Rentrée euphorique pour les Natios ?

La rentrée est historique pour les Natios. Sur la lancée, Mairie de Bastia, CTC, et trois législateurs élus sur quatre, une majorité absolue CTC à portée de main, non seulement ils sont revenus au centre du jeu politique, ils sont incontournables, seuls debout devant le vide laissé par les partis historiques clanistes disparus comme dans un trou noir cosmique…

 

Eh bien non ! Ce processus logique ralentit près de sa conclusion. Peut-il s’arrêter ? Ceux qui votent plus en nombre que les cercles d’initiés voudront connaître les raisons. Et qu’elles sont-elles ?

De prime abord, on n’en voit pas, d’avouables tout au moins pour ce qui est de l’union des trois composantes «modérées ». Fond et stratégie similaires : reconnaissance du Peuple Corse et autonomie réelle à obtenir par la voie démocratique.

L’union électorale avec Corsica Lìbera après le retrait du FLNC ne pose aucun problème si ce n’est celui d’une liste commune au premier ou au second tour à l’élection de décembre de l’Assemblée Unique. L’union est une obligation pour garantir la voie démocratique et que la violence clandestine ne revienne un jour, d’une façon ou d’une autre, avec Corsica Lìbera ou en dehors d’elle. Il faut faire des efforts pour donner suffisamment de garanties et de confiance pour oeuvrer en commun au service du Peuple Corse.

 

Ne pas consolider le rapprochement est une erreur dans cette période favorable, les clans sans accroche au centre parisien qui les a nourris et domestiqués, flottant dans le vide. Paris attend de voir comment les Natios sur le ring vont sortir du catch dans la boue électoraliste. Il envoie en attendant des signaux contradictoires pour préserver sa capacité de manœuvre.

Le Premier Ministre ignore tout du problème corse, il veut en prendre connaissance. Combien de temps lui faudra-t-il avec tout ce qu’il a sur les bras ? On peut donc être Premier Ministre de France et tout ignorer de la Corse ? Il veut rencontrer tout le monde au point que nos trois élus législateurs qu’il a écoutés deux heures durant, ce qui est flatteur, ont éprouvé le besoin de souligner qu’ils représentent la majorité du Peuple Corse.

 

En résumé, Castener dit en vacances qu’il n’y a pas de créneau pour l’autonomie dans la Constitution et Philippe peu après dit « expliquez-moi vos soucis pour qu’on en discute ».

Le porte-parole de l’Elysée a dit non ce qui donne du crédit à tous les antinatios et le Premier Ministre a dit « je veux prendre le temps de comprendre et puis on verra »… les opposants aux Natios auront donc l’oreille de Castener, les députés ont eu les honneurs dus a des élus… sans aucun engagement.

Si le rapport de force politique avec l’État central fléchit, le Président républicain et son administration politique auront toute aise pour n’avoir aucun pas en avant sérieux à faire.

 

Un bilinguisme sous tutelle étatique, des lois ordinaires contre la spéculation sur la terre Corse, des arômes de spécificité au service d’une réforme de régionalisation générale pour payer les Natios comme on a payé les « nègres » avec des perles colorées quand était belle la colonie.

Le 29 juillet dans l’enthousiasme les militants se sont prononcés pour la fusion des trois composantes. Il est clair qu’il faut la réaliser sans tarder et qu’une Constituante pour une seule organisation démocratique est le passage obligé. On doit si besoin prévoir des dispositions transitoires pour que chacune des parties ne se sentent lésées ou numériquement dominées mais pour aboutir à une seule organisation débarrassée de toute réticence héritée du passé. Les statuts et un réglement intérieur peuvent être rapidement rédigés en concertation des trois composantes.

On a l’expérience pour cadrer les problèmes et les fonctionnements ératiques qu’on a vécus. On doit aboutir à une organisation de débats clairs, de choix démocratiques transparents. Un exemple de démocratie et de solidarité insulaire, réduisant à leur plus simple expression les égos, les « castes » de militants, et qui soient une antidote freinant toutes les «dérives » de la société Corse. Pas d’avenir pour la survie de notre Peuple sans autodiscipline démocratique et sans esprit d’abnégation au service d’un nombre suffisant de ses enfants.

Max Simeoni.