Un peuple qui reste à mobiliser

Le Président Macron, en difficulté avec les gilets jaunes, a lancé une consultation générale pour calmer le jeu et réévaluer son projet de réforme qu’il espérait faire entériner par le Parlement. Un peu avant, la Collectivité de Corse (CdC) avait prévu une consultation sociale de tous les acteurs socio-économiques pour agir structurellement et avec solidarité contre la pauvreté et le chômage.

 

La consultation lancée par le Président Macron disposera de tous les moyens de l’État, son bruit médiatique fera écran à la seconde. Chaque acteur concerné, individus, syndicats, organisations professionnelles crieront fort pour être entendu au sommet décisionnel, espérer quelques résultats, prendre date ou pour polémiquer par la suite.

Pour ce qui est de la CdC, l’enjeu est tout autre. Il s’agit de s’attaquer à un problème à l’échelle de l’île mais précis, grave et difficile et trouver les moyens pour agir au plus vite (60.000 « pauvres » et autant de précaires).

Et pour l’avenir, les perspectives d’un développement durable, ne serait-ce que sur la base du Padduc s’estompent dans le brouillard entretenu par l’État jacobin.

Dès lors, besoins immédiats ou appétits prédateurs se déchaînent.

Le Padduc voit sa cartographie attaquée de toutes parts.

Quant à la coofficialité pas question, elle est discriminatoire.

Mensonge. Comment peut-on qualifier un État dominant qui crée les conditions inéluctables de la disparition d’une langue ?

Criminel non ? Comment dire de lui quand il fait mine de soutenir cette langue par des moyens insuffisants ou nuisibles, comme donner de l’aspirine pour arrêter une hémorragie ? Hypocrite sûr !

Toute l’action que peuvent développer les militants culturels, les Corses motivés est nécessaire pour freiner le déclin et maintenir le symbole d’une résistance à l’injustice. Seule la coofficialité pourrait permettre une politique de sauvetage de la langue. Que ceux qui de bonne fois pensent qu’il y a des alternatives, aillent consulter sur Internet le rapport de l’Unesco de 2002-2003 sur les langues régionales et minoritaires et ils seront édifiés.

 

Comment peut-on dénoncer dans la consultation en cours une politique de domination coloniale de la France qui est constante depuis son acquisition par les armes de la Corse il y a deux siècles et demi.

Un siècle de « loi douanière 1818-1913» conclue par le car nage de 1914-1918, 12.000 morts au champ d’honneur et autant sans doute d’estropiés.

Un siècle où l’île voit son économie étouffée et le « réservoir d’hommes » fortement ponctionné.

Puis une période intermédiaire de 20 ans d’expansion de l’Empire colonial (le réservoir se vide) jusqu’à la victoire en 1945 des Alliés. L’Empire coule : Indochine, Afrique, Algérie… Repli sur l’Europe à construire.

En 1960, le réservoir d’hommes est vidé, 160.000 habitants en tout et pour tout selon l’Insee.

La propagande fait croire que l’île est irrémédiablement pauvre, qu’elle a une chance extraordinaire d’appartenir à une grande nation généreuse qui lui offre des carrières dans l’hexagone et dans l’Empire, que cet abandon, c’est que, au fond les Corses préfèrent les places de douaniers, de gardiens de prisons ou de musées et les chansonniers se déchaînent « la terre est trop basse pour les Corses… ils ont inventé la pioche avec un long manche pour s’appuyer dessus…»

Les technocrates trouvent une nouvelle destination à l’île dans le contexte du rapatriement, du renforcement de ses régions périphériques pour l’Europe et de la civilisation des loisirs où plages, bronzages et bikinis ont la part du lion… Plan d’action régionale, Plan d’aménagement… qui la vouent à un développement touristique massif et un transfert de population (250.000 lits à construire en 10 ans avec 70.000 employés techniciens du tourisme). C’est dans le rapport secret demandé par la Datar qui, dévoilé par l’ARC est retiré mais cette politique se poursuit par d’autres biais. Exemple de l’expansion des résidences secondaires par la fiscalité incitative qui a fait de la Corse championne de France en deux ou trois décades.

 

Des solutions non coloniales existent si on dispose d’un pouvoir qui donne la maîtrise au Peuple Corse.

On peut imaginer notre île comme une terre avec la pratique de tous les sports de la nature (montagne: escalade, trail, parapente, randonnées pédestres ou à cheval… Mer : natation, vol à voiles, skis nautiques, plongées… Ciel : pilotages de petits avions, planeurs, parachutages, etc., etc.). Rares sont les régions naturelles où on pourrait à Pâques skier au col de Vergiu le matin, rejoindre Portu en parapente et faire du ski nautique l’après midi.

Cette terre de jeunes serait en même temps une haute école où ils mettraient en pratique toute la discipline, toutes les règles du respect de la nature encadrés par des professionnels pour la surveillance et leur formation avec pourquoi pas un diplôme reconnu et validant le stage. Il ne resterait aux autorités qu’à passer des contrats avec toutes les institutions de France et d’ailleurs en charge de la jeunesse… avec inscriptions et tours d’attente (?) on pourrait y ajouter des cours loisirs de langues, Corse y compris.

On peut imaginer aussi notre île comme une des avant-gardes de la recherche pour la révolution numérique qui démarre en créant des accueils dans certains des sites les plus beaux aux chercheurs avec logements pour leurs familles, infrastructures de travail, ordinateurs performants, liaisons internationales… des sites à la californienne.

On pourrait s’inspirer d’exemples proches comme celui de la vallée alpestre de Güssing, vallée qui vivait de l’élevage et de l’agriculture de montagne et complètement désertifiée par la concurrence mais qui s’est repeuplée, en produisant de l’électricité à meilleur prix par une filière bois qui a attiré nombre de PME. Ses dirigeants sont prêts à venir nous dire qu’elles sont nos possibilités.

On peut affirmer que le développement durable de la Corse n’est pas possible dans le cadre de domination coloniale qui continue à régir la Corse et qui pousse son Peuple à disparaître.

On sait que, n’existant pas au regard de la loi, il n’a aucun lien légal avec sa Terre.

Que son potentiel NATURE, mer-montagne, est considérable, les experts de l’Hudson Institut en font l’éloge dans leur rapport à la Datar qui voulait le tenir secret.

L’Autonomie et la reconnaissance légale du Peuple Corse sont l’axe du combat et le préalable à une possibilité d’inverser la courbe du déclin programmé par l’État jacobin. Dire que c’est une recherche superflue est dicté par un mensonge de jacobin qui n’a rien à cirer du Peuple Corse ou par une incompétence autant navrante que démesurée pour qui se dit ou se veut Corse.

 

Les élections pour une institution bridée, castrée, elles ne peuvent pas être laissées au système à remplacer qui s’en draperait pour se légitimer.

La première phase de la préparation pour livrer la bataille de l’émancipation passe par un mouvement démocratique de terrain horizontal. La difficulté est que c’est à des élus à le faire.

J’ose encore croire qu’ils auront assez de jugeote et de patriotisme pour cette mission primordiale.

Sans le Peuple mobilisé sur le projet national, le pouvoir seul des urnes sera comme par le passé délétère, sous la houlette des jacobins.

Max Simeoni.

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