par Max Simeoni
Dans un contexte dominé par un coronavirus dont on ne connaissait rien des conséquences pathologiques et économiques qu’il engendrerait, on a pu se rendre compte de la vulnérabilité de nos sociétés occidentales. Nos experts en virus les plus titrés, individus ou conseilleurs des autorités en conclave ont avancé des propositions diverses, opposées évolutives et largement reliées par les médias et les réseaux sociaux.
Les gouvernants ont cafouillé pris entre la pandémie et la crise économique. Ils ont suivi la courbe en cloche de la progression avec obligatoirement un certain retard, les décisions mal ajustées pour freiner la propagation. Aucun traitement, sauf faute de mieux la chloloroquine du Pr Raoult au début de la maladie, critiqué, vilipendé par des experts souvent par trop égotistes ou animés par les enjeux en rapport avec des laboratoires pharmaceutiques.
Actuellement devant une deuxième vague, le souci est celui des lits de réanimation qui sont insuffisants si le virus persiste. On déplace les malades. Après être passés des « gestes barrières » à la limitation des déplacements, au couvre-feu, au confinement, et revenir peut-être à un confinement strict. Pas de traitement ni de vaccin à espérer à court terme.
Le cafouillage s’enrichit de Vigipirate pour la menace d’attentat des islamistes radicalisés. La surveillance des églises, des mosquées, des écoles, la présence des forces de polices peuvent rassurer momentanément mais n’arrêteront sans doute pas les attentats. Peut-être même ils encourageront ceux qui les pratiquent prêts à sacrifier leur vie pour créer un climat de doute et de ripostes aveugles. L’État ne peut pas garantir la sécurité des citoyens contre la volonté de ces missionnaires fanatisés convaincus que la volonté de leur Dieu est de faire la planète entière régit par le Coran.
La Corse, que deviendra-t-elle dans les bouleversements en cours ? Les nationalistes « majoritaires absolus » d’une Assemblée de Corse de gestion « locale » que peuvent-ils faire ?
Sans un Parti uni et de plus sans Parti organisé dans chaque région de l’Île, la coalition élue, dont la principale composante du moment est autonomiste mais divisée, avec la perspectives des élections Territoriales assez proches, a comme souci de se faire réélire et n’est pas en état de penser à un mouvement organisé au sein du Peuple Corse. Elle fonctionne comme une coalition de Nomenclatures soucieuses chacune de conserver leurs mandats institutionnels. Ce qui amène une concurrence entre elles et entre les membres élus de chacune. L’ensemble nationaliste et les autonomistes en premier lieu, ne font pas bloc, et manœuvrent avec l’esprit de Nomenclatures coalisées électoralistes au grand jour et dans leur sein. Il n’y a ni mystère, ni hasard. Cela contribue à une ambiance de morosité, sans dynamique. L’incertitude s’impose, les critiques sincères ou pas sont déjà là. On peut craindre des difficultés imprévisibles aggravantes extérieures à la Corse. Le contexte insulaire actuel subit déjà ce genre d’événement, on n’est même pas certain que les Territoriales auront lieu à la date prévue. Les natios nomenklaturisés n’ont aucune garantie pour la suite de leur combat pour lequel ils existent, la survie du Peuple Corse menacé de disparition.
Le tourisme est un bon exemple pour illustrer un développement non maîtrisé qui joue directement sur sa Terre contre le Peuple Corse. Celui d’individus voyageurs curieux de connaître le monde, des lettrés, des écrivains a existé de tout temps (« Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage… »). Le tourisme de masse porteur d’un développement économique est plus récent.
Conquise par les armes d’un Roi de France, après la Révolution de 1789 et jusqu’aux Républiques, y compris la VIe, la Corse a toujours été traitée comme une colonie. Ce tout tourisme baptisé « Schéma d’aménagement de la Corse » en 1972 fixe le développement de la Corse pour 15 ans. Il est présenté comme le moteur du développement économique. « Il planifie la mort du Peuple Corse » selon le premier Autonomia de l’ARC paru en 1974 qui a eu en main le rapport secret de l’Hudson Institut dont un parmi les scénarii a démontré sans contestation possible ce choix de la République prise en flagrant délit d’un mensonge d’État équivalent à un génocide du Peuple Corse pour disposer plus vite de sa Terre à l’heure de « la civilisation des loisirs ». Cette Île qu’elle a vidée en s’en servant de réservoir d’hommes pour ses guerres et l’encadrement de son Empire colonial.
Ce projet se poursuit. Les chiffres l’attestent. 30 % du PIB, un développement économique productif « local » qui ne peut pas se structurer, un remplacement de population accéléré, 160.000 hab. en 1962, premier apport les 18.000 Pieds Noirs accueillis par la Somivac au détriment des agriculteurs corses après l’indépendance de l’Algérie, puis ces 30 ou 40 ans sa population a doublé, elle est passée à 330.000 hab. La partie vieillissante sont les autochtones et des retraités aisés capables de construire une résidence secondaire. Les 60.000 précaires sont surtout des autochtones et les pré-précaires tout aussi nombreux.
Si la réparation des dégâts va demander des efforts et du temps de partout, le tourisme ici sera plus en difficulté. Dans l’immédiat quid des vacances de Noël, de Pâques, d’été… ? Excellentes, sûrement pas, catastrophiques peut-être pas, médiocres probablement.
Cela va dépendre de ce virus qu’on doit endiguer sans traitement ni vaccin.
Les 30 % du PIB par le tourisme indiquent la dépendance de l’Île. Elle est un marché captif. Nous importons plus de 97 % de nos besoins, la DSP pour les faciliter. Tout est dans la logique du Schéma de Développement de la Corse de 1962 et du rapport secret de l’Hudson Institut de 1970. Rentabiliser la Corse, éviter les protestations des Corses en leur mentant pour plus facilement les faire disparaître et pratiquer des investissements immobiliers financièrement rentables.
En regard à cette politique mensongère et sans excuse, que penser d’une division des autonomistes et des natios en général pour des élections locales sans prise pour leur mission historique d’avoir à éviter la fin programmée de leur Peuple ? L’urgence n’est-elle pas plutôt à obtenir les moyens pour maîtriser au mieux son destin, c’est à dire d’avoir un pouvoir législatif, une Autonomie. Le préalable n’est-il pas de construire au plus vite un Parti au sein du Peuple pour cette urgence « historique » qui concerne d’abord les Corses puisque l’histoire de l’humanité nous affirme qu’on ne sauve pas un Peuple par procuration. Alors quand et comment ? •