Les natios vendent-ils la peau de l’ours ?

Alors qu’ils font face à un mur jacobin en béton, alors qu’ils sont dépossédés de moyens nécessaires pour entamer les réformes salvatrices, alors qu’ils doivent relever les défis d’une gestion difficile, que font les natios ? N’imaginent-ils rien d’autre que de défendre des candidatures pour les listes à venir ? C’est on ne peut plus irresponsable au point que cela mériterait un internement psychiatrique en regard de leur ambition jusque là animée par une cause historique.

 

Un minimum de bon sens, suffisamment d’honnêteté, et d’engagement civique sont nécessaires pour mener à bien l’idéal natio: sauver le Peuple Corse et sa terre.

De bon sens les Corses de plus de trente ans devraient en avoir à revendre pour avoir vécu jeunes ou avoir entendu leurs parents leur raconter les événements qui ont fait l’histoire du nationalisme insulaire en révolte contre le colonialisme par assimilation forcée de la République jacobine : La criminelle loi Douanière remémorée qui a, de 1818 à 1913, étranglé la production de l’île pour en faire un réservoir d’hommes pour ses guerres boucheries (1970, 1914, 1940) et ses conquêtes coloniales.

Le plan de développement agricole de la Somivac au détriment de l’agriculture des Corses, celui du développement touristique de la Datar (rapport secret de l’Hudson Institut) pour ne citer que ces exemples récents les plus criants.

 

Dans les années 60, l’île comptait 160000 habitants, et elle en affiche 300000 environ de nos jours, cinquante ans après, ce qu’elle avait au début du siècle précédent. Sa population d’origine est vieillissante à l’image de ses villages désertés. Le renouvellement a été assuré par l’apport extérieur. Cette catastrophe n’est pas le fait d’un hasard mais bien de la politique de l’État jacobin français, de son idéologie fondatrice antidémocratique, niant les différences culturelles et historiques au nom d’un égalitarisme universel dont elle prétend être l’exemple accompli.

Son jeune nouveau Président assume le projet jacobin à fond me semble-t-il.

 

À la suite de la “grandeur” des rois absolus de droit divin, décapités par la Révolution, l’Empire européen napoléonien cède la place (la révolution couronnée, selon Goethe) à la République impériale coloniale en compétition avec l’Empire britannique pour se partager l’influence sur le reste du monde sous-développé.

Trois grandes guerres affaiblissent les États européens coincés entre la montée des États-continents, l’URSS et les États-Unis. Faire l’Europe pour peser, pour faire la paix, et surtout pour survivre après les conflits armés destructeurs rebaptisés “ guerres civiles ”.

 

L’Europe est devenue une nécessité vitale. Pour le moment, elle est l’Europe des États et non des Peuples. Elle est fragilisée par leurs égoïsmes et leurs rêves de grandeur. La Corse est emprisonnée dans l’État français le moins démocratique parce que jacobin sans limite. La Corse est une des dernières colonies que la France étouffe sous son sein.

Le Peuple Corse n’a aucune existence légale, aucun droit, il est ainsi en voie de disparition et remplacé par des populations d’émigrés dont les flux s’accélèrent.

En cinquante ans, sa langue a davantage reculé que pendant les deux premiers siècles après Ponte Novu. Lors de ce premier siècle d’ailleurs, la langue française était pratiquement ignorée, les insulaires n’en avaient guère besoin pour leurs activités agropastorales.

Par la suite la grandeur guerrière de la République a puisé sans frein dans ses mobilisables et rendu facultatif leur “patois ”, remplacé par la langue officielle qui permet de donner les ordres et de commander.

 

Le nouveau Président n’a rien changé. En Corse, il a éprouvé le besoin de serrer les boulons quand il s’est trouvé devant une majorité “ absolue ” de natios ce qu’il a sans doute attribué à des concessions faites par les précédents gouvernements. Il a estimé qu’il fallait marquer un coup d’arrêt, stopper les dérives et revenir à un équilibre républicain plus conforme.

En un mois, il a transformé le nouveau statut, dite Assemblée unique, décidé par Hollande en un article 72-5, en une camisole de force ! Reste à négocier les moyens en compétences et en finances qui seront donnés dans la loi organique d’ici un an.

Peu importe d’ailleurs leurs niveaux, la procédure qu’implique le 72-5 permet au pouvoir jacobin de faire traîner en longueur, de rendre obsolète ou d’interdire toute initiative de réforme que les élus natios proposeraient. Coincés et bien coincés…

 

Les natios se plaignent, grognent de colère. La marée du consensus porteur de vote se retire et laisse ses débris sur les plages. Les élus errent au pied du mur de la citadelle des jacobins. Ils leur faut la franchir ou se noyer dans les fossés. Le Peuple est leur seule carte et non les élections car même si elles sont le passage obligé, elles ne suffisent pas.

Majoritaires ou pas, les élus ne font pas la loi, ils ne sont que “ des élus locaux ”, a dit le Président jupitérien.

Aussi, il est difficile de comprendre l’aveuglement qui agite les esprits de nos leaders. Qui, et pourquoi, refuse ou retarde la mise en place de cette fusion des autonomistes qui a été votée en octobre ?

Le but étant de mettre en place un parti démocratique cohérent, des militants responsables, capables de décider, d’assumer leur mission historique de sauvetage du Peuple et de sa terre.

S’il s’agit de vrais problèmes, qu’on le dise et qu’on en débatte.

On ne peut pas rester en suspension, dans l’ignorance et soumis à des rumeurs contradictoires invérifiables.

 

Pour ma part je ne vois que le poison électoraliste pour embrumer à ce point les esprits.

Les natios seraient-ils infectés par le virus de la pulitichella qu’ils ont combattu depuis toujours ?

Alors qu’ils font face à un mur jacobin en béton, alors qu’ils sont dépossédés de moyens nécessaires pour entamer les réformes salvatrices, alors qu’ils doivent relever les défis d’une gestion difficile et nécessaire pour répondre aux besoins pressants (les déchets mais aussi beaucoup d’autres…), que font-ils ?

N’imaginent-ils rien d’autre que de défendre des candidatures pour les listes à venir autour de leurs leaders réels ou autoproclamés ? C’est on ne peut plus irresponsable au point que cela mériterait un internement psychiatrique d’urgence en regard de leur ambition jusque là animée par une cause historique. Ils vendent la peau de l’ours ?

 

Max Simeoni.

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