par Max Simeoni
Candidats sortants désirant être réélus, anciens qui ne renoncent pas d’y parvenir, nouveaux non encore déclarés… tous sont perplexes. À Paris pour l’Elysée, ou dans les nouvelles « grandes Régions », toutes les villes, les leaders pensent stratégies mais ils leur manquent des précisions pour choisir entre des scénarios qui sont en gestation et qui interférent entre eux. On ne peut guère cependant ne rien dire, il faut être présent sur la scène pour commencer d’exister dans l’esprit des futurs électeurs.
La première élection, dans peu de semaines, n’éclaire pas le jeu. Le Président Macron ne connaît que Marine Le Pen comme concurrente. Pour l’heure, il va au contact de groupes de citoyens sur leur lieu de travail et si, de temps à autre, il reçoit un œuf dur qui ne se casse pas, une gifle même, quelques insultes, ces atteintes à la dignité d’un Président de la République sont dérisoires et mettent un peu de relief à ses rencontres spontanées télémédiatisées.
Aussi joue-t-il d’avantage à l’international comme Chef d’État. Mme Merkel ne se représentant plus, le « couple franco-allemand » n’a plus d’image de rechange. Pas de repentance pour l’instant pour l’Algérie, mais des excuses aux Harkis et, en réparation, des promesses d’indemnité.
Pour l’affaire des sous-marins australien, il fait sonner la charge par son ministre Le Drian. La diplomatie prend le relais. Certes, le citoyen français est satisfait d’un dirigeant défendant l’engagement pris, d’autant plus quand il est l’allié américain, mais c’est plutôt au lobby militaire de l’armement d’être rassuré.
LR va désigner son candidat par un Congrès de militants ! Une avancée démocratique ou une impuissance rédhibitoire ? Et vous lecteurs qu’en pensez-vous ?
Le PS semble en coma prolongé. Il a pourtant des électeurs potentiels, des militants de cœur mais sa tête est en apesanteur, désembrayée.
Les petits partis ne profitent pas de cette attente léthargique. Ils restent mordants, mais rien à mordre. L’extrémisme de gauche ou de droite ne peut s’accrocher qu’au vide…
Les nationalistes sont au pouvoir local. Ils l’ont pris dans une coalition autonomistes/indépendantistes rendue possible parce que ces derniers avaient mis de côté la violence clandestine. Les autonomistes avaient voté en 2017 la fusion qu’ils n’ont pas réalisée après 14 mois de discussion, ils ont fait liste commune et se sont partagés les postes institutionnels. À chaque élection, la coalition voulait être reconduite, garder chacun ses acquis ou les améliorer. Le Président de l’Exécutif était tenu de toute part. L’ouverture qu’il recherchait, coincée. Bref, l’homme indispensable d’une coalition sourcilleuse plus soucieuse de ne rien perdre que de prendre quelques risques pour avancer.
La crise est générale. Elle vient d’un passé récent. L’État républicain jacobin paye la fin de son Empire colonial (accords d’Évian en 1962) et n’a pas su faire l’Europe politique. Elle en est restée à l’Europe des États aux frontières issues des guerres. Le Général De Gaulle cherchait à rétablir le statut de grande puissance, du moins de ne pas être satellisé entre l’URSS et les USA. Il lui fallait un pouvoir central fort, une Constitution qui bannisse la chienlit de la IVe République. Il a voulu l’élection du Président au suffrage universel direct et un regroupement pour cela à Gauche comme à Droite s’imposait pour donner une majorité à ce Président. Il a lancé la décentralisation (discours à la foire de Lyon en 1969). Puis avec le référendum, il a tenté la réforme du Sénat. Devant les réticences des notables locaux, il a mis tout son poids en déclarant qu’en cas d’échec, il se retirerait. Ce qu’il a fait.
Pendant quelques années, l’illusion a persisté. La Gauche et la Droite se regroupaient pour l’enjeu de la Présidentielle. Mais la chienlit avait repris à bas bruit par la cohabitation. Plus de majorité présidentielle. Elle a continué par des primaires dans les partis de Gauche. La Droite démantelée l’a adoptée et le LR va plus loin, empêtré, impuissant, tente de s’en remettre à ses militants.
La crise est générale, et à cette heure, on ne voit pas de sortie.
Les effets de la dislocation du jeu électoral gaulliste parisien ont été instantanés et massif en Corse. Sans appui, le système des clans locaux s’est disloqué, avant, d’ailleurs, que la marche électorale des nationalistes ne prenne forme. À tel point selon moi que le mérite, si l’on peut dire, de ces derniers a été en partie surévalué. Ils ont un mérite d’une autre nature, celui d’avoir été présents quand l’occasion cachée s’est présentée. Le mérite de la persévérance, de la ténacité.
Tous ces restes d’un passé récent de droite, de gauche restent enclos dans un statut particulier qui est vraiment particulier en ce sens qu’il donne un pouvoir local insuffisant pour gouverner, mais qui les rend complices de sa gestion. Il servira d’alibi pour les attaquer à tous ceux qui sont anti-nationalistes non avoués en général. « Ils sont comme les autres » est-il dit !
La chienlit nationaliste fait le reste pour un discrédit qui ne peut que croître. Un processus qui a surgi : la bataille pour la présidence du syndicat de l’Énergie au nom de la démocratie. À suivre. Recours judiciaire en cours.
Les acteurs en recherche de reconnaissance, comme ceux qui ont un titre de représentants, élus du suffrage universel, tous les égos à l’affût, ont une préoccupation commune négative qui est « rien ne doit réussir sans moi ». Tout pour empêcher. La négation est à l’œuvre.
L’Exécutif, seul pouvoir élu, a à résoudre la quadrature du cercle nationaliste. Tous contre, ex-coalisés, le Président élyséen, les préfets battant la campagne, sans compter les déçus sur la réserve qui ont cru au changement, au miracle nationaliste…
Crise au sommet de l’État, dans les partis, chez les nationalistes… rien à espérer en vue dans le court terme ? On dit que l’histoire avance par étapes de crises ? Alors une question se pose : qu’elle est le temps qui reste pour un peuple menacé de disparition, le nôtre.
La solution existe. Il faut sortir du système de gestion sans les moyens adaptés à ce sauvetage.
Il faut le pouvoir d’une autonomie pour un peuple reconnu sur son territoire avec sa langue coofficielle. Il ne s’agit pas de chasser la France, ne serait-ce que par bon sens. Il lui faut des garanties que la géopolitique impose pour sa sécurité. Il s’agit simplement de sortir du jacobinisme et de réaménager les échanges entre la Corse et la France dans l’Europe à construire. Dans l’intérêt des deux. L’électoralisme actuel seul est une impasse.
Il faut donner le pouvoir au peuple, à la base avec un parti dont c’est la mission. •