Noël, Covid19, Élections…

La quadrature du cercle

Max Simeoni
par Max Simeoni
La campagne présidentielle a émergé ces derniers jours. Les candidats déclarés se sont manifestés par des meetings publics, salles remplies de milliers de militants, de sympathisants et de curieux. Ils ont affirmé leurs convictions et leur foi en la victoire dans la mesure où un scrutin favorable reste possible jusqu’au dépouillement. Mais tout reste à faire.

 

Tout reste à faire. Le premier tour des Présidentielles à franchir, les deux candidats restant en lice devront mouiller le maillot pour assurer une logistique efficace, compléter leurs financements… Une Présidentielle, c’est des millions pour le premier tour, et des rallonges pour le second décisif.

Valérie Pécresse a coiffé sur le poteau Éric Ciotti, député de Nice qui a déclaré, comme les trois autres battus, la soutenir. Il l’invite dans son village. Il convient d’affirmer l’unité de LR et de gommer toute trace de tension que les primaires de la Droite, ont pu laisser dans le « ressenti » des électeurs. Elle aura peut-être en sa faveur le courant féministe.

Macron continue sa campagne sur l’échiquier international. La commande des avions de chasse Rafales par les émirats arabes le pose comme un Chef d’État conséquent qui fait ses preuves, les réformes des retraites ou de l’enseignement, qui prêtent à discussion, sont renvoyées à plus tard. Il aura le soutien des industriels des armements qui, eux, ne sont pas à court de pouvoirs financiers.

Mélenchon fidèle à lui-même, tribun de l’extrême gauche, espère en regrouper les composantes et les débris d’un PS comateux. Anne Hidalgo, en mission officielle de réanimation du PS, a recours aux gaullistes coincés entre le LR qui sauve la face, Macron en tête des sondages qui repique et Zemmour qui bouscule les uns et les autres et joue habilement de tous les mécontentements. Elle baptise « Jacques Chirac » une voie le long de la Seine.

 

En Corse, les acteurs politiques doivent tenir compte des présidentielles en cours et manifester leurs présences.

Manif du PC qui veut replacer ses thèmes, l’emploi, la vie chère… Manif d’Inseme qui, face au pouvoir central, cherche un appui populaire en y conviant ses militants et des soutiens de l’activité socio-économique pour faire pression après les dialogues répétés avec Matignon et l’Élysée et obtenir au plus vite une réponse sur la libération d’Alessandri et de Ferrandi ou sur le versement de 80 millions à la Corsica Ferries suite à un délibéré du tribunal administratif et à la menace du préfet de payer directement, la loi le permettant.

Ces deux sujets ayant fait l’unanimité à la CdC, un dialogue n’est pas une demande abusive. Elle est démocratique.

D’autres « mobilisations » si le refus persiste sont prévues. Le rassemblement d’Inseme est considéré comme un flop par certains nationalistes. Argument réfuté puisqu’il ne s’agit que d’un début et l’expression d’une volonté de ne pas être que des élus « locaux » qui exécutent les décisions prises à Paris.

 

Le journal Le Monde du 6 décembre a fait un article disant que Gilles a la majorité des élus CdC et un soutien large, mais qu’il lui manque un parti organisé. Il n’est guère facile de le structurer en période d’effervescence électoraliste. Mais il dispose de temps avant les élections de la CdC. Les élections Législatives viennent après les Présidentielles. Un accord de reconduction des trois sortants nationalistes devrait être aisé à reconduire vu le travail en synergie qu’ils ont pratiqué au Parlement. C’est l’intérêt de tous. Les deux députés Inseme et celui du PNC ont le caractère et l’expérience qu’il faut pour l’entente et ils sont des autonomistes.

Gilles a voulu une majorité « absolue » faute d’avoir un parti de base qui sera un impératif pour faire céder le centralisme jacobin de la République au pouvoir en France. Donc, pour lui, actuellement pas de souci pour les candidats aux Législatives. D’autre part, les mains libres pour continuer l’action du ressort de l’Exécutif et éviter les rapports aigres entre Nomenclatures intoxiquées d’électoralisme. C’est un peu, si j’ose dire, la politique de l’écureuil qui amasse des réserves pour affronter les froids à venir. Sa volonté d’ouverture proclamée sans arrêt, mais sans ukases à subir, restera payante très probablement.

Certains politiciens hexagonaux du bout des lèvres murmurent que l’article 74 de la Constitution est utilisable, moins conflictuel que les articles 72 et 73. C’est ce qu’avait évoqué Alexandre Sanguinetti quand il était le patron du RPR. Une consultation de juriste du droit administratif a laissé ce même sentiment.

 

L’action de François Alfonsi député européen va dans le sens de l’histoire, celui de la reconnaissance de droits spécifiques pour les peuples sans État et les Îles, qui d’ailleurs ont toutes ou presque des statuts plus avancés que le nôtre. Une délibération avec une large majorité du Parlement européen a demandé aux États membres une action en faveur des langues minoritaires.

Le Covid19 ne facilite pas la campagne de Macron qui doit imposer des mesures pour l’endiguer, impopulaires. Maintenir la magie de Noël sans prendre le risque de laisser le Covid19 entraîner trop de dégâts… la quadrature du cercle. Ses conseillers doivent peu dormir. Ce sera mi-figue mi-raisin, quoi qu’il décide. Difficile d’enclencher la vitesse supérieure pour sortir du bourbier.

L’image que donne la Martinique ou la Guadeloupe, comme la nouvelle Calédonie demain peut-être, sont comme un échantillon d’avertissement d’insurrections qui couvent. Elles ont débordé du cadre Covid19 pour crier à l’abandon et au mépris. Lecornu parle « d’autonomie en creux » suggérée par les représentants qu’il a rencontré. Une prise de conscience se disant réelle, ou une manœuvre pour gagner du temps. De toutes façons pour maintenir le contact, car les promesses faites dans cette conjoncture n’engagent que lui. Il sert de fusible. Travail des commissions parlementaires concernées, nécessité de modifier la Constitution sans doute n’auront de conclusion qu’après les Présidentielles. Si Macron décroche le deuxième mandat, il verra la force dont il dispose pour des conduites fermes ou plus souples. On a connu l’espoir de la réforme de Jospin pour la Corse mais amputée par sa non élection. Il était, lui, je pense, de bonne foi.

 

L’autonomie interne est le moyen d’éviter le pire pour notre peuple. Il n’y aura pas de miracle. Il faudra, une fois acquise, s’investir corps et âme pour mettre en pool ce projet historique, être capable de rassurer la France et l’Europe, de garantir l’absence de menaces pouvant prendre appui sur l’Île. Les manœuvres conjointes aéronavales récentes montrent bien l’importance géopolitique de notre Île en Méditerranée !

Pour l’immédiat, je souhaite à tous le meilleur Noël. Et pour nos enfants, qu’ils aient l’avenir de sécurité et de bonheur sur leur Terre. •