E riflessioni di Max Simeoni

On va où ? Chì lo sà ?

Max Simeoni
par Max Simeoni
La lecture de l’actualité permet peut-être d’imaginer le court, très court terme, de l’ordre au maximum de deux… à trois semaines pour un optimiste ! Mais avec deux ou trois possibilités différentes, souvent divergentes.

 

L’exemple de la rencontre entre Gilles Simeoni et le ministre de l’Intérieur Darmanin est démonstratif. La rencontre est rendue publique en mars lors d’une visite dans l’île du ministre qualifié de « Monsieur Corse ». Ses compétences sont étendues aux territoires d’Outremer. Avant son retour Place Bauveau, il cosigne avec le Président de l’Exécutif un document faisant état des points à discuter en traçant quelques lignes rouges à ne pas dépasser. Le dynamique ministre a remplacé Madame Corse qui paraissait offrir une force visible d’inertie telle que la voulait sans doute le Président Macron. Ce transformisme de Madame en Monsieur Corse est dû à un évènement imprévisible, l’agression d’Yvan Colonna dans la prison de haute surveillance d’Arles. La responsabilité de l’État est patente. Le système carcéral est de son seul ressort. Mais à cela s’ajoute le rendez-vous avec le peuple français des élections Présidentielles, puis législatives. Une majorité confortable lui est nécessaire pour faire voter ses réformes. La flambée d’agitation de rue est à stopper d’urgence. D’où l’envoyé spécial Mr Corse, sa valise pleine… de promesses. La discussion portera sur tout, cherté de la vie, emplois, transports, etc., y compris autonomie…

 

Mais l’agitation, loin de se tasser, semble vouloir prendre, animée par les jeunes étudiants, lycéens… une tournure insurrectionnelle. Mr Corse reste figé dans ses starting-blocks. Les adultes qui encadrent les jeunes et toute la société s’emploient à les calmer, le calendrier surtout, les élections certes, mais les examens de fin d’année aussi, y contribuent…

Le Président n’obtient qu’une majorité relative. Il tergiverse pour trouver si possible un gouvernement qui lui convienne pour gouverner et commencer les réformes promises après le message que les législatives ont signifié, celui de Mélenchon plus de social, celui de Marine, moins d’Europe et plus de souveraineté, celui de LR première version, on ne fera rien avec toi !

Il nomme Première ministre Madame  Borne, compétente, connaissant bien la technostructure de l’État français, discrète mais volontaire. Elle semble être taillée d’un bois qui fait les poutres maîtresses. Elle paraît plus motivée par l’objectif à atteindre que par le carriérisme politicien. On verra vite si elle devient addictive au pouvoir après y avoir goûté… Je pense qu’elle ne fera aucune ombre à Macron.

Nombreux sont les parlementaires de LREM (Renaissance) qui se demandent quel sera le nouveau patron à suivre. Cette absence de dynamique est dépressive pour toutes les sphères politiques. Elles sont le doigt mouillé en l’air. Pas la moindre brise d’un espoir. Seuls les opportunistes pensent que c’est l’occasion de tenter quelque chose. Mais ils ne savent pas par quel bout s’y prendre. Attendre le chaos ? Pourtant il serait judicieux de proposer quelque ébauche de sortie et de réveiller la foi dans un avenir à construire. N’est-ce pas le rôle des nationalistes ? Ils dilapident tout crédit, les autonomistes les premiers en ne fusionnant pas comme leur congrès l’avait entériné à l’unanimité en octobre 2017. Gilles Simeoni fait sa propre majorité « absolue » pour réussir des entretiens (forme et contenus) avec le gouvernement, Darmanin en l’occurrence. Tous veulent participer pour être reconnus par le pouvoir central. Il faut être en salle d’attente d’un Palais de la République puis introduits par huissier de porte tout chamarré. Car en Corse on passe son temps à se disputer, à faire des élections les uns contre les autres… « Corsica non avrai mai bene ! »

 

Le tourisme représente 20 % du PIB, 3 fois plus que les régions les plus touristiques de l’hexagone et certains en veulent davantage. Des voix s’insurgent contre la pollution (déchets croissants, taxes), la TVA à la consommation n’est pas envisagée comme un avoir fiscal pour la Corse, mais elle est considérée comme telle pour les commerçants qui approvisionnent l’île.

Ce qui persuade le bon peuple qu’il coûte cher à la République, qui fournit plus de 97 % de tout ce que le brave indigène consomme… Certains commencent à rouspéter contre les gros navires de croisière en escale dans le port d’Aiacciu, aussitôt, le représentant des taxis et des cars locaux met en avant les emplois qui seraient perdus… Le GR20 a trop de succès, il a acquis une renommée mondiale dans le monde des traileurs. Surfréquenté, la pollution l’accompagne, la biodiversité est menacée…

 

Alors, rien n’a changé avec l’avènement des nationalistes aux commandes institutionnelles, comme le disent leurs opposants ? Oui et non. Rien n’a changé pour ce qui nécessite plus de temps et ou de moyens législatifs. Mais les idées ont avancé et elles précèdent les faits. Après le Conseil de l’Europe, l’UE, l’ONU, l’Unesco ont interpellé les États pour qu’ils prennent en compte les régions et les peuples minoritaires. Pour un État républicain comme la France, un territoire insulaire comme la Corse où demeure un peuple, cela passe par une autonomie interne pleine et entière et la coofficialité de sa langue. Il faudra donner des garanties de sécurité géopolitique, hier à l’État français, de nos jours à toute l’Europe du Sud. Il faut la bienveillance de l’État français et son accompagnement pour parvenir à cette autonomie. Une sortie en sifflet, progressive, par étape, le temps d’obtenir les moyens économiques et culturels d’une autonomie viable.

 

Le ministre semblait traîner les pieds, le voilà qu’il démarre en trombe. Sa visite est prévue pour le 20 et le 21 juillet. On aura une idée de ses intentions au-delà des promesses qui ne manqueront pas. Mais après ? Après Macron qu’en restera-t-il ? Comme après Jospin non réélu, la partie réforme de la Constitution a été enterrée, sans deuil. On a eu en définitive presque rien pour sauver notre peuple. Il manque des barreaux à l’échelle pour sortir par le haut.

Le FLNC réapparaît. Il se fait l’avocat des nationalistes indépendantistes, mais sans le dire franchement. Il invoque l’union nécessaire, malmenée par Inseme. Refaisons une coalition ? Car il critique la politique de Gilles sans remettre en question sa personne, son leadership. Il aurait été mieux selon moi que ce FLNC attende le résultat de ces rencontres pour se manifester, non ?

Attendons et observons donc, sans trop d’illusion.

Mais comment rebondir en cas d’impasse sans un parti organisé démocratique, pédagogique et ouvert dans le peuple corse pour la survie de ce peuple en proie à l’électoralisme qui divise pour se partager des mandats, des fonctions, du vent et un échec historique. •