La longue marche ? Une simple première étape !

L’année qui vient de s’achever aurait mérité un bilan, impossible à faire car elle est une période de bouleversement, à nulle autre pareille, sans conflits, guerres, sans tensions menaçantes. Elle porte autant d’espoir que d’incertitude…

 

L’année commençant par des voeux, j’adresse les miens à tous les lecteurs d’Arritti :

Pace è Salute ! selon la formule de nos anciens qui savaient ce qui était l’essentiel. N’ayant pas d’ennemi au sein du Peuple Corse, sinon quelques adversaires, je les étends à tous ceux qui aiment la Corse.

 

L’année qui vient de s’achever aurait mérité un bilan, impossible à faire car elle est une période de bouleversement, à nulle autre pareille, sans conflits, guerres, sans tensions menaçantes. Elle porte autant d’espoir que d’incertitude…

Qui aurait pensé il y a même pas 10 ans qu’une coalition de natios serait aux commandes de la CDC, et les partis « traditionnels », les clans évaporés…

Pourquoi, après s’être réjouis, avons nous l’impression que la « tamanta strada » n’est qu’une première étape d’une marche d’une longueur incalculable… ?

 

Pour ma part, j’ai le sentiment que la ligne d’arrivée se trouve au delà de l’horizon pour atteindre le but, le Peuple Corse débarrassé du mal qui le mine assuré de pouvoir vivre. Il ne peut plus y avoir de temps à perdre dans ce sauvetage.

Pour la deuxième étape, la ligne de départ est encombrée :

– muraille du système jacobin, une Assemblée Unique (compétences, procédures, moyens financiers) à négocier (?) avec lui…

 

– urgences sociales (plus d’1/3 de pauvres et de précaires)…

 

– marasme économique, TPE en difficulté, agriculteurs primes à la vache, vie chère, l’essence plus qu’ailleurs mais les transporteurs transportent avec l’enveloppe de continuité territoriale 98 % des productions extérieures consommées sur l’île… Le tourisme décrété le «moteur de l’économie » profite à qui ? Pour l’essentiel aux producteurs extérieurs. Le tourisme des insulaires n’est celui que d’un revendeur. Un revendeur ne peut pas être un moteur.

 

La politique de la France est constante depuis Ponte Novu :

– Un siècle de loi douanière, de 1818 à 1913 qui étrangle la production de l’île, loi parfaitement coloniale et qui empêche de s’inscrire dans les débuts de l’industrialisation. L’île stagne et régresse.

 

– Guerre de 1914-1918, l’île y laisse 12.000 hommes de 20 à 45 ans, des milliers de blessés.

Sa courbe démographique est brisée par ce manque de reproducteurs.

Elle est un réservoir d’hommes pour les guerres et l’encadrement de l’Empire colonial français. Vidée, en 1960 elle compte à peine 160.000 habitants.

 

Confrontée à la décolonisation, De Gaulle, pris de court par le refus du FLN lors des Accords d’Evian en 1962, envisage de transférer le site des essais souterrains nucléaires du Hoggar à l’Argentella. La Corse représente certes une proximité du Sud de la France et de l’Europe qui doivent avoir des garanties pour leur sécurité quel que soit son régime politique. Ce souci est majeur et légitime. Mais elle est aussi utilisée pour les interventions en Afrique et au Moyen- Orient (base de Solenzara et Légion Étrangère)…

 

– La fin de la décolonisation coïncide avec la nécessité de faire l’Europe et l’île de fonction de réservoir d’hommes passe à celle d’un territoire à développer par le tourisme pour les intérêts hexagonaux.

Le Manifeste du Cedic publié en 1964 avait prévu, il y a 55 ans déjà (oui 55 ans), la situation actuelle (voir photo). L’Europe balbutiait avec toujours les douanes aux frontières, le change des monnaies des États.

 

Rien n’a changé depuis. Les désastres occasionnés au Peuple Corse sont de même nature et produisent les mêmes effets depuis 250 ans. On peut les suivre sur en gros trois périodes :

 

– La loi Douanière, un siècle durant, et la saignée de la guerre de 14-18.

 

– L’exil des Corses pour les conquêtes et le maintien de l’Empire colonial « républicain ».

 

– À la Libération après la guerre de 39/40 la décolonisation s’accélère (Diên Biên Fû 1954 Accord de Genève avec Mendés France, FLN algérien-Accord d’Evian en 1962 avec De Gaulle).

 

Repli sur la «Métropole » et le Plan d’Action régionale en 1958 de Guy Mollet dans la perspective de la Construction européenne veut revitaliser les régions de l’hexagone par des sociétés mixtes. En Corse, la Somivac pour l’agriculture et la Setco pour le tourisme. La première servira à recaser une partie des Pieds Noirs aux détriments des agriculteurs corses. Le Schéma d’Aménagement de la Corse, vanté par le gouvernement comme une promesse d’Eldorado, révèlera sa vraie nature quand l’ARC rendit public ce document secret commandité par la Datar à l’Hudson Institut pour une étude prospective d’un développement touristique de l’île. L’État républicain choisit un développement rapide et massif (250.000 lits à créer en 10 ans et 70.000 techniciens du tourisme à faire venir).

Le coup de grâce alors que le rapport préconisait plutôt une solution qui préservait le patrimoine nature et culturel de la Corse.

La République ne reconnaît aucun droit au Peuple Corse.

Elle nie son existence et le condamne ainsi à disparaitre.

Le choc d’Aleria le 22 août sera un premier coup d’arrêt, une prise de conscience de la volonté de mener à bien le génocide de notre Peuple, mais il ne suffira pas.

 

En résumé, l’île désertifiée avec une population vieillie, une économie figée archaïque (pastoralisme pris en tenaille entre le monopole de Roquefort et l’herbe des « sgios »), une vocation naturelle au tourisme qui avait commencé avant la guerre (Hôtel Napoleon à Isula Rossa, quartier des étrangers à Aiacciu) est destinée avec la perte des colonies et l’idée de l’Europe à un tourisme de masse destructeur pour des investissements extérieurs (Schéma d’aménagement de l’Île rebaptisé « schéma de déménagement des Corses » vox populi).

 

Depuis le Cedic en 1964 jusqu’à la majorité « absolue » surgit en 2017, les natios n’ont plus droit à l’erreur. Leur responsabilité n’a plus aucune excuse. La perte d’une année pour essayer de réduire la contradiction des autonomistes est inquiétante. Ils ont des élus mais pas d’organisation de terrain capable d’emmener le Peuple à briser la muraille du jacobinisme. Femu à Corsica doit le premier se donner les moyens de cet outil. Il a des élus, il lui faut une base démocratique structurante au sein du Peuple pour le forger, pour le façonner, le tremper dans toutes les énergies qui lui restent pour survivre.

 

L’électoralisme préférentiel est une tentation mortelle. Rétro Satanas !

 

Max Simeoni.