Un seul problème, une seule réponse

Les natios ne posent qu’un seul problème : le peuple corse est en train de disparaître du fait que la République française jacobine se sert de son égalitarisme pour effacer toute différence (un seul pays, un seul Peuple, un seul État, une seule langue), un colonialisme par assimilation.

Au prétexte des valeurs d’une République, exemple parfait de modernité et d’une civilisation universelle. Ce qui a conduit entre autres un Jules Ferry à mettre l’école obligatoire et gratuite au service de cette doctrine qui justifiait le colonialisme interne et un vaste Empire colonial.

Un rêve de grandeur passée…

Nos élus républicains continuent de siéger dans les palais fastueux de la Royauté absolue… La République a un ADN démocratique faible. Aucun pays européen ne veut copier ce modèle. Le diagnostic des natios est et pertinent: le déclin du peuple corse sur sa terre ne doit rien au hasard.

Il est programmé. La réponse logique est qu’il faut détruire ce lien jacobin.

Et pourtant les natios se sont souvent concurrencés, opposés même. Ils ont cherché ailleurs, chez ceux des peuples colonisés qui se sont libérés, les moyens radicaux pour faire plier l’État comme s’ils détenaient l’arme fatale anticolonialiste (FLN, ETA, IRA…) en négligeant les conditions spécifiques de chaque peuple colonisé (histoire, démographie, géopolitique…)

Elles avaient été bien cernées dès 1964 en publiant le Manifeste du CEDIC pour La Défense de l’Ethnie Corse par l’autonomie puis en proposant par l’ARC un statut d’autonomie interne (Autonomia publiée 10 ans après en 1974) revu et complété par l’UPC (Autonomia en juin 1991).

En janvier 1975, Giscard d’Estaing nomma un monsieur corse, Liber Bou, qui reçut une délégation de l’ARC dans son bureau à Rungis pour, dit-il, appliquer le programme d’Autonomia mais sans toucher aux institutions. Son échec et l’affaire de l’Hudson Institute menèrent tout droit, le 22 août, à la cave d’Aleria. L’État jacobin, irréductible, a toujours utilisé les relais clanistes pour diaboliser cette revendication. Une partie de la jeunesse s’est radicalisée, a réclamé l’indépendance et opté pour la Lutte de Libération Nationale. Une impasse même si dans la suite d’Aleria, elle a donné une publicité internationale au «problème corse».

 

L’injustice provoque chez les jeunes une révolte spontanée et ils font comme tous les premiers révolutionnaires l’expérience à leurs dépens des moyens répressifs d’un État (tribunaux et lois d’exception, police politique, renseignement, infiltrations, manipulations…).

La question de la menace qui pèse sur le peuple corse est éclairée depuis plusieurs décennies.

Mais la réponse pour la surmonter n’est pas encore clairement définie. Les natios la recherchent même s’ils ont bouleversé l’échiquier électoral. Les circonstances aidant, de force d’opposition les voilà devenus largement force majoritaire. Une divine surprise! Les avancées du passé gagnées au fils d’années de lutte ont brusquement été dopées par l’effondrement du système électoral parisien qui a entraîné avec lui celui des clans.

Dans les décombres, a émergé un Macron sans opposition dans l’hexagone et dans l’île les natios ont pris les manettes sur les ruines des clans. Or qui n’exploite pas sa victoire en regroupant ses troupes pour continuer l’offensive jusqu’à la victoire finale prend le risque d’en perdre le bénéfice.

D’autre part, ils ont sans doute imaginé qu’ils étaient en mesure de négocier avec cet inattendu Président aromatisé girondin.

 

Les natios ont lambiné, ils parlaient d’une impérative fusion sans la faire avec des arrières pensées de figurer sur les listes de candidats. Ils s’étaient peu préoccupés de leurs organisations de terrain pour une course aux mandats exacerbée par l’Assemblée Unique concoctée par Baylet du gouvernement Valls du Président Hollande mais que son successeur, Macron va mettre en musique. Le problème n’est plus les clans en morceaux, en mal de se ressouder pour survivre.

La greffe présidentielle n’a pas pris racine dans l’île. Ne pouvant pas rester seul face aux natios, il tente de Barat à Orsucci de placer un barrage de contention.

Les natios ont dû déchanter.

Ce Président s’affirme le seul patron, un gouvernement qu’il nomme, qui exécute, une Assemblée qui entérine sans opposition. Il veut tirer partie du délai de grâce pour réaliser le plus possible des réformes annoncées. Il ne veut pas s’embarrasser d’un «problème corse». Il régionalisera, déconcentrera par les préfets et ne viendra à l’autonomie que contraint et forcé.

L’exemple catalan a laissé penser trop vite que l’Europe des peuples prenait son envol. On mesure bien le pouvoir des États, il s’agit, pour le moment, de leur Europe et non de celle des peuples.

Les natios ne peuvent compter que sur leur peuple. Il ne suffit guère qu’il vote pour eux pour qu’ils dirigent des institutions inadéquates. Il faut qu’il le fasse en pleine conscience du danger des processus jacobins pour leur donner la force de vaincre, tout un peuple qui refuse sa fin programmée, qu’on ne peut abuser, prêt à l’effort pour faire plier une tutelle injuste et devenir maître au mieux de son destin. On est loin du but. L’affirmation de sa corsitude sans agir n’est que parole… Le corsisme affiché, un badge pour stationnement… seul importe le patriotisme du peuple corse conscient et déterminé dans une progression vers toujours plus de démocratie fraternelle et de solidarité. Les élections sans responsabilité citoyenne ne sécrètent que des poisons politiciens.

 

Le 15 octobre, la fusion des « trois modérés » a été votée et applaudie avec des Principes, une Charte éthique et des Statuts. Le nouveau parti ne fonctionnera qu’après la mise en place de l’Assemblée Unique à cause du retard pris. L’effort est consacré au scrutin de décembre.

Cette transition-rodage va concerner le nouveau parti et… l’Assemblée Unique.

Une telle force politique doit négocier contre un pouvoir hostile qui a les moyens de jouer de toutes nos faiblesses qu’il connaît parfaitement. Notre langue mal transmise dès l’enfance, selon l’Unesco disparaît. La terre des Corses sans pouvoir de légiférer est à la vente.

Un parti de gouvernement ? Sans une autonomie pleine et entière, une gouvernance limitée. Toujours moins de langue, moins de Terre, on peut à peine ralentir sur la route du cimetière des peuples.

On peut encore en sortir et prendre celle de l’émancipation, si les natios savent mobiliser assez de volonté et d’intelligence collectives.

Max Simeoni.

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