E riflessioni di Max Simeoni

Peuple Corse. L’impérieuse nécessité d’un parti démocratique

par Max Sineoni
Cet article ne s’inscrit pas dans l’actualité telle la gestion des déchets ou les raids de la JIRS sur le Petit bar d’Aiacciu qui a succédé à la Brise de mer de Bastia. Il veut simplement commencer à préciser un sujet que j’ai souvent évoqué: la mise en place d’un outil sans lequel le but historique du sauvetage du Peuple Corse ne peut être atteint. Les nationalistes devenus «une majorité absolue» de ce 4e Statut particulier de Caseneuve après ceux de Defferre, Joxe, Jospin, n’ont pas freiné le déclin du Peuple Corse. Cet outil s’impose.

 

La Corse était vidée en 1960. 160.000 habitants. Elle en a 320.000 aujourd’hui. La population a doublé en une petite trentaine d’années par un apport d’une population allogène et non par la natalité de ses autochtones âgés. Ce n’est pas un hasard mais les résultats d’un cadre politico-économique du jacobinisme de la République française. Il ne respecte pas les différences issues de l’Histoire des peuples sous sa tutelle. Il les nie et les présente comme un obstacle à tous les progrès par rapport à toutes les valeurs universelles qu’il déclare représenter.

Les natios dans l’opposition locale ont joué le jeu de la démocratie, même si certains ont pu imaginer que le concept de Lutte de Libération Nationale (LLN), le choix d’une lutte clandestine armée, était le cheminement valable jusqu’au jour où l’impasse était visible, qui a mené à des règlements de compte et facilité les manipulations des officines politiques. Les autonomistes ont joué les élections comme un des moyens d’émancipation du Peuple par la voie démocratique et ont été amenés à lutter contre les fraudes électorales des clans pour améliorer un suffrage universel bafoué.
Fin d’Empire, Europe à faire, enjeu entre les USA et l’URSS, De Gaulle veut un pouvoir exécutif fort, élu au suffrage universel, et une bombe atomique pour que la France ne soit pas satellisée.
L’effondrement récent des partis, alternant Droite-Gauche, entraîne celui des clans et favorise une arrivée rapide d’une majorité de natios coalisés. C’est une victoire mais surtout électoraliste pour diriger une institution, un statut particulier, le dernier en date mais qui ne peut pas s’attaquer à la racine du mal jacobin. Il faut pour cela forger un outil performant.

Le statut CdC à majorité natios coalisés ne l’est pas. Il fait penser à une voiture repeinte avec un moteur poussif et des pneus à plats, conduite par des chauffeurs bien intentionnés. Il avance au pas, à petits pas, avec le risque de rester dans l’ornière.
Il faut un moteur assez puissant. Où le trouver? Certainement pas dans les combinaisons électoralistes. La preuve est administrée une fois de plus. Elles ne peuvent pas conduire l’État jacobin à se remettre en cause, c’est à dire à reconnaître l’existence du Peuple qu’elle a vidé en le destinant à n’être qu’un réservoir d’hommes et à plus forte raison d’avoir un jour des moyens d’exister. D’autant plus que, de ce territoire dépeuplé, elle tire les bénéfices d’un développement touristique. Il est entièrement dépendant, il importe plus de 97% de tout ce qu’il consomme. L’État le développera toujours plus pour en tirer le plus grand profit. C’est un des schémas que l’Hudson Institut a évoqué en secret pour la Datar mais pour le rejeter. Il est à l’œuvre: le plus possible de touristes et d’allogènes sur un territoire vidé de ses autochtones.

Il n’est pas question de nier la vocation touristique de la Corse, il s’agit de savoir à qui va profiter ce développement touristique. Or il faut réviser la Constitution pour obtenir la reconnaissance de ce Peuple et de ses droits par l’Autonomie interne. L’électoralisme pour le renouvellement de Nomenclatures électives est l’impasse d’où il faut s’extraire. C’est la première entrave qu’un Parti à base populaire doit couper pour retrouver le chemin de l’émancipation salvatrice.
La base de ce Parti est le préalable. Elle est organisée au sein du Peuple, de partout elle est à mettre en place dans l’Île et la diaspora avec un bon fonctionnement horizontal. Les militants se réunissent selon un règlement intérieur précis: un local régional ouvert avec des permanences assurées pour les militants ou le public, des débats avec ordre du jour, des compte rendus pour les absents occasionnels et des archives à jour, la recherche et l’approfondissement de tous les problèmes de la région, des actions locales globales ou par secteur d’activité (tourisme, jeunesse, sport, nature, culture, langue, la venue de conférenciers spécialistes du mouvement ou hors de lui… des actions concrètes pour étayer les préconisations des instances verticales…).

La base donc, dans la réalité de la vie du Peuple. Elle se veut comme un poisson dans l’eau.
Elle connaît, elle fait remonter informations et propositions aux instances verticales, elle répercute aussitôt les décisions prises sur son terrain. Elle désigne ses représentants qui font partie des  instances verticales. Elle est donc en première loge pour suivre leurs débats et embrayer sur le terrain.
Un fonctionnement démocratique, s’il nécessite un esprit démocratique de chacun de ses membres, est aussi le résultat de règles, de règlements collectifs. Il s’agit d’organiser une intelligence collective où chacun en toute conscience peut donner le meilleur de lui même dans la transparence et la confiance. Un mouvement comme un Peuple n’est pas fait que d’éléments parfaits, ni de saints. Un idéal d’appartenance, un désir de survie en commun peut être organisé en une force commune démocratique au service de tous et pour leurs enfants.
C’est sûrement la seule alternative pour une mission historique de sauvetage contre l’injustice des dominants, jacobins entre autres.
Les problèmes de l’immédiat peuvent être atténuer sans plus, mais les changements des rapports entre un État jacobin et le Peuple sa victime est un rapport de force politique sans concession.
On ne sauve pas un Peuple par procuration. J’ai en mémoire, sans les termes précis, une déclaration assez ancienne d’un patriote irlandais qui disait: «je préfère un militant bien motivé et bien informé car, si la nécessité s’impose, les armes lui pousseront dans les mains.» •