Avant les « grandes vacances »…

L’envie me gagne de faire un point sur l’essentiel de ce que j’ai essayé de faire partager aux lecteurs d’Arritti. Ils ne seront pas surpris tant j’ai dit et redit les mêmes arguments. Mon axe de pensée est plutôt réflexion-action politique qu’émotion-expression littéraire.

 

Oui la Corse a été traitée en colonie depuis sa conquête il y a 250 ans.

Une loi douanière pour commencer pendant 95 ans (1818- 1913), si ce n’est colonial qu’est-ce donc ?

Un réservoir d’hommes (12.000 morts lors de la guerre 14-18, des pères de 50 ans avec 4 ou 5 enfants mobilisés, des milliers d’estropiés), la frange des «reproducteurs » sabrée et pour fournir l’encadrement de l’Empire colonial… résultat éloquent l’île en 1960 n’a que 160.000 habitants et manque de bras. Elle est vidée et non développée.

L’Empire après la guerre de 40 part en lambeaux (1962 les Accords d’Évian FLNA/ De Gaulle), l’Argentella est envisagée pour remplacer la base des essais atomiques du Hoggar. Colonialisme ou non?

L’Europe à faire s’impose aux exbelligérants face aux États continentaux (USA et URSS). Elle commencera par des traités économiques (Charbon-Acier, EURATOM).

 

La République de l’après guerre et de la « civilisation des loisirs » pense tirer partie du tourisme. L’Île de Beauté y est destinée.

Les grandes compagnies financières (Rothschilde, la Testa Vintilegna…) prennent des options sur tout le littoral, le Premier choc pétrolier sous Giscard avec baisse du crédit et la contestation politique des autonomistes (ARC entre autre) paraissent réduire la flambée spéculative. Il n’en est rien. La politique du tout tourisme reste l’option camouflée présentée « comme le moteur de l’économie» qui va enrichir tous les Corses. Le rapport de l’Hudson Institut voulu secret par la Datar, divulgué par l’ARC en novembre 1971 démontre que les décideurs républicains ont choisi un développement massif et rapide, 250.000 lits en 10 ans et la venue de 70.000 techniciens du tourisme qui est une politique mensongère et délibérée de noyade de ce qui reste du Peuple Corse sur sa terre. Les quelques illusions de se faire comprendre de Paris ont fait place à un sentiment d’un choix de génocide cynique. Le coût de grâce.

Le schéma colonial consiste à exploiter les matières premières à moindre prix avec les indigènes aux salaires de misère, à les transformer industriellement pour revendre les produits finis en étant compétitif. Il est présent en Corse.

Ressources du réservoir d’hommes : guerres et maintenance de l’Empire. Le capital nature («Montagne dans la mer», « Île de Beauté»), le tout tourisme pour le rentabiliser sur place et la grande partie des bénéfices finissant aux sièges sociaux financiers.

Plus il y a de monde qui vient visiter ou qui vient y travailler et plus il y a de produits importés. L’île dépend de l’extérieur à plus de 97% pour tout ce qu’elle consomme. Le côté du colonisant est falsifié paré de valeurs qu’il apporte aux peuplades archaïques. Il se présente en missionnaire civilisateur et généreux.

L’île tire profit des retraites et des commerces de consommation bref de son secteur tertiaire qui redistribue ce qui est produit ailleurs. Les grandes surfaces menacent les petits commerçants du centre ville. Elles ont anticipé et fleurissent…

L’activité industrielle se résume à quelques PME, et des TPE surtout.

Le bâtiment va, il va même très vite, la décharge de 30 % pour les constructions locatives et la Corse devient une champignonnière de résidences secondaires.

L’agriculture assistée, des primes à la vache non contrôlées, et demandant la reconnaissance des parcours méditerranéens. Ils n’ont existé que pour le cheptel caprin et ovin qui était surveillé par ses bergers, et les champs plus ou moins cultivés clôturés par les propriétaires. Il n’a jamais été question de vaches en bandes

divaguantes.

 

À toutes les périodes de la colonisation, l’intox du dominant veut que tout négatif est de la faute du dominé. Réservoir d’hommes vidé, désertification rurale parce que les Corses préféraient être douaniers, gardiens de musées ou de prisons… Qui vend terres et maisons ? Les Corses évidemment ! Le suffrage universel bafoué? Qui triche? Les Corses bien sûr ! Oui mais l’administration de l’État fermaient les yeux. Il a fallu que les natios s’emploient à s’insurger contre les fraudes électorales du suffrage universel pour restaurer la démocratie.

Le tout tourisme donne des résultats inquiétants. 60.000 pauvres à 900 € par mois. Sans doute autant de précaires à 1000/1200 €. Quelques Corses s’enrichissent branchés sur des monopoles extérieurs. C’est le jeu imposé comme l’a été le monopole de la farine à la Libération ou celui de l’essence.

Le jacobinisme centraliste et colonialiste de la République ni ne reconnaît, ni ne veut aménager le droit à la différence. Sa démocratie est génétiquement mal formée. Il nie l’existence du Peuple Corse pour le faire disparaître.

Il a tout fait pour que sa langue disparaisse. Il sait bien que le bilinguisme qu’il propose en refusant la coofficialité est une hypocrisie comme les experts des organismes internationaux l’attestent par la démonstration des constats sans polémique (la Charte du Conseil de l’Europe, le rapport de l’Unesco en 2002-2003, l’ONU elle-même).

Si le Peuple Corse existe, s’il est colonisé par la République des jacobins, s’il est en voie avancée de disparition de ce fait, les conclusions à tirer crèvent les yeux.

 

Il y a urgence à sortir du système jacobin en arrachant la reconnaissance légale du Peuple Corse et les moyens de son émancipation par une autonomie entière et de plein exercice. La sortie passera par une période de transition pour la mise en place progressive à définir avec le pouvoir de la République. Les natios doivent tout mettre en oeuvre pour éviter le moindre retard sur la route difficile qui reste à faire.

Cette première conclusion entraîne une question en rapport avec l’actualité : est-il efficace que les natios consacrent leur énergie, surtout leurs dirigeants, à un jeu de Construction de legos de coalitions électoralistes.

Les municipales sont lancées, d’autres élections vont s’enchaîner jusqu’aux territoriales.Les résultats détermineront le Rapport de force politique des natios face au futur Président de cette République.

On a le temps d’en parler.

La lutte doit se renforcer. Les natios ne sont là que pour cela.

 

Max Simeoni.