par Max Simeoni
Suite de l’article paru la semaine dernière (Arritti n°2715).
Il faut une autonomie interne pour mieux maîtriser le destin du Peuple Corse. C’est un rapport de force politique, civique et historique.
Les nationalistes n’ont pas tiré la leçon. Ils n’ont pas compris que la voie du sauvetage de leur Peuple menacé est politique et n’ont pas électoraliste. Les différents statuts (Deferre, Joxe, Jospin, Caseneuve) n’étaient faits que pour domestiquer une revendication inacceptable d’être reconnu comme Peuple sur sa Terre insulaire. C’est totalement incompatible avec l’idéologie de la République. Joxe avait fini par l’admettre pour son statut nouveau. Mitterrand face aux critiques des jacobins de tous bords avait proposé la formule de « composante du Peuple français » mais Badinter président du Conseil Constitutionnel s’était félicité de l’avoir fait annuler.
Badinter n’est pas un politique carriériste. C’est un progressiste, il a mené le combat pour la suppression de la peine de mort. Il était convaincu de servir l’universalité des valeurs de la République, la civilisation, contre celles rétrogrades de l’enfermement du communautarisme.
Les nationalistes sont les plus responsables de ce manque de lucidité dans tous les secteurs où ils se sont manifestés. Après plus de 50 années de lutte pour la reconnaissance du Peuple Corse et de ses droits, ils ont vu ou participé à toutes ses péripéties pour qu’ils puissent encore s’illusionner et jouer le rôle d’énuques dans le harem.
Dès le début, pour moi, 1964 à la publication du CEDIC où tout est clair. Le seul problème est de faire un outil efficace en fonction de notre but. Avec l’ARC, il s’agit de regrouper les forces qui peuvent cheminer ensemble en neutralisant les points de frictions momentanément puis d’éviter que la violence politique clandestine n’aspire à tout contrôler, tout en menant une lutte concrète pour La défense de la terre, contre la Somivac et en 1971 contre le tout tourisme du Schéma de développement. Le choc d’Aleria est cette défense de la terre agricole et touristique. Il faut gagner la confiance du Peuple Corse pour arriver à faire plier le jacobinisme institutionnel républicain. On est encore à ce stade.
Et que voit-on sur la scène ? Deux FLNC qui font une mise en garde commune, un autre qui veut reprendre le maquis. Des anciens qui ont payé le prix qui leur demandent de réfléchir et de se calmer. Des autonomistes qui ne fusionnent pas après un congrès unanime mais qui font une élection victorieuse en coalition avec des indépendantistes. Ils prennent la mairie de Bastia puis la CdC. Ils n’ont aucune opposition structurée. Ils pensent qu’ils ont la légitimité du Suffrage universel et que le pouvoir central tout neuf de Macron va devoir discuter de la Corse avec eux. Ce dernier leur inflige une mauvaise surprise, un jeu de marionnettes où ils reçoivent la bastonnade en présence de Chevènement.
Une opposition avec Laurent Marcangeli se gonfle puis se dégonfle un peu. L’État mobilise ses ministres, ses préfets et quelques fonds pour effacer le tête-à-tête avec les nationalistes. Les coalisés ne cherchent qu’à être réélus. C’est le bal où en dansant on change de partenaire, l’orchestre électoraliste accélérant le rythme.
L’autre bal pour la Présidentielle va tout couvrir. Les candidats(es) se multiplient. On n’en est pas encore à leur décantation.
Pour nous, ce qui nous manquent c’est du bon sens, un pocu di sumerinu, pè piglià u megliu chjassu. L’équation est simple, elle s’impose pour sortir du délire électoraliste pour des statuts spéciaux qui sont des chjostre.
Il faut sortir de l’étouffoir jacobin. Il faut une autonomie interne pour mieux maîtriser le destin du Peuple Corse. C’est un rapport de force politique, civique et historique. Il ne peut être que celui du Peuple lui-même. Il faut le convaincre car « on ne sauve pas un Peuple par procuration ». Les nationalistes n’étant qu’un catalyseur pour y parvenir. Sans ce Parti au sein du Peuple Corse, le jeu de marionnettes électoralistes cessera avec la mort du bastonné tête de maure. •