Les urnes sont un piège. Comment en sortir sans une force populaire organisée en intelligence collective ? Nous sommes paralysés, nous sommes accusés de discrimination. Mais, jamais, auparavant, les émigrés n’avaient servi d’instrument à la disparition des Corses.
Ce dimanche 27 octobre, laissons un peu les municipales où l’on observe chaque candidat prônant soit le regroupement de sa famille politique, plus ou moins éparpillée, soit la recomposition de sa liste.
Le regroupement vise à être le plus large possible afin de glaner le maximun de voix et se rendre indispensable à moins qu’il ambitionne simplement d’être dans le jeu lors du renouvellement de mandature en existant dans les scrutins à venir.
Sur ce terrain poussent de beaux programmes, comme les champignons.
Entre concurrents, la critique se fait moins rugueuse. Pour ratisser large il faut cueillir les déçus, faute de pouvoir séduire d’emblée il faut se garder de heurter des sensibilités froissées !
L’électeur compte et s’il change de camp, il compte double.
C’est le jeu habituel des messages politiques quand l’élection débouche sur un pouvoir limité par les sentiments, ressentiments, égos lesquels interfèrent avec les idéaux sensés, eux, se décliner dans l’intérêt général.
Mais le stabilisateur de l’intelligence collective manque aux natios majoritaires pour diminuer le plus possible ces freins individuels. Les natios coalisés, et en particulier les autonomistes, ont manqué l’occasion de créer l’outil qui aurait permis d’aller sur la route de cette intelligence. En effet, la fusion votée en octobre 2017 laquelle a avorté leur a fait perdre 14 mois pour lancer Femu a Corsica. Une fusée sans poussée pour décoller…
Mais au sortir de ces élections comment ériger et roder ce parti démocratique de terrain au sein du Peuple Corse capable de tenir tête à l’État jacobin et de le faire reculer jusqu’à ce qu’il reconnaisse ce Peuple dans ses droits. Une coalition électorale complexe sans un stabilisateur peut-elle y prétendre ? Ou n’a-t-elle vocation qu’à se reproduire.
Conservatrice à court terme et aveugle, fragilisée de son fait, elle est impuissante à mener à bien son combat historique de sauvetage du Peuple Corse sur sa Terre.
On gagne des élections pourquoi faire ? Fait-on obstacle au renouvèlement de population qui s’accélère dans le sens de la noyadedu Peuple comme le voulait la Datar en 1972*. Ce peuple sans statut existe cependant et les natios sont élus en son nom.
Les urnes sont un piège.
Comment en sortir sans une force populaire consciente et organisée en intelligence collective ? Nous sommes paralysés, accusés de discrimination, de xénophobie.
Ainsi on entend dire que les émigrés sont une richesse. Or, il est vrai qu’il y a toujours eu des émigrés, mais jamais ils n’ont servi d’instrument à la disparition des Corses.
L’Occident vieillissant a besoin d’une main d’oeuvre jeune et peu rémunérée ? À qui profite ces afflux de pauvres ères? Pourquoi le nombre de Corses diminue tandis que le nombre de 60000 précaires augmente. N’est-ce pas, en Corse, qu’un génocide lent est à l’oeuvre ? Où est l’injustice quand on s’insurge contre une colonisation génocidaire. En droit républicain, nous ne serions pas un Peuple, il n’y aurait pas, non plus de génocide.
La co-officialité nécessaire pour sauver la langue, comme l’atteste le rapport de l’Unesco de 2002-2003 sur les langues régionales ou minoritaires, est au programme des natios. Là encore, l’hypocrisie cynique des jacobins est évidente. Comme l’eau au mourant, il distile un bilinguisme à sa main. Comment le pousser à le faire lâcher prise sans une volonté politique farouche de l’intelligence collective ? Peut-on se contenter des moyens insuffisants de l’actuel statut ? Comment y parvenir sans le pouvoir de légiférer de l’autonomie? Comment sortir de la dépendance économique qui conduit l’Île à importer plus 97% de ce qu’elle consomme ?
La Corse est vouée au tout tourisme pour l’essentiel. Davantage d’émigrés et de visiteurs, davantage de produits importés subventionnés par la continuité territoriale.
C’est un marché captif.
On se réjouit de l’accord signé avec le gouvernement Macron pour une autonomie énergétique en 2050. C’est un accord sans garantie : d’ici là les conditions peuvent changer, des prétextes peuvent surgir pour freiner. Où se trouve le moyen de pression pour obliger l’État à tenir parole ?
Les solutions d’un développement durable existent. Il suffit d’aller ailleurs pour les voir. Il y a 4 ou 5 ans je suis allé à Güssing en Autriche-Tyrol où les autorités locales ont repeuplé toute leur vallée alpestre désertifiée.
Grâce à la filière bois, le prix de l’électricité a été assez bas pour la repeupler en attirant des PME.
Le prix de l’énergie est déterminant en économie. Le Güssing pourrait inspirer nos élus.
Pour conclure, pas de salut sans un Peuple informé, solidaire et déterminé à se sauver qui exige son droit d’exister, de ne pas disparaître, qui refuse l’euthanasie et veut les moyens législatifs de l’autonomie pour assurer son destin. Il faut dépasser le jeu morbide de coalitions électorales pour des pouvoirs institutionnels qui restent insuffisants et qui conduisent à une Nomenclature élective qui veut se renouveler. Il faut un parti natio qui soit au niveau du projet historique, le parti démocratique de l’intelligence collective du Peuple Corse.
Dès que possible.
Max Simeoni.
* Le Rapport secret commandité par la DATAR à l’Hudson Institut en 1972.