Des « partis » que pour des élections ?

Les chefs de parties prenantes mobilisent leurs partisans «militants » pour driver leur « parti » en vue des trois batailles prévues au calendrier électoral : européennes, municipales, et territoriales. Une course de deux ans en trois étapes.

 

Marcangeli veut son parti fort pour, une fois réélu, continuer à défendre Ajacciu. Il dénonce le tort porté par une majorité cismontaise à la CdC, natio ou autre, négligeant les intérêts de la cité impériale, siège de la Préfecture de Région et de la CdC. Reconduit et consolidé comme maire, il pourrait encore mieux défendre la cité impériale en étant député (député-maire) en attendant la résurrection d’une droite hexagonale LR ou autre.

La gauche du PS semble expirer, il reste Mélanchon et le PC pour tenter le bouche à bouche. Le PS local ne peut que se résigner.

Le maire d’Ajacciu est le seul du système de la Ve République à espérer un parti local pour traverser le désert post-Macron.

Celui de Bonifaziu tient bon sur la falaise. Autonomisant, socialisant, Macroniste non adoubé, il ne peut que surveiller la météo des vents contraires.

Pour ne parler que des autres villes « petites », le maire de Portivechju, remplaçant de Camille, semble vouloir se succéder à lui-même et soutiendrait Camille pour la législative ou la CdC… Le maire de Calvi, isolé comme toute la droite, se réfugie dans sa citadelle à touristes et à légionnaires. Celui de Sartène a fort à faire avec les fusillades en centre ville…

 

Côté natios, le climat est différent.

Il s’agit de transformer l’essai d’une victoire de coalition électorale composite. Sur trois autonomistes qui avaient publiquement fait serment de fusionner, deux seulement l’ont fait dans Femu a Corsica (Inseme et Chjama), le PNC estimant que Per a Corsica devait suffire pour le moment, autrement dit le principe de l’alliance électorale, que souhaite d’ailleurs Corsica Libera, non concerné par une fusion.

Sans fusion des autonomistes que rien ne séparent, l’alliance reste à ce début du cirque électoral à trois composantes : deux autonomistes (Femu a Corsica et PNC) plus Corsica Lìbera.

L’équipe de la mairie de Bastia n’a pas déméritée, elle veut être reconduite même si on entend dire qu’elle est critiquée dans Bastia. Ce genre de critiques colportées sont inévitables dans la gestion d’une ville comme Bastia et fleurissent à l’approche d’un scrutin…

Gilles Simeoni, porté par tempérament au consensus, a bondi de la mairie de Bastia à l’Exécutif, la liste de coalition électorale qu’il a conduite obtenant une majorité « absolue».

La coalition autonomiste dispose ainsi de deux institutions locales importantes, mairie et CdC, plus trois députés sur quatre.

 

S’il est logique de reconduire l’alliance électorale avec Corsica Lìbera, le FLNC ayant arrêté l’action clandestine, les deux organisations autonomistes PNC et Femu a Corsica s’affrontent pour les prochaines européennes : R&PS, qui fait parti de l’ALE, leur avait demandé qu’elles se mettent d’accord pour désigner un duo homme/femme à la candidature comme pour les autres régions de l’hexagone. Pas d’accord et donc chacune a avancé son duo. Les chances d’avoir l’investiture de R&PS pour figurer en bonne place sur la liste ALE des européennes semblent faibles pour ne pas dire nulles.

Paradoxe: le PNC, pour justifier son retrait du projet de fusion dans un mouvement unifié Femu a Corsica voté à l’unanimité en octobre 2017, avait avancé comme argument que le sigle de l’alliance électorale Per a Corsica suffisait à unir. Ce différent, on peut dire affrontement, pour les européennes va-t-il amener des tiers à l’arbitrer ?

On peut s’inquiéter pour la suite entre Femu a Corsica et PNC, «autonomistes», s’ils doivent faire une liste commune pour les municipales et les territoriales en 2020 et 2021. Suite foireuse, ne pensez-vous pas ?

 

Per à Corsica, sigle d’une alliance électorale, fonctionne comme une machine à candidatures.

Pour les municipales, sans parti de terrain organisé et démocratique, le parti régi par ses élus aura avant tout des motivations électoralistes vu la proximité des trois scrutins successifs en deux ans. C’est une réalité pour tous les natios qui n’ont aucun parti réellement organisé sur le terrain.

Hypothèse si on en reste là : le PNC voudra, dans l’alliance, conserver voire améliorer son lot de postes et de fonctions, comme d’ailleurs Corsica Lìbera. Si l’ouverture à d’autres est nécessaire, qui acceptera de céder un mandat ou une fonction? En cas d’impasse qui pourra accepter des primaires aux territoriales pour les redistribuer en fonction des scores des uns et des autres?

Cet inconvénient va se reproduire pour la place d’éligible sur chaque liste. Casse-tête pour les chefs de files qui devront convaincre ou choisir entre des gains en voix et d’éventuelles capacités de nuisances en optant pour l’un et pas pour l’autre.

 

Il est clair qu’un parti démocratique et organisé à la base est la seule possibilité de mener par la voie démocratique une lutte au service d’un idéal politico-historique comme celui de l’émancipation du Peuple Corse. Face à la pyramide de l’État républicain jacobin, seul un tel parti peut s’imposer pour faire reconnaître l’existence du Peuple Corse et de ses droits sur sa Terre.

C’est dans cet esprit qu’ont voté à l’unanimité les congressistes d’octobre 2017. C’est l’électoralisme qui l’a retardé et finalement l’a asphyxié.

Femu a Corsica a démarré avec un an de retard, la veille du cirque électoral, par un couac européen, un pied tordu qui fait boiter bas, une foulure et peut-être une fracture.

Femu a Corsica se doit malgré tout de réussir à devenir ce parti autonomiste de terrain capable de faire converger tous les Corses disponibles pour la lutte d’émancipation du Peuple. Ces élus doivent certes aller aux élections prochaines mais en se préparant parallèlement à réaliser la base démocratique le plus tôt possible et par la suite s’en remettre à elle. Cela semble une évidence pour sortir le Peuple de la ratière des jacobins. Si le Peuple a besoin d’un parti pour être sauver, ce parti ne peut être que le sien.

L’initier avec une «nomenclature» d’élus est un grand défi que le patriotisme des Corses devrait permettre de relever. Quand ils ont été le dos au mur, ils ont été capables du meilleur. Je l’espère, et vous, élus ou pas ?

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