Fusion : nécessité et devoir ?

Ce dimanche 23 juillet, à sept jours du rassemblement à Corti le 29 juillet à l’appel de Gilles Simeoni en vue d’une fusion des trois, Inseme, Chjama, PNC, la situation reste confuse. Espérons qu’elle décantera dans la semaine.

 

Simple péripétie agaçante comme les politiciens en sécrètent à jet continu ?

Non ! L’enjeu est important. Pour moi, c’est un test non pas de simple maturité mais du mérite de se vouloir les avant gardes et où les catalyseurs pour la sauvegarde du Peuple Corse. Par manque de lucidité sur les procédés corrosifs de l’Etat jacobin, le plus souvent cachés derrière de grands principes, sur sa vraie nature ? D’où erreurs successives quant au moyens pour le combattre ? Progression à petits pas face à un mur à enfoncer ? Illusion sur la capacité de leaders entourés d’aficionados… concurrents ?

 

L’histoire, la culture de l’Etat républicain sont totalement incompatibles avec l’acceptation légalisée d’une spécificité de la Corse et des Corses. La culture à prétention universelle de la République veut des citoyens sans droits particuliers liés à des hommes et à leur terre1. La Corse subit une colonisation par « assimilation » forcenée. C’est un bras de fer. Il faut gagner la reconnaissance par la loi du Peuple Corse et de ses droits ou s’aplatir in fine. On peut négocier, ferrailler pour plus de compétences qui permettraient de ralentir un tout petit peu le déclin. Mais la reconstruction de ce Peuple affaibli ne pourra débuter réellement qu’une fois acquise sa reconnaissance. Il faut une force politique capable d’y contraindre l’Etat jacobin. Elle ne saurait être le produit d’organisations à la recherche d’alliances électorales.

Ce qui était sans doute inévitable dans les débuts tâtonnants des mouvements précédents devient inexcusable à ce stade.

 

Macron veut incarner un pouvoir fort pour conduire des réformes d’importance. Il prêtera peu d’importance à ce qui ne s’imposera pas à lui. Il attend les Territoriales pour évaluer la labilité du « vote identitaire ». Ses « contrats girondins » sur carte réduite seront fonction de la force et de la cohérence de la demande. Et toujours compatibles avec les canons du jacobinisme et ou d’un pouvoir « fort » ? Pour éviter des petits pas faits sur place, les petits changements velléitaires, une seule option pour une issue, que le Peuple corse comprenne que la reconnaissance de ses droits est vitale pour lui et qu’il réclame les moyens de les assumer.

Autrement dit que le jacobinisme soit exclu de sa vie. Le décor du contexte général est changé. L’effondrement des clans à été favorable aux natios. Il n’était que le signe avant coureur de la crise des partis, gauche-droite, alternant à Paris.

L’émergence surprise du macronisme n’est pas pour autant une aube prometteuse pour l’avenir ; en la matière, il n’y en aura jamais aucune car un Peuple ne se sauve que par lui même dans des contestes variables par définition.

Pas d’autre garantie.

Perdre du temps dans des combinaisons vaines électorales pour des institutions insuffisantes blindées du jacobinisme, serait une grave faute.

 

Le 29 juillet, la fusion doit être décidée, pas n’importe laquelle. Elle devra définir au plus vite les modalités d’un processus technique et démocratique pour la réaliser au plus vite qui donneront des assurances valables à tous ceux qui s’engagent.

Il en est qui critiquent l’appel de Gilles Simeoni, il serait « unilatéral ». Mais la question du mouvement unique n’était-elle pas admise par toutes les composantes depuis longtemps et présente dans leurs échanges officiels et officieux… sans concrétisation ? Aborder l’épreuve de l’Assemblée Unique sans un mouvement unique, personne n’y songeait, mais retarder sa réalisation pour poursuivre le mode « discussions préalables entre composantes » serait nuisible car chacune aurait poursuivi les échanges avec une arrière-pensée des postes éligibles sur les listes de décembre. Cet aspect négatif de « tractations » est déjà évoqué dans la presse. Il est temps de construire l’outil performant (le 2e étage de la fusée!) qui peut poursuivre sur la lancée des succès électoraux avec une plus value de confiance des Corses envers les natios et une majorité consolidée à l’Assemblée unique et non une stagnation, et peut-être une majorité absolue.

Mais l’important reste dans la confiance accrue des Corses dans le mouvement natio… Paris comprendrait que notre avancée jusque-là lente et difficile devient irréversible et s’accélère.

 

Se réunir pour tout mettre à plat sans polémiquer. Des questions se posent ? Il faut les poser non pas pour se justifier, ou pour accuser mais pour réfléchir comment les éviter dans le mouvement qui fera suite à la fusion ?

Elle devra se faire dans une transparence démocratique exemplaire.

L’idéal démocratique est l’âme même de l’effort d’émancipation du Peuple Corse. Les natios doivent en donner les premiers un exemple incontestable dans leur organisation et leur rapport entre eux et avec tous les autres Corses.

Les techniques pour mettre en place ce processus existent, les exemples ne manquent pas.

Chacun pourra alors apporter sa pierre à la reconstruction du Peuple. En toute confiance fraternellement.

Et avec la confiance des Corses renforcée, aplatir le bras des jacobins.

Idéaliste, oui je le suis, mais aussi sceptique et lucide.

 

  1. Dans le dernier Arritti, j’ai cité Simone Veil et Robert Badinter, honorables célébrités françaises mais hermétiques quand il s’agit de reconnaitre l’aspect  « spécifique » du Peuple Corse, pour faire comprendre jusqu’où peut aller l’esprit jacobin chez les meilleurs d’entre eux.

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