Une grande crise opportune ?

20h, ce lundi 10 décembre, le Président Macron s’adresse aux Français qui attendaient. Il parle les yeux droits devant, les mains posées sur une table.

Fermeté contre les casseurs, le Président Macron a entendu les plaintes « justifiées ». Il annonce, en plus de ce que le Premier Ministre avait fait savoir pour les carburants, des primes, le smic augmenté, des allègements ponctuels de prélèvements, les heures supplémentaires ne seront pas imposées, il maintient l’ISF ce qui doit créer des emplois, etc. Il demande aux employeurs qui le peuvent de verser une prime en fin d’année… pour les fêtes. Il lance l’idée d’une consultation générale, institutionnelle et publique, élargie pour trouver ensemble les solutions. Or parmi tous les mécontents, bien d’entre eux, aux ronds points commençaient à vouloir plus, ils pensaient à une VIe République, plus démocratique, moins pyramidale, moins « royale ». Une sorte de révolution pacifique qui impliquait le départ de Macron. Peut-elle avoir lieu ?

 

Les gilets jaunes ont secoué la Ve République branlebalante mais aucune opposition classique ne peut prendre le relais et les gilets jaunes n’ont pas d’organisation pour le faire.

C’est à leur tour de répondre au Président. Vont-ils négocier ? Seront-ils d’accord sur tout ? Une pause puis revenir dans la rue ?

Les conséquences économiques ne sont plus négligeables pour les finances publiques mais aussi pour les entreprises privées.

Macron est jailli d’une crise du système des partis alternants.

Roi Soleil au sommet de la pyramide, il croyait être en mesure de réformer vite et bien, aujourd’hui il est clair qu’il s’agit d’une crise plus profonde de régime. Si l’accumulation des mécontentements à révéler l’impasse, on ne voit pas la suite. Un dénouement assez rapide et satisfaisant paraît peu probable… aucune force politique n’est visible capable de stabiliser l’hexagone et de le relancer avec un moteur neuf sans crainte de ratées…

Quant à nous, Corses, aurons nous la visite prochaine d’un Premier Ministre fort préoccupé ou plus tard dans le menu des « régions » à la rubrique annexe des Îles, l’article 74 semble exclu, le 73 ne suffit pas et le 73-5 taillé sur mesure convenait à Macron pour nous tenir en laisse. Le Premier Ministre, s’il nous rend visite, cherchera à gagner du temps, avec quelques bonbons (?) et de toutes façons nous devons attendre la réforme de la Constitution. Impossible de savoir si elle aura lieu, quand et dans quelles conditions.

 

Si nous ne pouvons qu’attendre, ce n’est pas sans rien faire. Au contraire, il nous laisse le temps de mieux nous positionner comme force politique dans l’esprit des Corses pas assez convaincus et pour en gagner davantage ce qui est primordial pour ériger cette force large, populaire irrésistible en capacité historique de sauver le Peuple sur sa Terre. La confusion et l’incertitude actuelle peuvent nous aider.

Sans câbles à fixer à Paris, le système des clans en chute libre s’est écrasé. Ils espéraient quelques poussettes de Macron et jouaient pour l’opinion des électeurs à droite comme à gauche (sauf leurs extrêmes), les mêmes airs d’accordéon (« rien ne sert d’affronter l’État »… de s’obnubiler sur des réformes institutionnelles… priorité à l’emploi, au chômage, au PIB, à la cherté de la vie, à l’économie, au maintien du service public…).

Aujourd’hui les anti natios, comme tous les doctrinaires républicains, sont désorientés.

Macron en crise n’est plus jouable. Et pour le moment ils n’ont plus aucun saint à qui se vouer. Ils se tassent sur l’île, Paris paraît bien loin et dans le brouillard.

Nos trois députés natios, eux, sont bien placés pour servir de vigies.

 

Et nous, ici, comment en profiter pour nous renforcer puisque nous avons les mains plus libres ?

C’est limpide si on ne perd pas de vue le principe de base : la survie du Peuple Corse menacé par le système pervers du jacobinisme ne dépend que des Corses (on ne sauve pas un Peuple par procuration). Ce Peuple affaibli, dépendant et aliéné a un besoin vital de mettre en jeu toutes ses ressources pour survivre. Les natios ne doivent pas renoncer à y faire adhérer aucun de ses enfants. Et cela passe par la mise en pool d’un mouvement démocratique autonomiste fort ,ouvert et cohérent.

Un tel mouvement exige que les autonomistes s’impliquent tous sans réticence, avec la conviction de l’urgence et avec l’idée qu’il faut du temps pour un tel outil. L’outil Femu a Corsica n’est qu’une tentative imparfaite pour sortir de l’ornière où nous pataugeons depuis notre élection aux territoriales. Avec notre majorité absolue électorale nous avons cru qu’on avait droit à la parole et au dialogue avec l’État, qu’on pouvait avancer avec un Padduc pour ce faire. Il a fallu déchanter mais on a déliré quand on s’est imaginé qu’avec cette Assemblée Unique, chaque composante de la coalition devenue majoritaire pouvait jouer un rôle… Bref on a perdu un an et perdu de vue l’essentiel que le jacobinisme de l’État est un rapport de force brute. Si nous le perdons, le Peuple Corse verra son déclin s’accélérer. Il ne s’agit plus d’équilibrer des composantes, des pépinières d’egos fébriles, impatients de prouver leurs mérites pour la cause ou de se prouver à soi-même quelque chose. Mais de faire un noyau incassable qui résiste à un marteau pilon pour préserver un avenir à nos enfants sur leur terre.

Femu a fini par exister. Il a des statuts. À ses élus et à ses militants actifs lors des élections passées et gagnées, revient le rôle de créer cette base démocratique.

C’est un rôle à contre sens car en démocratie c’est l’organisation qui fait les élus et les mandats appartiennent au mouvement. Les élus doivent lui rendre comptent. Ils ne sont que des mandataires quelques soient leur qualité personnelle.

Cette difficulté du passage d’une coalition électoraliste à un mouvement démocratique enraciné dans son Peuple comment ne pas la percevoir quand on a du consacrer autant de temps à essayer de lancer Femu a Corsica.

Majoritaires ou pas, la difficulté reste entièrement identique. Nous sommes dans l’opposition à un État jacobin qui conduit à notre effacement comme Peuple. L’outil ne peut être que démocratique et exemplaire où nos différences, tenant à notre passé ou à nos appréciations quant aux priorités et aux moyens à se donner, sont débattues et surmontées. Le risque d’erreur est réduit et en cas contraire, il est assumé par tous, ce qui permet de rebondir. Rien de tel avec un Chef qu’on suit ; ce qui, en cas de difficulté majeure, déresponsabilise et éparpille sa troupe.

 

La prochaine AG de Femu a Corsica devrait élire le collège des militants après les fêtes.

L’Exécutif du mouvement et un collège mixte ont été désignés le deux décembre. Restent les huit «Régions ». La base pour tout dire. Du toit et des soupentes il faudra construire cette base, qu’elle se rode et assume son rôle essentiel de mouvement démocratique salvateur du Peuple.

La crise française et peut être européenne ou plus large sans doute doit nous inciter dans ces temps incertains d’avoir l’outil qu’il faut à notre Peuple quoiqu’il arrive. S’il en est ainsi j’aurais l’occasion de vous en reparler pour en discuter tous ensemble.

Bon Natale.

Max Simeoni.