E riflessioni di Max Simeoni

Le tragi-comique de l’électoralisme

À longueur d’articles d’Arritti des années durant, je répète – certains diront tu ratiocines – que la mission historique des nationalistes, le sauvetage de leur peuple et de leur Terre, passe par une prise de conscience de ce peuple et sa volonté de survivre et qu’il faut une organisation, un parti dans son sein dont le but est d’obtenir au plus tôt la reconnaissance légale et l’autonomie interne. C’est le préalable incontournable. Il ne peut être franchi qu’avec le soutien du peuple.

par Max Simeoni

Le spectacle qu’offre les partis « natios majoritaires absolus » désole. Ils gèrent un statut « particulier », un de plus, qui ne leur donne aucune compétence, aucun moyen pour sauver ce peuple dont ils se disent l’avant garde en mission. Pire, ils se chamaillent pour être réélus et pour les postes, et non pour les indemnités inhérentes, leur idéal patriotique les immunisant de ce genre de tentation. Dans l’erreur, dans l’égo, mais pas des judas ! Ces dissensions peu reluisantes limitent la confiance et l’engagement de trop de Corses

 

Avoir des sentiments pour son village, sa famille, un cœur « gros comme ça » pour la Corse, penser qu’on est armé pour la défendre autant qu’un autre patriote paraît naturel, ça ne suffit pas. Il faut connaître les causes du déclin de ce peuple que l’on dit en voie de disparition pour ne pas faire fausse route, gaspiller temps et énergie en vain. Comment méconnaître ou oublier les 60 dernières années qui ont vu la naissance du mouvement national, s’en prendre aux clans et rétablir tant soit peu le suffrage universel, en allant aux élections falsifiées pour dénoncées les fraudes (bourrages des urnes par votes par correspondance, puis par procuration, listes électorales et d’émargements trafiquées…). L’État républicain laissant faire et les clans avant notre action nous exhortant : « présentez-vous donc aux élections pour avoir le droit de… » Nous l’avons fait pour avoir une tribune et dénoncer ce scandale des républicains jacobins locaux et parisiens. Nos scores se comptaient alors sur les doigts d’une main mais nous avons pu commencer à les traîner en justice et à faire condamner. Nous étions aux côtés des syndicats qui défendaient l’emploi (menace de fermeture du chemin de fer, fermeture de l’usine de Cànari…), aux côtés des socio professionnels qui s’accrochaient aux arrêtés Miot et aux décréts Impériaux pour avoir un statut fiscal, nous étions avec les agriculteurs qui voyaient la Somivac les écarter pour éponger l’exode des 18.000 pieds noirs, nous avons réunis des États généraux et la veille d’un scrutin nous avons eu une déclaration de tous les partis contre les fraudes électorales…

Après le CEDIC en 1964, l’ARC de 1967 à Aleria en 1975, développe une action acharnée au sein du peuple, dans l’île et la diaspora pour l’autonomie interne. Le mouvement après le procès d’Aleria doit tenir compte du FLNC qui inaugure les « nuits bleues » de la violence clandestine. Il n’a plus le champ libre. Vigilance et prudence sont de rigueur.

 

Un demi siècle après le CEDIC, la coalition des natios devient majoritaire au 4e statut « particulier » mais dérision, l’électoralisme sévit retardant gravement et même compromettant l’obtention du préalable de l’autonomie interne. La disparition de ce peuple voulue sans répit par une République de jacobins est possible à un terme de quelques décades sans l’autonomie. Plus de temps perdu, plus le risque augmente. Les chiffres hurlent : 160.000 habitants en 1960, le réservoir d’hommes vidé (saignées des Grandes Guerres et exil pour l’Empire colonial), à la suite d’une loi Douanière inique de 95 ans qui a appauvri et rendu peuple et Terre entièrement dépendants du colonialisme de l’État français. Repli sur l’Europe après la perte des colonies (accords d’Evian sur l’Algérie en 1962) et avec la paix, « la civilisation des loisirs », l’État veut rentabiliser l’île qu’il a vidée par un tourisme présenté comme la prospérité pour tous dans son schéma d’aménagement pour 1971-1985. Totalement mensonger, d’un cynisme incroyable, après lecture du rapport à la Datar secret de l’Hudson Institut qui, dévoilé, met à jour un projet de génocide, le coup de grâce pour le peuple par un tourisme massif et rapide (plus de 200.000 lits et 70.000 employés à faire venir en 10 ans). La noyade de ce qui reste d’autochtones ! Pris en flagrant délit, la Datar est réduite à mentir sans retenue, jusqu’à dire qu’elle n’y était pour rien, que les américains étaient des fantaisistes, jouant sur le secret figurant au contrat avec l’Hudson Institut.

 

Cette entreprise pour exploiter l’île en effaçant ses autochtones se poursuit mine de rien. Les chiffres officiels l’attestent. De 160.000 habitants en 1962 Corses et corsophones, la population est passée à 330.000 habitants en 30 ou 40 ans par l’apport de nouveaux venus pour l’essentiel. Les 30 % de défiscalisation pour «construction à valeur locative» ont fait de nous les champions en 5-6 ans des résidences secondaires.

Le tourisme est de 20 à 30 % dans le PIB insulaire, chiffre record qui souligne un déséquilibre important et la tendance au « tout tourisme ». Depuis son abandon en apparence suite au dévoilement du rapport « des américains », la même politique continue. Le piège se referme d’autant mieux que des Corses profitent de ce tourisme. Ils en ramassent en général que les miettes. Les gros bénéfices vont aux productions importées et à leurs financiers puisque l’île importe plus de 97 % de ce qu’elle consomme ou de ce qu’elle bâtit sans doute aussi. Toujours plus de monde, toujours plus de profits pour l’extérieur compensés par l’enveloppe de continuité territoriale rebaptisée DSP que se disputent les compagnies de transport, qui devait soulager le panier de la ménagère mais la vie insulaire reste toujours plus chère.

L’électoralisme sans gloire doit cesser. L’autonomie est une urgence, un préalable historique pour pouvoir « sauver notre peuple ». Un parti démocratique pour atteindre ce préalable doit voir le jour vite. Après le cycle électoral actuel, après les Présidentielles ? C’est possible à la condition que les natios en soient vraiment convaincus. L’espoir se mérite.