Territoriales 2017

Élémentaire mon cher Watson !

Il n’est guère besoin d’avoir la perspicacité du célèbre enquêteur de roman pour faire sienne son exclamation. Sur le devant de la scène, après une valse-hésitation, on assiste à une danse endiablée. Le concours au pied de l’urne le 3 décembre avec sa finale le 10 s’est d’un coup accéléré. Les candidats le dos au mur ne pouvaient plus tergiverser.

 

On a finalement deux candidats pour la droite, un classique estampillé LR, l’autre « régionaliste » auto proclamé, un à son extrême FN. La gauche est recyclée en partie derrière l’oriflamme Macron in extremis après le décrochage du recteur parachuté. Le PS local même sa partie « autonomiste », reste sur la touche, non sélectionné.

Le PCF garde son alliance avec des « insoumis » excommuniés par Mélenchon.

Tout ce méli-mélo électoral arrive à chanter en chœur, contre les natios. C’est ainsi qu’ils peuvent donner l’impression d’une force combative et justifier la coalition d’une contorsion acrobatique qu’ils devront réaliser avec l’espoir de l’emporter (sait-on jamais ?) ou simplement de rester dans le coup pour la prochaine échéance territoriale dans trois ans d’une Assemblée Unique dont on ne sait rien de ce qu’elle sera concrètement.

 

Pour le moment, leur cachemisère consiste à dénoncer l’aventurisme indépendantiste des natios.

Ces derniers ont eu aussi quelques accès de fièvre dans les marécages pré électoraux : deux listes au premier tour, Corsica Libera et Femu a Corsica ? le Rinnovu classé dans l’opposition après avoir frappé à la porte, la fusion des trois composantes dites des «modérés » laborieuse, cafouilleuse, minée par des enjeux d’équilibre en vue de représentativité pour des places d’éligibles sur la liste commune et la participation à l’Exécutif. Difficile de faire place à toutes les ambitions, à ce désir d’être dans l’organigramme. Du temps perdu à la guéguerre, une perte de dynamique, pas de raz de marée, la flotte en rade.

Finalement comme les autres, il a bien fallu appareiller pour garder quelques chances de mieux finir, de bien finir. Et le vent s’est levé. Les meetings sont réussis, l’ambiance est chaude, les cœurs battant.

 

Tous les non-natios ont pour seul slogan pour exister, pas d’aventurisme indépendantiste.

Ils jouent la peur, à tort, l’argument ne tient plus puisque le FLNC s’est dissous pour laisser la voie démocratique ouverte. Dès lors, les modérés peuvent faire confiance à leur patriotisme et faire alliance. En démocratie, chacun peut exprimer des idées pour convaincre le Peuple. En fait ce renoncement à la violence a renforcé l’espoir d’une véritable possibilité de choix démocratique débarrassé des miasmes un jour du clanisme et de l’aliénation du jacobinisme. Les avancées démocratiques sont des pas de la désaliénation du Peuple Corse. Il ne pourra être maître de son destin que dans une société démocratique exemplaire.

Il pourra faire alors les choix de société librement ceux de l’intérêt collectif. Le fil historique de la transparence, de la maison de cristal de Pasquale Paoli n’est pas un mythe, il est le seul efficace pour un petit Peuple qui ne peut que se défendre. La transparence est exigeante, elle nécessite beaucoup de force d’âme, elle refuse les facilités, les expédients, elle exige une vigilance constante, de l’intelligence pour prévenir les coups tordus, de la patience et de la pédagogie pour être compris au milieu de tous les opportunismes intéressés ou égotistes, pour en annihiler tous les pièges. C’est comme toutes les vertus, elles sont inaccessibles dans la perfection mais elles gardent leur pouvoir bénéfique si on n’y renonce jamais…

 

L’exercice de la démocratie est fait pour responsabiliser et non pour déléguer et s’en laver les mains. Il veut écoute et respect, débats sincères, et donc informations pour les mener, en un mot de la transparence. Il est à l’opposé de la logique de guerre où seul compte de vaincre par tous les moyens. Logique qui n’est justifiée que pour défendre sa vie face à une agression physique immédiate. Il est éclairant que les premiers combats ont été pour lutter contre la fraude électorale, le bourrage des urnes, les votes par correspondance, les listes électorales trafiquées, bref pour rétablir un peu de dignité civique bafouée par des élus délinquants et fiers de l’être…

La transparence est facile à jouer pour les natios sans le poids de la violence clandestine et de ses dérives.

Les adversaires sont contre l’aventurisme ? Ils ont donné leur parole que l’indépendance n’est pas dans le contrat qui les lie à moyen terme et la transparence peut et pourra le vérifier. Ils fustigent l’obsession institutionnelle et préconisent le développement économique. Mais le marasme, le non développement de l’île et l’exode sont dus à leurs familles politiques parisiennes dont ils se revendiquent qui ont alterné au pouvoir républicain. La droite libérale qui devait créer des emplois, la gauche qui veut les protéger avec plus de service public, la sociale démocratie qui tente un peu des deux sauces. Ils ont longtemps gouverné à tour de rôle pour en ce qui concerne la Corse faire la même politique qui conduit à l’extinction du Peuple Corse.

 

La Corse a été inondée de plans de développement qui n’ont rien changé. L’État français jacobin ne l’utilise qu’à ses propres fins. Une position immuable géostratégique en Méditerranée pour sa sécurité et sa base militaire d’interventions en Afrique et au Moyen Orient, un réservoir d’hommes pour son Empire et ses guerres… La Corse était décrétée pauvre et elle offrait sécurité et promotion par l’exode. De nos jours, elle est rentable par un tourisme de masse et de résidences secondaires alors que la pauvreté et la précarité frappent presque la moitié de sa population. Tel est le terrible bilan qu’on ne doit pas aux natios mais au système politique républicain jacobin. Les natios n’ont vu le jour que pour empêcher qu’il ne réussisse à faire disparaître le Peuple Corse.

La révolte avec violence ne pouvait que tenter une jeunesse devant tant d’injustice et de cynisme jacobin. Mais cette violence «organisée » et clandestine qui a pu « libérer » des Peuples colonisés, n’était pas transposable en Corse, elle était un piège.

Le sauvetage de notre Peuple demande plus qu’un élan de révolte. Il faut qu’on lui fasse comprendre les causes de son triste état et qu’il doit avoir conscience que son avenir, celui de ses enfants, dépend de lui, de sa conscience et de sa volonté pour changer de système.

Les natios ont une voie difficile à ouvrir comme élus du Peuple.

Ils doivent convaincre et regrouper ce qui reste du Peuple Corse sur une base de lutte de survie. Il est exclu d’imposer ou de manipuler puisque le salut dépend d’une conviction à partager, que l’élection n’est qu’une carte qu’on ne doit pas laisser aux mains des «autres », que tous les secteurs de la société insulaire sont autant de champs de bataille civique de cette croisade de survie de notre Peuple. Partout où subsiste la flamme d’amour à la terre mère et d’appartenance à un destin commun là où nous sommes et tels que notre histoire nous à fait, ouvert sur le monde et ses vrais progrès d’humanisme.

Nous avons par notre sursaut de survie par une vraie démocratie à y participer.

 

Dur, dur de convaincre, de pratiquer la plus grande transparence démocratique, de regrouper, sans se laisser retarder, ni diluer le fond de la mission du sauvetage d’un Peuple menacé, de négocier avec les tenants locaux ou parisiens pour limiter les dégâts et planter quelques piliers d’avenir meilleur, en gardant lucidité et force d’esprit, en toute humilité, bref tout ce que demande un Peuple qui veut éviter le cimetière des Peuples qui renoncent.

« Élémentaire, mon cher Watson ! » :

– un Peuple en danger par un système qui nie son existence, à remplacer par celui qui le rend conscient et responsable de son destin : l’autonomie législative et fiscale avec une période de sortie progressive de la dépendance aliénante sortie contractualisée avec la République, dans le principe universel des Peuples à disposer d’eux-mêmes et des valeurs démocratiques.

Élémentaire !

Le vote du 3 décembre doit avoir ce sens, sur la route de l’émancipation, épisode à réussir au mieux. Au boulot.