De mal en pis

La semaine passée, nos élus natios ont affiché un faciès montrant une aggravation de la fièvre électorale.

 

Ils ont critiqué l’Exécutif, c’est un droit démocratique, au prétexte que la nomination de François Alfonsi, candidat aux élections européennes du 26 mai prochain, n’a pas été discutée au sein de Pè a Corsica, titre de la coalition électorale qui a gagné les Territoriales.

Argument bizarre, artificiellement juridique pour le PNC qui avait essayé d’empêcher Inseme de postuler à RPS alors que ses nouveaux dirigeants n’avaient eu comme mérite que de l’hériter de l’ARC-UPC et que les anciens qui avaient fondé RPS-ALE étaient soit à Inseme soit à la veille de le rejoindre. La febraccia entraine des signes de confusion. Le PNC en premier n’avait-il pas unilatéralement déclaré la candidature Garoby-Colonna ?

En un mot, le PNC commence par tenter d’éjecter Inseme de RPS, et en échec il veut prendre de vitesse toutes les organisations de Pè a Corsica en proposant son candidat, deuxième échec, il dénonce le choix de François Alfonsi par RPS non conforme à la démocratie, Pè a Corsica n’ayant pas débattu.

 

Étrange aussi la position Corsica Lìbera. Le Président de l’Assemblée n’a pas besoin d’invoquer Pè a Corsica pour critiquer l’Exécutif dont des siens font partie. Ne côtoie t-il pas l’Exécutif constamment, de Président à Président, et par les siens qui y siègent ?

Ses propos flattent un courant d’impatience assez répandu qui veulent des mesures immédiates réglant l’emploi, la vie trop chère… Ce sentiment est celui de ceux de bonne foi qui ignorent que les «élus locaux» ne font pas la loi, qu’ils peuvent avoir quelques résultats mais partiels et avec beaucoup plus de temps, et qu’il convient de l’expliquer sans cesse. Et qu’il en sera ainsi tant le Peuple Corse ne sera ni reconnu ni pourvu de moyens pour la maîtrise de son destin.

Mais quand ce genre d’argument est repris par des politiques chevronnés, il n’est pas innocent. La droite dit que ce qui compte c’est l’économie, la création d’emplois et que la réforme des institutions est une vaine obsession, comme le disait la gauche quand elle n’était pas encore aphone. Droite et gauche d’ailleurs héritières, l’une régionaliste, l’autre autonomisante, toutes les deux disant que de ne pas discuter, de ne pas se rendre à l’Élysée est une erreur. Héritières de Jean Paul et de Paul, des clans et ou des partis parisiens que Macron Président avait aplatis comme des crêpes, abasourdies, elles restaient bouche bée, nullement indignées par l’affront qu’il infligeait aux collègues « locaux » dans sa mise en scène d’hommage au Préfet Erignac. Mieux, ces têtes de proues modernes reprenaient espoir et naviguaient à la recherche de brises élyséennes pour gonfler leurs voiles.

On ne peut non plus qualifier le Président de l’Assemblée territoriale d’innocent. Il déclare que le délai de mise en place de la majorité est dépassé, qu’il n’y a plus de temps à perdre et qu’il convient d’agir concrètement. Il se désolidarise. Il rejoint le choeur polyphonique des critiquants.

 

L’opposition classique a beau rôle de dénoncer les quatre heures de suspension de séance lors de la dernière réunion de la CdC due aux tiraillements internes de la « majorité absolue».

Or la fête macabre pour le Peuple Corse continue.

Les agriculteurs ont élu un syndicat largement majoritaire.

L’agriculture insulaire est-elle pour autant sauvée ?

Les grèves maritimes sont de retour par une compagnie qui n’y avait pas recours.

L’économie de la Corse ne se structure pas. Elle est dépendante entièrement à 98 % pour l’alimentaire, et l’activité principale insulaire est faite par les commerçants revendeurs, des productions réalisées ailleurs, alimentaires et autres…

L’État joue le tourisme comme «moteur » du développement. Il le voulait massif noyant les défenses de ceux qui aspiraient à un développement durable, la plupart des Corses notamment.

Ce sinistre projet qu’il tenait secret n’a pas pu être initié, il a paru même abandonné quand le rapport de l’Hudson Institut fût dévoilé par l’ARC en 1971-72.

Mais cette politique continue officieusement.

La tentative de foudroiement est devenue processus chronique. Il a suffit pour le même objectif à terme de jouer sur la fiscalité, 30% de moins de charges sur les constructions pouvant être louées, bonnes affaires pour ceux qui cherchent de bons placements et pour les circuits bancaires. En deux ou trois décades, la Corse a battu le record des résidences secondaires nouvelles. Quelques Corses en profitent et servent d’alibis et de pare-chocs à tous les autres investisseurs allogènes et/ou prédateurs.

 

Tout se tient et explique logiquement la précipitation à créer des grandes surfaces, la mobilisation d’énormes capitaux qui ne correspond pas au nombre de la population actuelle. Mais qui, bien informés, veulent être bien placés pour tirer bénéfice du projet d’un tourisme massif.

Les comportements des natios, qui devant une telle menace persistante et sournoise se disputent, entre organisations et à l’intérieur d’elles, des mandats pour des élections qui ne font d’eux que des élus « locaux » sans moyens suffisants pour contrer ce fléau, est un comble d’aveuglement alors que l’heure est au regroupement pour mobiliser les forces dont le Peuple Corse disposent encore.

Est-ce possible ? Je refuse de le croire.

 

Max Simeoni.

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