Cessons de naviguer en eaux troubles

Lors du dernier voyage des deux Présidents de la Collectivité de Corse, le Premier ministre n’a consenti à rien. C’est la douche écossaise. Alors, oui je suis perplexe et soucieux devant les carences du mouvement nationaliste qui se laisse aller à des comportements infantiles alors que les enjeux viennent de devenir cruciaux avec la prise des commandes du navire CDC.

 

C’est une image bien sûr : mais notre situation politique est telle qu’elle nous dessine naviguant en haute mer sur un océan d’incertitudes ; loin de la côte à atteindre et ballotés par les déferlantes qu’Eole souffle sur ordres de Jupiter.

Nous n’en sommes pas arrivés là par hasard. Les escales antérieures sont connues :

Une longue période de quatre ans sans brise, à la rame pour livrer la cargaison minimale du Padduc, suivie du changement de commandement sur la passerelle de navigation du bateau CTC qui devra franchir un canal transcontinental à écluses genre Panama dont la vitesse de remplissage et du rythme des portes est manoeuvrée par des escouades de diablotins jupitériens.

 

La première porte

La première porte est la 72-5.

Elle sera franchie sous peu paraît il.

On ne sait combien d’autres devront l’être pour déboucher sur l’autre océan “Pacifique ” (?) plus vaste que le premier déjà traversé. D’archipels en îles les vents souffleront contraires.

Mes métaphores inutiles n’ont d’excuse que de cacher ma perplexité soucieuse.

Oui, le 72-5 sera appendu à la “ réforme “ constitutionnelle des régions voulue par le Président de la République. Fin mars le principe devra être acquis pour être dans le tempo de la procédure de la révision constitutionnelle.

Le contenu, compétences et moyens financiers, resteront à définir par une négociation qui a les allures d’un diktat camouflé.

La chronologie le dit sans équivoque.

 

Leurs arguments sont falacieux

L’Elysée et la technostructure jacobine n’en veulent pas. Leurs arguments sont fallacieux. Tantôt elle est anticonstitutionnelle, voire discriminatoire… parfois il n’y aurait pas de majorité possible pour l’obtenir dans un congrès de Versailles… et puis l’État donne des millions pour la langue Corse qui sont mal utilisés…

Le statut de résident ? Il ne serait pas recevable, il est antirépublicain.

Il existe pourtant dans les démocraties occidentales comme la coofficialité d’ailleurs.

La République française ne serait-elle pas suffisamment démocratique ou serait-elle la plus démocratique de toutes ?

L’exemple parfait dont le monde occidental devrait s’inspirer ?

Quant aux droits fiscaux pour freiner les spéculations immobilières ou la dilapidation du patrimoine familial rural, il serait une atteinte à l’égalité devant l’impôt selon bien entendu “ l’égalitarisme ” républicain.

Bref lors du dernier voyage des deux Présidents CDC, le Premier ministre n’a consenti à rien sur le Padduc.

 

Douche écossaise

La stratégie gouvernementale est claire. Avant la première entrevue, les ministres en visite ont joué du violon alternant le “ oui ” rassurant, le “ peut être ” incertain et le “ non ” grinçant, à tour de rôle. Ceci tout en disant que les dernières vocalises seraient de Jupiter. La technique de la douche écossaise.

Que se passe-t-il alors ?

Nos deux Présidents sortent mouillés, réfrigérés, sans serviettes du bain de Matignon.

Furieux, ils commanditent dès le trottoir une “grande ” manif pour peser sur le Président Macron.

Sa venue est en effet annoncée pour l’anniversaire des 20 ans de l’assassinat du Préfet Érignac.

Cette venue est sensée être l’occasion de donner quelques explications à la suite de Matignon.

La manif, qui est un succès malgré le mauvais temps, laissait espérer une ouverture Mais, lors de sa venue, le Président de la République monte un spectacle autant provoquant qu’insultant.

Avec un peu de recul, malgré l’émotion de la veuve et des enfants, il apparaît minable venant d’un chef d’État flanqué d’un Chevènement fantomatique traînant dans son drap les ombres d’un Bonnet et des traqueurs de “ la piste agricole ”.

Des anciens ont ressenti le péril

Oui je suis perplexe et contrarié non pas tant par les jeux pernicieux des jacobins que je connais bien et que j’ai subis mais d’avantage par les carences du mouvement nationaliste qui se laisse trop aller à des comportements infantiles alors que les enjeux viennent de devenir cruciaux avec la prise des commandes du navire CDC. Certains sont pressés de se hisser sur la passerelle et le pont de l’avant comme pour agiter de petits drapeaux à l’entrée triomphale du port d’arrivée.

Ils déraillent. La route à faire demande des efforts rudes, longs avec un équipage soudé capable d’abnégation pour le sauvetage d’un Peuple, sourd aux chants des sirènes.

Des anciens ont ressenti le péril.

Ils se sont constitués en comité d’éthique : I Guardiani di a memoria. Ils vont, sous peu, peut-être avant qu’Arritti ne paraisse, tenir une conférence de presse pour expliquer leur démarche. Il reste à espérer qu’elle sonne non pas le tocsin mais qu’elle aide à se ressaisir et à resserrer les rangs. Tout simplement en respectant la parole donnée devant le Peuple de sortir d’une alliance électorale pour une fusion statutaire en vue d’une implantation démocratique exemplaire organisée sur le terrain dans chaque région. C’est la condition pour gagner toujours plus de confiance et d’adhésion des Corses si on veut relever le défi de l’emprise mortifère du système jacobin. Si on veut pouvoir dire sans lambiner : à pòpulu fattu si pò marchjà.

Max Simeoni.

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