignes de la main… ?
Je dirais, pour finir, que s’il existe un peuple, petit par le nombre, en voie de disparition par un colonialisme jacobin qui nie son existence, il ne peut compter que sur lui-même pour s’en sortir sur sa terre. En luttant, il trouvera des appuis mais « on ne sauve pas un peuple par procuration. » •