À l’appel de Gilles Simeoni, beaucoup de monde à Corti ce samedi 29 juillet en prélude d’un grand « parti de gouvernement » capable de faire le Peuple Corse nation, l’acte premier étant la fusion des trois composantes autonomistes «modérées ».
Admise depuis longtemps par chacune d’elle, mais elles ne la concrétisaient pas.
Cette fusion n’a que trop tardé. Les raisons étaient évoquées entre initiés sans que le public y comprenne quelque chose et l’idée se répandait que dirigeants et leurs entourages « étaient comme les autres, ils se disputaient des mandats républicains »…
Comment comprendre ce retard à l’allumage puisque rien ne séparait, ni l’objectif ni la voie démocratique pour y parvenir ?
Pourtant, le nombre de fusions et de sigles nouveaux ont foisonné ces 60 dernières années à tel point qu’il est impossible même pour ceux qui les ont vécus de pouvoir les citer sans en oublier. Cela répondait au besoin d’exister dans l’opposition au système y compris dans ses élections où une droite et une gauche républicaines jacobines étaient d’accord pour nous barrer ou nous utiliser sans rien
consentir d’essentiel sur le fond.
Fusion ou le plus souvent coalition électorale partielles servaient de béquilles pour espérer des élus et éviter les barres d’éliminations du second tour. Cette présence électorale était inévitable.
Elle a été trop souvent surfaite même si elle a permis au fil des nombreux scrutins d’enregistrer des progrès, d’abord aux territoriales où se trouvaient un petit réservoir d’électeurs non tenus par le clientélisme ou les idéologies, puis cantonales et mairies récemment. Ces progrès ont été en réalité gagnés par l’action sur le terrain, contre la Somivac, la Setco, le schéma d’aménagement de la DATAR (Hudson Intitute) et la volonté d’internationaliser notre problème pour contourner l’État français jacobin. Toutes ses actions ont fini par se traduire en votes natios même quand elles étaient menées dispersées, souvent concurrentes et au mieux sous formes de coalitions électorales éphémères et non structurantes et aussi le recours à la violence offensive (FLNC de lutte de libération nationale et haut lieu de synthèse) puis de «propagande armée» et de résistance malgré ses limites a été comme un accès de fièvre qui signait la gravité du problème corse, ne serait-ce que par le prix payé par ses militants. Tous les sigles, toutes les organisations politiques, toutes les associations environnementales ou culturelles ont apporté un plus pour l’existence du Peuple Corse et la défense de sa terre souvent sans cohérence entre elles.
L’arrêt de la violence clandestine a permis la coalition avec Corsica Lìbera qui a débouché sur des prises de pouvoir institutionnels : mairie de Bastia, CTC, trois députés… Quoique s’en défendent les fusionnistes depuis l’estrade de ce samedi, ce rassemblement possède des aspects électoraux : améliorer la majorité pour gérer et dans le calendrier de la mise en place de l’Assemblée Unique dans cinq mois, elle inaugure volens nolens l’ouverture avec éclat de la campagne des élections dans cinq
mois où seule la Corse va voter.
Mais la situation, le contexte général a beaucoup changé, il est bouleversé.
Les natios sont majoritaires aux affaires. Les clans ont implosé en plein vol et leurs débris sont laminés. Ils ne savent comment exister et n’être que des avortons d’opposants à la majorité natio. Leur chute a été le signe qui a précédé l’effondrement des partis gauche-droite qui alternaient à l’Élysée et à Matignon sur les ruines desquels a fleuri le Macronisme, leur chute qui a joué comme un levier pour les natios.
L’argument de la violence n’existe plus, il permettait de porter les étiquettes de gauche et de droite tout en rejetant les natios. Laurent Marcangeli se retire dans sa ville. Il ne tient pas à faire les frais d’une restauration de la droite pour le moment incertaine. Les clanistes sont suspendus dans le vide faute d’accrochages parisiens. Qui de la gauche locale peut reprendre un fanion en lambeaux et tenter de le brandir ?
L’idéal d’une droite libérale et n’exploitant pas les salariés, comme celui de la gauche pour plus de justice sociale sont honorables mais leurs véhicules de partis jacobins n’est plus bon que pour la casse.
Que peut nous apporter le Macronisme nouveau ?
On ne sait, mais on sait que plus la majorité natio se renforce et moins à Paris on peut éluder la discussion sur les problèmes qu’elle pose à condition qu’ils deviennent ceux du Peuple déterminé qui comprend bien les enjeux, qui sait qu’il doit se libérer des entraves des jacobins pour se faire reconnaître avec ses droits.
La situation de vide politique est une bonne occasion à ne pas manquer. Mais la saisir est ardu.
Rendre la fusion effective d’ici la rentrée avec ses principes et ses règles de fonctionnement démocratique transparent, entérinés par un congrès constitutif puis entrer en campagne électorale sans s’empêtrer dans des cuisines électoralistes morbides, en sortir plus fort de la confiance d’un nombre accru de Corses, discuter ce faisant avec le pouvoir central des modalités de la mise en place de l’Assemblée Unique sans se laisser rouler dans la farine. Un parcours sans faute ou presque pourrait déboucher par la suite sur la mobilisation vraiment historique irrésistible de notre Peuple.
La route est tracée. Pour la poursuivre, cela ne dépend que de chaque natio, les fusionnés et tous les autres, de leur capacité de travail et à augmenter le capital de confiance pour un avenir commun sur cette terre insulaire de ceux qui y vivent à la sueur de leur front et solidaires.
Un Peuple à sauver, un pays à relever, une nation. L’œuvre de tous qui exclue l’à peu près et n’admet aucune excuse à la tricherie.
Aux antipodes du cynisme. Prêts ? Partons !