Le piège jacobin s’est refermé l’attentisme est une faute

Le pouvoir républicain nous bricole un nouveau statut. • Les natios ne maîtriseront rien. • Dans un face à face avec un pouvoir jacobin hypercentraliste, il s’agit de résister et d’avancer, en faisant “ la tortue ” des légions romaines. • Or c’est dans le champ des natios autonomistes que la cohérence a le plus de lacunes.

La situation est claire. Le pouvoir républicain du moment nous bricole un nouveau statut : insuffisant, difficile à mettre en oeuvre et ne débouchant sur aucune autonomie susceptible de sauver notre Peuple. Ce dernier nié dans ses droits, n’a d’ailleurs aucune existence légale. Seule perdure la volonté de le faire disparaître.

 

Le pouvoir jacobin a oeuvré avec habilité

Le pouvoir jacobin était confronté à l’obligation de mettre en place l’Assemblée unique (AU) décidée par le gouvernement Hollande.

Cette restructuration allant de pair avec la constitution de Grandes Régions censées être plus économiquement efficaces, dans le cadre européen.

Dans un premier temps, l’AU consiste en la seule suppression des Conseils départementaux (ex Conseils généraux). À charge pour le gouvernement Macron de “faire le reste” dans un contexte où la majorité absolue appartient aux natios. Ceux-ci portant l’autonomie pour mandat et le Padduc comme base consensuelle locale avec les élus traditionnels.

 

Au nom du Peuple Corse

C’est donc au nom du Peuple Corse que les natios vont traiter avec le nouveau Président de la République, après avoir cherché à conserver et élargir le consensus acquis (du fait, notamment, de l’abandon de la lutte clandestine par les indépendantistes).

Et, sûrs de porter une légitimité démocratique avec le soutien de presque tous les Corses, nos élus se présentent à Paris. Ils pensent y avoir l’occasion de traiter le “problème corse ” dans un climat apaisé et constructif pour un avenir où les intérêts de chaque partie seraient préservés et complémentaires.

 

Ils croyaient, qu’ensemble, ils pouvaient faire du neuf

Arrivés au pouvoir sur les décombres des clans, alors même que, conjointement, ce nouveau et jeune Président était élu suite à l’effondrement des anciens partis hexagonaux, les nationalistes pouvaient croire qu’ensemble, ils avaient quelque raison de faire du neuf. Ou, pour le moins, qu’ils pouvaient prendre en compte les trois piliers du Padduc (coofficialité de la langue, statut de résident contre la spéculation immobilière, fiscalité patrimoniale pour sortie des arrêtés Miot).

Mais le Président de la République ne l’a pas entendu ainsi. Il a envoyé ses ministres pour mettre en oeuvre sa stratégie. Les ministres dirent “oui, peut-être ; non sans doute… ” Bref ni oui ni non. Le ballet paraissait confus mais les acteurs affirmaient que l’éclaircissement serait donné par Jupiter, en dernier lieu… À condition, au préalable, de faire le point avec le Premier ministre.

C’est ainsi qu’on a pu voir nos deux Présidents corses, sur le trottoir de la Place Beauvau, groggy, appelant leur Peuple au secours et prévoyant une manifestation pour peser sur le Président Macron avant sa venue marquant les vingt ans de l’assassinat du Préfet Érignac. Le Peuple manifesta.

 

Un éclair jupitérien

Macron répliqua par une mise en scène coiffée d’un formidable éclair jupitérien visant à réhabiliter Chevènement en héros de la République, le Président du Sénat pour témoin.

Cette consécration condamnait clairement le déviationnisme. Il indiquait au corps préfectoral et à l’administration la voie à suivre, et donnait caution à tous les antinatios sincères ou opportunistes.

L’électricité jupitérienne foudroie d’un côté, stimule de l’autre !

Cependant, et afin malgré tout, de tenir un consensus le meilleur possible les natios acceptèrent d’inscrire la Corse dans la Constitution.

Paris leur octroie alors l’article 72-5 et ils gardent l’espoir que l’année de négociation avant le vote d’une loi organique leur permettra d’arracher des moyens suffisants, tant en compétences que financiers pour répondre à leurs objectifs.

 

Dernières illusions

On vient de connaître la nature du 72-5. C’est un corset de fer.

Les dernières illusions sont dissipées.

Les natios seront sous un contrôle permanent des deux chambres du Parlement français.

Ils ne maîtriseront rien. Ni les conditions de la négociation, ni les processus parlementaires (commissions diverses concernées à un titre ou un autre, votes dans les hémicycles, navettes, avis du Conseil d’État et du Conseil constitutionnel etc.) Dans ce jeu ils feront office d’un ballon à dégonfler le plus possible, sans pompe et sans recours extérieur, l’Europe comprise. L’exemple catalan a montré que l’UE est celle des États et qu’elle ne peut intervenir dans leurs affaires internes.

Si le consensus reste dans l’air, s’il est un discours pour prouver que les nations n’ont pas fermé la route à une négociation raisonnée, de toute évidence il est momifié.

 

Avancer en faisant la tortue des légions romaines

Que peuvent faire les natios ?

Avant tout colmater leurs failles, leurs incohérences.

L’alliance avec Corsica Libera sans lutte clandestine, si elle restreint un peu les votes, peut être poursuivie.

En démocratie toute idée a droit de s’exprimer pour convaincre le Peuple souverain.

Et c’est dans le champ des natios autonomistes que la cohérence a le plus de lacunes. Dans la phase actuelle d’un face à face avec un pouvoir jacobin hypercentraliste, il s’agit avant tout de résister et d’avancer, en faisant “ la tortue” des légions romaines.

La fusion du PNC, d’Inseme et de Chjama a été votée par plus d’un millier de leurs militants.

L’atermoiement dans le piège jupitérien qui vient de se refermer est plus qu’une erreur, c’est une faute contre la cause de notre Peuple à sauver dont on s’est voulu les missionnaires.

Une fusion pour une organisation de la base capable d’agir au sein du Peuple, de le convaincre, de conserver sa confiance, en montrant une transparence démocratique exemplaire et une abnégation au service d’une cause sacrée pour laquelle on ne peut donner procuration à personne.

L’à peu près dans l’autodiscipline est une forme de renoncement ou d’inconscience qui conduit à l’échec. L’autodiscipline permet l’intelligence collective, celle des petits Peuples qui méritent leur survie.

Max Simeoni.

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