Lezzioni di a storia, Max Simeoni

Le Schéma d’aménagement pour la fin du peuple corse

Max Simeoni
Le Schéma d’aménagement de la Corse (1971-1985), adopté en Conseil des ministres le 4 août 1972, fixe pour 15 ans le destin de la Corse. En 1985, l’élimination du peuple corse (140.000 Corses pour la plupart des retraités et 180.000 non Corses, jeunes et actifs) était programmée. Il n’y a là ni hasard ni erreur, comme il apparaît à la lecture du rapport de l’Hudson Institute commandité par la Datar, enquête de l’Hudson Institute faite en juin et juillet 1970. C’est délibéré, longuement mûri.

 

In fine, l’Hudson Institute avance 4 scénarios. Deux sont voisins : le statut quo, plus ou moins, et le tourisme encouragé. Le troisième faisant confiance aux Corses, mais peu probable faute d’union de tous les Corses. Le quatrième donne à l’État le rôle de promoteur protégeant sa nature, son particularisme, sa culture.
Donc, deux options : érosion de l’identité culturelle par immigration massive, ou conservation et restauration de l’identité culturelle dans le contexte Corse.
Des risques avec la même politique, donc, de la mettre en question…

 

La manœuvre de la Datar.

La manœuvre de la Datar qui a ce rapport (été ou automne 1970) : « La Corse est promise à l’invasion touristique avec ou sans l’accord des Corses. »
L’ARC tient ce rapport et le dénonce en conférence de presse le 11 novembre 1971 après que le gouvernement avait adopté et fait connaître son Schéma d’aménagement optant pour la solution éliminant en fait le peuple corse. Pris en flagrant délit.
Des extraits et une analyse sont publiés dans Autonomia (édition 1974).
Certains organismes locaux sont consultés par la Datar, la protestation est générale. Le Conseil général y apporte 27 amendements. Mais le 27 juillet, le Comité pour l’aménagement du territoire approuve le projet et le 4 août le Conseil des ministres l’adopte. Quelques phrases du Schéma sont exhibées (principes directeurs) pour rassurer.
Un mauvais alibi, un monument d’hypocrisie car rien n’est prévu de favorable au peuple corse. Ni le réseau routier (voir Autonomia, carte p.115), ni le réseau hydraulique (p.117). Par contre les terres gelées ou construites par les promoteurs (p.119).

Ce Schéma d’aménagement est fait pour créer des équipements pour les promoteurs privés qui ont gelé les terrains et attendent l’aide de l’État et des collectivités locales (augmentation des centimes additionnels) ! L’aliénation du littoral est quasi complète.
Les promoteurs dans le Sud : Devèse, Lefèbre, Righetti, Guillemot, la Caisse des dépôts et consignations (les Glénans), Orgec (La Testa Ventilegne). En Balagne : Club Méditerranée et le groupe belge (La Buffa) à Sant’Ambroggiu, puis à l’Ostriconi (VVF de Lozari), à Calvi, à Lumiu, dans l’Agriate (Rothschild). Dans la région d’Aiacciu (golfe de Porticciu), la côte de Carghjese (golfe de Lava, San Bastiani). Sur la côte orientale : le groupe anglais de Diana, la Marana (CGTH), Pinetu (VVF Borgo), le domaine de Pinia, Casabianda, les camps allemands, l’affaire Jahlan à Campuloru… Dans le Cap Corse : le groupe Mattei à Roglianu…
Le « tourisme social » dans une seule ligne du Schéma (p.28).
Prolifération des guichets bancaires, 25 à la fin de 1968, 21 de plus fin 1971 dont un seul à Corte pour l’intérieur.

L’agriculture (p.122-127 d’Autonomia) détaille les mensonges d’État pour faire passer le projet d’une agriculture de rendement en plaine orientale conçue selon les perspectives de la Somivac…

Autres orientations : il n’y en pas !
Une industrialisation légère, l’université n’est pas citée, la formation professionnelle en deux lignes… le véritable sens du document postule la mort du peuple corse.

La mort du peuple corse (p.129) : un peuple qui n’est plus maître de ses ressources est un peuple colonisé. S’il devient minoritaire sur sa Terre, c’est un peuple mort.
L’accroissement naturel est de 0,2/an et de 0,6/an pour la France entière (p.11 du Schéma d’aménagement). Plus d’éléments âgés que la France entière. Population active en Corse 30 %, France 50 % (80 postulantes à un concours de sténo dactylo de la préfecture de la Corse pour un seul emploi).
Le sol historique est déjà aliéné (p.131 d’Autonomia), l’économie entre les mains étrangères, la minorisation démographique entraînant les valeurs culturelles, il n’y aura plus de peuple corse.

 

Centralisation. Colonisation. Élimination. Deux siècles pour y parvenir.

Et nous, que faire ? Discuter avec le pouvoir, certes, mais sans faire confiance et derrière un mouvement de terrain puissant. Faire en sorte que la moindre promesse de l’État jacobin soit entérinée par la loi. Donc juger sur pièce. Le mouvement reste à faire. Il faut sortir du regroupement qui ne rapproche que pour être les élus d’un statut insuffisant en regard de la mission historique, celle du sauvetage de notre peuple.
La force n’existe que dans le peuple. La lutte armée type de Libération nationale permet à l’État républicain de jouer la montre. Le temps historique qui reste pour un tel sauvetage est compté. Alors, qu’attendons-nous ? •