Par Max Simeoni
Qui aurait pu imaginer une telle situation…
Qui aurait pu imaginer une telle situation après la fusion votée à l’unanimité des autonomistes au Congrès de Corti de 2017, refusée par le PNC de JCh. Angelini après 14 mois de négociations, puis la majorité « absolue » à l’Assemblée de Corse d’une coalition nationaliste.
Situation où l’épidémie d’un nouveau coronavirus embarrasse l’État qui cafouille dans le choix des mesures sanitaires pour l’endiguer avec les conséquences économiques et sociales qui s’ensuivent. Pédagogie pour les « gestes barrières », pas de réserves de masques ni de tests, restrictions des déplacements et regroupements, pour finir en confinement général, pause du virus en début de saison touristique puis il se remet à circuler en vitesse, plans d’aides aux activités économiques, couvre feu, reconfinement… le tout baignant dans des déclarations contradictoires d’experts médicaux divers ou institutionnels pour éclairer les décideurs politiques. Un méli-mélo énorme médiatisé par tous les médias et les réseaux sociaux. Du jamais vu dans le domaine médical où des batailles entre « grands » mandarins ont toujours existé, sans atteindre un tel niveau public et se limitant plutôt à la sphère médicale… Est-ce le début de temps nouveaux ?
Ou est-ce que ce nouveau virus nous a fait mesurer la fragilité de nos sociétés démocratiques, sophistiquées et individualistes. Nos valeurs affichées de liberté sont-elles portées par nos vertus ?
On a l’impression qu’un virus parmi tant d’autres déstabilise notre monde de fond en comble.
L’ambiance de la campagne électorale, les meetings, le scrutin, le dépouillement, la proclamation des résultats, la fête des vainqueurs avec des rassemblements, va dépendre de ce nouveau virus et de son humeur chagrine, il peut très bien obliger les autorités à différer « à une date ultérieure »… L’État a des soucis à se faire sans parler de la sécurité à assurer dans une autre « guerre » celle de certains djihadistes fanatiques (écoles, lieux de cultes, lieux d’affluence…).
Les difficultés économiques vont demander des efforts et du temps. Le recul par la crise peut se transformer en catastrophe à payer au prix fort par notre génération et celle de nos enfants. Possible rien n’est certain. Si le virus veut bien nous lâcher nous l’oublierons vite. Aucune certitude. On doit voir venir.
Le pouvoir local des insulaires ne peut jouer qu’à la marge et ponctuellement. Sans autonomie interne, sans pouvoir faire la loi, il a un handicap renforcé. Il surnage au gré des flots plus ou moins agités par ce sacré virus et à la remorque du navire amiral de l’État. Il ne s’agit aucunement de jouer facilement la carte de l’incertitude ou de l’anxiété. Mais simplement de souligner la difficulté d’agir un peu mieux dans ce cadre institutionnel limitant.
Si on joue l’optimisme, si on considère que le virus doit s’estomper à temps au lieu de s’amuser à caracoler, si cet optimisme devient réalité, on dira que les pessimistes avaient tord et on aura à s’employer pour réparer les quelques dégâts occasionnés. On ne se souviendra pas que personne n’était en mesure de faire un pronostic sûr et certain. En cas de catastrophe on sera mobilisés pour tenir bon.
Ceci pour dire que si l’avenir ne dépend pas que de nous, il ne peut se préparer ou plutôt se préserver au mieux que par les armes collectives qu’on se forge dans le présent. L’autonomie est une nécessité urgente pour sauver l’Île, l’héritage historique de notre Peuple. Non pas pour rêver, pour tenter de le calquer sur cette Corse rurale qui n’est plus mais pour préserver notre Terre vidée par le jacobinisme de la République pour ses guerres et son Empire colonial, puis vouée à un tourisme qui enrichit les financiers de l’industrie agro-alimentaire et du bâtiment. Le mauvais schéma du rapport secret de l’Hudson Institut qui, une fois dévoilé et rejeté par tous, est en cours mine de rien. Et bien en évidence toutes fois, la spéculation et les comportements mafieux qui en découlent.
Notre dépendance est quasi totale. L’essentiel tourne autour du tout tourisme. Plus de 97 % de tout ce qu’on consomme pour se vêtir, s’alimenter, se déplacer. Les retraites et les pensions de nos anciens sont une autre de nos ressources destinées à diminuer à presque rien avec le temps. Compressions de personnels, privatisations, délocalisations…
Le renouvellement de population du rapport de l’Hudson Institut devient massif par rapport aux capacités d’accueils des indigènes que nous sommes. Il nous pousse à disparaître. C’est un fait. Je suis le contraire d’un raciste. Nous sommes victimes d’un État jacobin. Il ne s’agit pas de s’en prendre aux arrivants, aux émigrés qui cherchent à gagner leur pain, ni à ceux qui aiment le soleil, les bleus de la mer et du ciel mais à tous ceux que l’enrichissement rapide motive et prêts à tout pour vendre le patrimoine naturel que nous devons laisser nos enfants. Je respecte l’Homme sans tenir compte de couleur de peau, de revenus, de culture différente. Sans restriction. Mais j’entends qu’on en fasse de même avec moi et les miens qui sont Corses ou le sont devenus sincèrement. Quant je défends mon Peuple en voie de disparition, je m’insurge contre une injustice majeure. J’ai le droit universel de le défendre. J’ai ma conscience tranquille. Je sais que je ne suis pas raciste ou xénophobe. Je suis Corse sans en rougir. J’ai un devoir et un attachement naturel envers cette Terre insulaire de mes anciens. C’est un trésor que je veux préserver pour le léguer à nos enfants non pour en faire un musée serait-il même écologique mais pour le développer adapté à son temps. Capable de maîtriser les nouvelles technologies sans perdre le contact avec un patrimoine naturel qu’on peut nous envier, qu’on peut partager si nous avons les moyens de pratiquer cette hospitalité qui est dans notre culture. Aujourd’hui il n’y a plus de dilemme. On nous impose de subir et de laisser la place.
Notre lutte est difficile. Elle s’inscrit dans la prise de conscience des mécanismes hostiles camouflés que la République des jacobins entretient. Une révolte agressive intempestive nous sert à rien. Il faut que nous œuvrions à créer une intelligence collective par le débat démocratique et non électoraliste seulement. Toute avancée de l’esprit démocratique est un pas possible vers le sauvetage. La détermination froide d’une volonté commune devant le péril commun nous conduira vite à l’autonomie institutionnelle. Acquise, une efficacité meilleure permettra de tenir la tête au dessus de l’eau et il faudra sans doute quelques générations pour construire une Corse, Terre et Peuple, à l’avant garde d’un modèle de civilisation de respect de la nature, de solidarité, et d’équilibre social. Les élections sans parti démocratique organisé et actif sur l’ensemble de son territoire et au sein de son Peuple, diaspora comprise, sont une erreur.
C’est la raison pour laquelle il n’est qu’une coalition de Nomenclatures coalisées en intrigues permanentes entre elles et dans son sein. Le Parti est une urgence historique. Les autonomistes doivent le faire non pas pour dominer. Mais pour mener leur combat sur la route de la démocratie et y amener toutes les composantes nationalistes, pour y ériger la force politique de tous ceux qui ont une fibre de la Patrie, la Terre des Pères selon le dictionnaire, prête à vibrer et à résonner en harmonie pour mener une lutte de sauvetage historique qui les transcende.
Amen ! •