par Max Simeoni
Que dire de plus sur cette période avant les élections et l’envahissement du coronavirus. La date des Territoriales fixée depuis longtemps sera retardée peut être, mais pas trop. Quant au virus, il peut jouer les prolongations à sa guise.
Les tacticiens des différentes coalitions électorales sont dans l’obligation de se préparer, d’être prêts au plus tôt. Ils n’ont pas de plan B, ils sont contraints d’attendre le créneau que le virus permettra et les directives de l’instance jupitériennne elle-même concernée pour son renouvellement… ou son éclipse !
Cette semaine, l’opposition des partis laminés par le succès totale des natios a, lanternes en mains, éclairé certaines de leurs intentions.
Le Président de Per l’Avvene, Jean Martin Mondoloni, a déclaré son ralliement à Laurent Marcangeli. Il sera le pilier nord d’une Droite classique. Battre les natios majoritaires « absolus » et le Président de l’Exécutif pourrait lui ouvrir les portes d’une carrière politique.
Jean Charles Orsucci, maire de Bonifaziu lié d’amitié avec Gilles Simeoni, l’avait félicité pour son sucès électoral puis récemment a pris ses distances en mettant en cause la méthode de travail et en glissant en fin de propos qu’il était à l’aise avec celle pratiquée par Jean Christophe Angelini…
Tous deux ont un point commun. Dans la période d’effondrement à Paris des partis hexagonaux de Droite et de Gauche et des clans locaux labellisés comme tels, Mondoloni s’était positionné comme le tenant d’une Droite régionaliste et Orsucci pour une option socialiste et autonomiste non indépendantiste.
L’effondrement du système électoral Ve République d’alternance, l’élection de Macron libre de toute opposition opérationnelle, un décideur sans contre poids à Paris et une majorité absolue du suffrage universel en Corse, on pouvait penser qu’une ère nouvelle s’ouvrait. Les natios légitimés par le suffrage universel ont cru qu’une discussion pouvait débuter avec ce nouveau pouvoir. Le cérémonial anniversaire de la mort d’Erignac a été asséné pour mettre à genoux « ces élus locaux qui ne font pas la loi » avec comme témoin Jean Pierre Chevènement. Le message est clair destiné à plusieurs cibles, les « séparatistes » Corses en premier mais aussi à tous ceux qu’ils pourraient inspirer dans les autres régions. Je ne peux m’empêcher de penser que la loi sur la sécurité qui est en voie d’être votée par le Parlement ne cache pas un risque sous prétexte de lutter contre le terrorisme islamique.
Il faut comprendre que le combat des natios pour l’Autonomie, pour sauver le Peuple Corse sur sa Terre et menacé par le jacobinisme républicain est radical et idéologique. Il imprègne les élites, les décideurs de la République. Les ennemis de la République sont pour eux des ennemis de la France. Il n’est pas seulement un système qui facilite carrières et promotions quand on le sert, il est totalitaire, il n’admet rien d’autre qui puisse le remettre en question et dans ce cas il est dans une logique de guerre, tous les moyens sont bons. Il choisit « l’homme qu’il faut, là où il faut, quand il le faut » comme un Préfet Bonnet choisi par Jean Pierre Chevènement.
Je reprends des exemples qui illustrent bien cette conviction des jacobins républicains.
Jules Ferry, homme politique progressiste sans conteste, promoteur de l’école obligatoire et gratuite pour tous, n’en était pas moins un colonisateur convaincu persuadé d’apporter le progrès aux peuples colonisés par la République aux valeurs universelles.
Madame Simone Veil qui a introduit la loi pour l’IV comme Présidente du Parlement européen à Strasbourg, s’est pourtant efforcée d’empêcher Edmond Simeoni de tenir une conférence de presse que le règlement du Parlement autorisait, sous certaines conditions qu’il remplissait. Or elle était magistrate.
Mr Badinter en ses fins de mandats de Président du Conseil Constitutionnel, interrogé par un journaliste qui lui demandait ce qu’il avait fait de plus significatif, a répondu après 2 ou 3 secondes : « d’avoir fait obstacle à la reconnaissance de Peuple Corse ».
Lui qui a mis fin à la peine de mort, et avec Madame Veil reposant au Panthéon, ils sont incontestablement des progressistes comme un Jules Ferry, et malgré tout persuadés que la reconnaissance de Peuple Corse était un délit gravissime, un crime en quelque sorte.
Si ces personnes dont on ne peut nier la bonne foi désintéressée sont enfermées dans une telle conviction, il faut comprendre la force de cette idéologie du jacobinisme républicain.
Comment dès lors les natios peuvent-ils se laisser aller à des jeux de coalitions électoralistes, pour des mandats sans pouvoir réel pour sauver le Peuple en voie d’élimination, gommé jour après jour par ce jacobinisme de la République ? Le Schéma d’Aménagement de la Corse de 1971-1984 était fondé sur le tout-tourisme (rapport de l’Hudson Institut). Il se poursuit d’une façon plus sournoise pour noyer ce qu’il reste du Peuple Corse et disposer de sa Terre. Les chiffres le prouvent aujourd’hui : la population a doublée en quelques années, essentiellement par des apports extérieurs. La Corse est devenue un marché captif pour les importations de tout ce qu’elle consomme.
Si le Peuple Corse est en danger de ce fait, si la colère engendre une violence contre productive, il faut admettre que sans la majorité de ce Peuple consciente et déterminée « puisqu’on ne sauve pas un Peuple par procuration », des coalitions électoralistes sont vaines.
Il manque quoi ? Non pas un étage mais une base à la construction, un Parti catalyseur de prise de conscience et de détermination pour obtenir de cette République des jacobins les moyens du sauvetage, le pouvoir de faire les lois et ou de les infléchir.
Sinon l’impasse finira par une disparition sur des radeaux en perdition des coalitions électoralistes.
Bone feste, una cria scunfinite. •