Les militants grognent, qu’attend-t-on pour serrer les rangs ?

 Le pouvoir central a ranimé les cendres du clanisme pour contenir les natios • Il refuse la Charte des langues minoritaires •Il refuse le statut de résident… • Nous en sommes réduits à négocier pour passer par le chas d’un article 72-5. Et pour espérer, dos au mur, une loi qui en définirait la nature et nous attribuerait des moyens. Danger...

 

Précédée par plus de 50 années de lutte des natios opposés au système jacobin-clan, une nouvelle période s’est ouverte. C’est l’époque des premiers succès électoraux et d’une série de statuts (Defferre, Joxe, Jospin..) accordés par l’État. L’Assemblée unique, dernier en date, accouche d’ailleurs difficilement. Au vu des objectifs du mouvement national qui entend sauver le Peuple Corse et sa terre, ces statuts sont tous insuffisants même s’ils ont été considérés comme une avancée vers l’autonomie.

La décolonisation achevée et la construction européenne commençant, les idées portées par le mouvement national ont, peu à peu, été adoptées, même si elles purent paraître farfelues, voir dangereuses.

Les frontières abolies, l’opinion a découvert que divers statuts d’autonomie sont légions dans les démocraties européennes et que l’État républicain hypercentralisé est une exception.

L’avancée laborieuse des idées des natios a connu son lot d’erreurs, de contradictions, de drames aussi, mais elles luttaient contre l’injustice, pour les droits des Peuples et des Hommes. Elles n’ont pas pu être escamotées.

Elles ont commencé à percer.

En parallèle, on a assisté à l’effondrement des partis hexagonaux avec l’irruption d’un Président sans opposition au Palais Bourbon, campé d’une opposition sénatoriale au Luxembourg. Toutes choses qui renforcent le pouvoir pyramidal detenu par ce Président pressé d’agir pour réformer la France. Il est cependant dans l’obligation de mettre en place l’Assemblée unique (AU) que le Parlement vient de voter sous Hollande.

D’autant que candidat à la présidence il avait pris une teinte girondine.

Parallèlement, ce chamboulement a vu la fermeture des clans et l’arrivée des natios aux commandes. Mais le Président de la République détient tous les pouvoirs, et même si l’Éxécutif entend parler au nom d’un Peuple étouffé, il n’a, pour négocier, que les pouvoirs d’un élu local.

Ainsi, le Président envoie des ministres qui évaluent, sondent, balisent… fixent des lignes, mais laissent le dernier mot à Jupiter qui brusquement dit non, commémorant l’assassinat du Préfet Erignac par une mise en scène.

Cependant, comme il doit mettre en place l’Assemblée Unique. Il laisse la porte institutionnelle entrebâillée par l’article 72-5. Ce dernier ne débouche pas sur l’autonomie mais maintient la Corse dans le droit des régions hexagonales ; avec l’espoir qu’une loi organique -dans plus d’un an ouvrira quelques possibilités d’agir. Le 72-5 est en négociation, il devra être défini d’ici fin mars mais sa valeur opérationnelle ne sera effective qu’après le vote de la loi organique (à négocier) par les deux Chambres, après avis du Conseil d’État et sans recours au Conseil Constitutionnel. La progression des élus natios prend les allures d’un trail.

Les vaincus de la passe électorale insulaire ont tous besoin du pouvoir central. Celui-ci les pousse à contenir la majorité natio. Ces derniers sont donc seuls contre tous. Ce pourrait n’être qu’inconfortable mais ils ne peuvent rien faire de valable pour répondre aux attentes des milliers de précaires, et aux espoirs des réveillés. Dans ce trouble général, ils portent seuls la responsabilité d’une stagnation.

Ils ont les titres d’une légitimité démocratique sans de véritables pouvoirs. Ils négocient avec l’État à flux tendus. Ils sont dans une situation d’usure où leurs adversaires font collusion afin qu’aux prochaines municipales et surtout, dans trois ans, aux territoriales, ils soient assez affaiblis.

Ce lundi matin j’écris quand nos élus vont être reçus par le Premier Minstre accompagnés par la main de Madame Corse.

Va savoir, dès ce soir, si l’article 72-5 est viable ?

Une question néanmoins se pose : l’ensemble natio a-t-il assez de cohérence, de force mobilisée pour exercer le maximum de poussée? Le pouvoir central n’ignore rien de ses atouts et de ses faiblesses. Il vise à céder le minimum. Il est jacobin et les natios lui demandent de se remettre en question.

Chaque dirigeant, chaque leader natio le sait et les péripéties de 50 ans de lutte le prouvent. Les exemples abondent : le rapport de l’Hudson Institut, la déclaration d’utilité publique pour imposer la ligne carbosarde que la Corse unanime refusait, la répression politique et l’usage de la barbouserie, les infiltrations et les manipulations des “services”… la Somivac, la Setco… les droits des prisonniers… et finalement tous les statuts spéciaux insuffisants.

Au mieux considérés comme expérimentaux en vue d’une régionalisation-déconcentration qui maintienne un pouvoir jacobin parisien.

La politique du consensus le plus large possible était nécessaire pour rassurer les Corses du clan évaporé, désorientés. Pour rassurer les natios déçus en retrait de leurs organisations. Pour montrer que le nouveau pouvoir local ne fait pas de chasse aux sorcières, mais veut bâtir l’avenir avec tous les Corses de bonne volonté.

Le pouvoir central a ranimé les cendres du clanisme contre les natios pour se donner de l’air et les contenir.

La gouvernance sans moyens suffisants ainsi que le parcours trail imposé par Jupiter mettent les élus natios dans les conditions d’usure accélérée.

Ils l’avaient compris puisqu’ils ont décidé en juillet en AG à Corti de fusionner et voter des statuts.

Huit mois après, rien. Ils sont toujours dans la configuration d’une alliance électorale et d’équilibre

entre les formations. Bizarre non?

Inquiétant sûrement !

Les militants grognent, les rumeurs s’amplifient, le silence des responsables commence à en exacerber plus d’un. Le choeur des crapauds emplit l’espace et ils crachent leur venin.

Qu’attend-t-on pour respecter la décision des militants unanimes de Corti ? Pour serrer les rangs, être à la hauteur du défi, et de la mission historique du sauvetage de notre Peuple.

L’adage dit que le Jupiter de l’Olympe rendait fous ceux qu’ils voulaient perdre.

Il nous a fallu quatre ans pour décider d’un Padduc. Nous savons que la co-officialité est incontournable pour sauver la langue. Nous faisons face à un refus face au statut de résident nécessaire pour freiner la spéculation immobilière et ses miasmes. Nous sommes dans l’incertitude sur tout. Et nous en sommes réduits à négocier pour avoir l’autorisation de passer par le chas de l’aiguille d’un article virtuel 72-5. Et pour espérer, toujours en négociant le dos au mur, une loi qui en définirait la nature et lui attribuerait les moyens.

Attention danger !

Max Simeoni.

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