par Max Simeoni
Cette semaine, Arritti reproduit de nouveau une des cartes publiées par le gouvernement lors de la publication de son Schéma d’aménagement de la Corse pour la période de quinze ans 1971-1984*. Ce Schéma est la preuve irréfutable, si on le compare au rapport secret commandité par la Datar, d’un des choix dans ce rapport, celui d’un développement massif d’un tout tourisme impliquant une disparition du Peuple Corse. Un simple génocide pour mieux disposer de sa Terre au profit des intérêts de groupes financiers et des producteurs hexagonaux. Un cynisme de l’État républicain plus haut que la Tour Eiffel…
Pris la main dans le sac par la publication du rapport de l’Hudson Institut, l’État ment en bafouillant, il charge même l’Hudson Institut qui ne peut mot dire, tenu au secret par contrat et rétribué pour sa prestation. On n’en parle plus. L’opinion est rassurée, ou plutôt endormie.
Mais, oui, il y a un problème qui se pose surtout aux défenseurs du « Peuple Corse menacé de disparition », les nationalistes qui semblent ne pas avoir tiré la leçon de ce refus idéologique administré tout au long de sa tutelle sur l’île conquise par les armes d’un roi absolu à Ponte Novu, tutelle reprise par les régimes issus de la Révolution avec la même idéologie abusive qui nie l’existence d’un Peuple et de tout lien avec son territoire insulaire, un Peuple qui avec Pasquale Paoli s’était inscrit dans la modernité du 18e siècle avant la Révolution de 1789.
Elle n’a pas développé son économie. Elle l’a rendu entièrement dépendante de cette République (loi Douanière un siècle, de 1818 à 1913) pour en faire un réservoir d’hommes aux services de ses ambitions impérialistes coloniales et de ses guerres. Réservoir vidé (160.000 hab. en 1962), dernière colonie perdue (Accord d’Evian 1962, indépendance de l’Algérie), le tout tourisme pour rentabiliser à son profit ce territoire insulaire selon une des pistes du rapport secret de l’Hudson Institut tout en matraquant le reste de Peuple Corse « du moteur du tourisme », moteur du développement et d’une prospérité à venir, pour tous les insulaires…
Or le tourisme représente déjà plus de 20 % du PIB insulaire, chiffre énorme comparé aux autres Régions les plus touristiques qui ont au maximum 6 à 7 %. Mais l’île est parmi les plus pauvres de France (60.000 précaires officiels et autant, peut être plus, au portillon). Elle importe presque tout ce qu’elle consomme. Dépendante entièrement, plus de touristes plus de bénéfices à l’extérieur.
Son patrimoine naturel de plages qui la ceinturent, de montagnes qui les surplombent, de cours d’eau qui dévalent, des forêts, son climat, font que cette île attirent bien des convoitises.
La vocation touristique de la Corse est évidente. Un tourisme uniquement prédateur, obligatoirement prédateur s’il n’est pas contrôlé, est catastrophique et c’est ce qui se dessine.
L’extinction lente et certaine du Peuple Corse est bien avancée. De 160.000 hab., nous sommes montés à environ 330 à 340.000 en quelques décades. La population a doublé par essentiellement des apports extérieurs, autant dire que le renouvellement de population a trouvé sa vitesse de croisière (5.000 arrivants environ par an).
La Terre change de main, les résidences secondaires sont boosters par la loi sur les constructions à valeur locative qui exonère de 30 % environ les frais de construction. Les Arrêtés Miot empoisonnent les héritages et les partages. On finit par vendre à des tiers qui ont les moyens. L’espace est ouvert aux magouilleurs, aux spéculateurs en tout genre, aux pressions, aux intimidations, aux comportements mafieux… oui la Terre change de main, elle est une marchandise à l’encan. •
À suivre.