E riflessioni di Max Simeoni

Attendre ? Mais quoi…

Max Simeoni
par Max Simeoni
Le Président reconduit à l’Élysée n’est pas pressé de nommer un Premier ministre et son gouvernement. On attend pour savoir quel sera son programme, forcément plus adapté suite à l’élection qui a consisté à choisir le moindre mal et assortie d’une abstention record. En Corse plus que dans l’hexagone. L’île connaît bien le registre des déceptions-lamentations. Elle ne se nourrit plus d’illusions mais d’estimations erronées ou incomplètes dans chacune des rubriques qui la concerne et l’éloigne d’une approche globale pour s’en sortir.

 

Le Président n’est plus renouvelable dans cinq ans. Mais il n’est pas maître du temps. S’accorde-t-il quelques heures de repos ? Ou quelques jours de moindre tension pour, sinon de tout revoir du moins de bien concevoir les remodelages et les leviers d’action. Chaque Président entend laisser une empreinte positive et non une image vite compostée dans les poubelles de l’histoire.

 

Dans l’île, Gilles Simeoni est maître d’une majorité « absolue » qu’il a voulu pour négocier avec l’État républicain sans être trop entravé par les composantes de la coalition nationaliste qui comme une vague semblait avoir balayée le système en place clans-République centralisée des jacobins. En réalité, les nationalistes ont bénéficié de la crise des partis dominants de Droite et de Gauche qui, à Paris, de cohabitations Président d’un bord et Parlement opposé, et de primaires dans chaque famille, qui avaient ramené la « chienlit » au cœur de la gouvernance. Le système des clans locaux sans attaches a été aspiré par le vide.

Mais Gilles Simeoni n’est pas maître du temps. Il avait pourtant commencé bien puisqu’il avait obtenu la promesse d’une négociation pour les problèmes de la Corse. Mais la question des détenus libérables du commando Erignac s’est brutalement enflammé avec l’assassinat d’Yvan Colonna dans la prison d’Arles de haute surveillance. Les Corses en colère ont défilé en masse dans les villes, des jeunes étudiants, des lycéens et d’autres ont ciblé les administrations, finances, Éducation nationale… les préfectures étant bien protégé par les CRS, gendarmes et autres rideaux métalliques…

La date du premier tour des présidentielles proches, Macron a envoyé d’urgence Darmanin, le ministre de l’Intérieur, pour déminer, pour calmer. Lequel a déclaré en débarquant qu’il discuterait avec les élus de tout, sans tabou, y compris de l’autonomie. Il n’a pas tardé pour lâcher en passant que « cela ne veut pas dire qu’on sera d’accord sur tout… »

Darmanin reviendra-t-il ? Quand ? Dans quelles dispositions ? L’urgence des élections est effacée, son Président est réélu. II serait maintenu ministre de l’Intérieur paraît-il.

 

Bref, ces rappels pour dire que le temps perdu joue contre la survie du peuple corse. En déclin démographique avec un renouvellement de sa population. 160.000 habitants en 1962, vidée comme réservoir d’hommes par une République pour encadrer son Empire. Les accords d’Évian de cette date signent l’indépendance de l’Algérie et la fin de l’Empire avec De Gaulle. Plus de 4.000 nouveaux venus s’installent chaque année et la population s’élève à plus 330.000 habitants. Le rythme est soutenu et dopé par la baisse de 30 % des frais pour « les constructions à valeur locative ».

Un territoire vidé et repeuplé de touristes et de résidences secondaires. Le tourisme étant l’activité principale (plus de 20 % de son PIB) décrété moteur d’un développement économique mais dont l’essentiel des bénéfices non perceptibles, non décrits, non mesurés profitent aux producteurs extérieurs, aux plates formes de redistribution de France et de Navarre. 97 % et plus de tout ce qu’on consomme est importé et aidé par la DSP.

Comment peut-on encore dire que la Corse n’est pas soumise à un système colonial ? Les effets néfastes se mesurent, mais veut-on comme l’autruche ne rien voir ?

Gilles Simeoni, ou n’importe quel président de l’Exécutif CdC, ne peut réussir dans le cadre actuel des institutions, des statuts spéciaux (Deffere, Joxe, Jospin, et Cazeneuve en cours).

Il faut admettre qu’il s’agit de sortir de processus lourds qui font et entretiennent la colonisation du peuple corse en voie de disparition et l’appropriation de sa terre.

 

La CdC et les mandats qui la gèrent sont un leurre si on est pour le sauvetage du peuple corse. Il ne peut pas être un repli sur soi-même. Le dilemme d’aujourd’hui est soit d’accepter cette colonisation et l’autocolonisation qu’elle a engendrée ; soit de reconsidérer les liens administratifs, politiques et institutionnels pour, non pas restituer la Corse d’hier, mais celle de demain, capable d’accueillir, de préserver sa nature de beauté, de mer-montagne, d’échanger avec l’extérieur, de conserver ses racines, sa langue, son âme, de laisser à nos enfants cet héritage de fierté et de générosité. D’hommes libres ou luttant constamment pour l’être !

Il faudra toujours se défendre. Mais aussi donner des garanties à la France et à l’Europe de ne pas devenir un danger pour elles quant à sa position géopolitique en Méditerranée.

Toutes les parties politiques veulent maintenant être prenantes et insistent pour participer au dialogue et qu’il s’ouvre au plus vite.

Mais la gestion des déchets, des ESA, des compagnies maritimes, des déserts médicaux, des limites de ce tourisme, des emplois, etc., dans le cadre actuel sont reprochés à nos élus CdC, donc à la majorité « absolue » ce qui exonère l’État. Nos élus ont une marge de manœuvre insuffisante et compliquée, surtout pour les ressources à dégager.

Inutile de chercher l’erreur, elle saute aux yeux. Nos jeunes, qui ont fait bouger les lignes, auront-ils compris qu’il ne faut pas confondre colère et détermination ? Il n’y a pas de solution si elle ne vient pas des entrailles de notre peuple, qu’il comprenne le danger pour le combattre.

Sans cela, il manquera à Gilles Simeoni et à qui que ce soit le vrai moteur de l’émancipation salvatrice.

Faire la loi ou l’infléchir, donc l’autonomie interne et la coofficialité pour la langue, tout commencera par ces préalables si on veut guérir de l’emprise coloniale et construire les bases de l’avenir. Il nous manque un parti populaire organisé dans toutes ses pièves. Une organisation qui a le pouvoir, qui est maîtresse des mandats où l’échange est permanent et transparent. En un mot : hautement démocratique.

On a commémoré les 30 ans de Furiani, ce sera de même pour Ponte Novu. Est-on voué à ne commémorer que des désastres ? •