Alors, on le fait ce parti démocratique ?

Pour l’individu une situation préoccupante est dans le temps court par rapport à celle des peuples où le temps du déclin se mesure en années et en siècles. En dehors des agressions physiques, dictatures, guerres, tentatives de génocides qui provoquent les réflexes de luttes pour la survie, les agressions insinuantes étalées dans le temps sont souvent méconnues ou mal évaluées. Pour moi, c’est le cas du Peuple Corse soumis au jacobinisme de la République depuis 250 ans.

 

Un siècle de loi Douanière 1818-1913 qui a garrotté notre production agricole, suivie de la saignée de la guerre de 1914-1918 (12.000 tués et de nombreux estropiés de 20 à 50 ans qui ne feront pas d’enfants), l’île non développée sert de réservoir d’hommes pour l’Empire colonial source de la richesse et de la puissance française. En 1960, le réservoir est vidé, 160.000 habitants.

L’Empire perdu (guerre d’Indochine et d’Algérie), le projet d’une Construction européenne prend forme, l’île peut être rentabilisée par le tourisme. La publication par l’ARC du Rapport de l’Hudson Institut commandité par la Datar montre que le choix était celui d’un développement touristique massif et un repeuplement par des flux extérieurs ; tout simplement récupérer le territoire et noyer ce qui restait de Peuple Corse. Dévoilé, ce plan de l’État français paraissait retiré. En réalité il a continué.

La consommation des touristes et des indigènes dépend à 97% de l’importation des productions extérieures, dopées par « l’enveloppe de continuité territoriale »… L’île est la plus pauvre de toutes les Régions de France, la vie y est la plus chère. Le renouvellement de population se fait au rythme de 5.000 nouveaux venus par an. Le schéma de la Datar est remplacé par un autre plus insidieux, entre autre par un dégrèvement de 30% sur les constructions locatives et la Corse, en moins de 10 ans, est championne de France des résidences secondaires. Ce placement attractif intéresse une grande majorité de continentaux et quelques Corses qui servent d’alibis. Il ouvre grandes les portes à de fausses déclarations de locations estivales, à des dessous de tables, à toutes sortes de pratiques qui alimentent le champ de la spéculation plus ou moins mafieuse…

Bien sûr, c’est la faute des Corses.

La désinformation du pouvoir du temps où l’île était un réservoir d’hommes a fait croire aux Corses eux-mêmes que l’île était irrémédiablement pauvre et sa chance était d’appartenir à un pays riche et généreux qui lui offrait la sécurité d’emplois sûrs…

On a même entendu que si l’île était à l’abandon c’est que les Corses préféraient être douaniers, gardiens de prisons, croupiers…

Ce sera toujours la faute des Corses. Actuellement on entend que les Corses n’ont pas l’esprit entrepreneurial donc responsables du marasme économique.

Des exilés par vocation d’être un réservoir d’hommes ? Ou des fainéants pour qui la terre est trop basse ? Et ceux qui ne partaient pas, des tricheurs dans les élections, de mauvais citoyens en somme… le système claniste jamais sanctionné par l’Etat car il servait de comparse. Ce sont les autonomistes qui ont commencé la croisade pour réhabiliter le suffrage universel et la démocratie et non l’État qui fermait les yeux.

Aujourd’hui la campagne des municipales a démarré en force.

On aurait pu penser que sans clans, avec les seuls natios organisés, ces élections locales auraient commencé à se normaliser.

Hélas non. Les réformes en cours leur donnent un enjeu de priorité.

 

L’Assemblée Unique a supprimé les conseils généraux et met en place les communautés de communes.

La mairie ne joue plus en prise directe avec le conseiller général. Elle pèse par son nombre d’électeurs pour la prise de pouvoir à l’échelon supérieur, il est indispensable d’avoir à sa botte la mairie d’une ville ou d’une bourgade assez peuplée et dont l’influence rayonne. Avant, la double casquette de député-maire était une option pour être un jour ministre. Maintenant, la mairie devra faire avec la CdC. Le gouvernement républicain s’est empressé de proposer une Assemblée des maires pour court-circuiter la ligne mairie-CdC.

Dans l’Hexagone aussi, les mairies des grandes villes ont une fonction un peu similaire pour ce qui est des législatives, du Sénat, et de la Présidence Élyséenne.

En Corse, la coalition électorale de la CdC est dans la contradiction.

Faute de partis organisés à leurs bases, ce sont ses élus qui cherchent les garanties d’être réélus. Dès lors, ils sont contraints de discuter entre eux pour définir une méthode. Ce sera sous l’appellation « Pè a Corsica ». L’idée du PNC et de Corsica Lìbera est de maintenir au niveau municipal un potentiel général qui assurera leur présence à la CdC au minimum dans les mêmes conditions et si possible un peu améliorées.

Il en sera ainsi et peut être de mal en pis sans un parti organisé à la base. Il est pratiquement exclu de le réaliser dans cette campagne électorale et si on n’en fait pas la priorité cela peut se prolonger pour les élections territoriales et les conséquences risques d’être néfastes voir catastrophiques pour la cause d’un Peuple menacé.

 

Quel genre de parti faut-il ?

Démocratique à fond dans son fonctionnement. C’est à dire qu’il est l’organisme où toute la politique du mouvement s’élabore dans un débat permanent où chaque militant participe avec toute l’information à égalité. Cela ne veut pas dire fermé sur lui même. Il doit être au sein du Peuple Corse, au plus près des difficultés de ses parties constitutives pour les analyser, les faire connaître à ses instances et en retour répercuter, expliquer ce qu’elles décident. Donc un parti ouvert et pédagogique. Il doit être en mesure de percevoir les opportunités et les pièges de l’État, comme les nouveautés sociétales utiles.

Les mandats électoraux lui appartiennent.

Il choisit ses candidats ceux qui sont les plus aptes à continuer l’action institutionnelle et ses leaders internes capables de rendre l’ensemble du mouvement plus efficace dans la mission historique. Il s’agit d’organiser une intelligence collective où tous les talents productifs et la responsabilité de chacun sont entièrement voués à la cause d’un Peuple en danger.

Alors on le fait ou pas ce parti démocratique au sein du mouvement national solidaire et au sein du Peuple. Quand ? Le plus vite possible, élections ou pas, si vous ressentez l’urgence comme je la ressens.

Max Simeoni.

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