« Qu’il est dur de résumer toute une vie d’engagements en 3 minutes. Max Simeoni représente tellement pour le combat autonomiste aujourd’hui à un tournant de son histoire !
Pour Marie-Christine, son épouse, pour Julia, Ghjuvan’Carlu, ces enfants qui sont là, Albert, pour tous ses petits-enfants qu’il adorait, il est encore bien plus, bien sûr, et manque cruellement.
Sa disparition est une perte immense. Aucun d’entre nous qui l’avons connu suffit à témoigner de ce qu’il était, tant il a compté pour tous nos combats. Tant il a pesé dans la vie de chacun.
Fondateur du nationalisme corse contemporain, son frère Edmond disait de lui : “il m’a tout appris”. C’est dire l’importance de Max pour la Corse ! Max le visionnaire, le stratège, lui qui a conceptualisé très tôt les fondements du nationalisme et porté la reconnaissance du peuple corse et de ses droits aux plus hauts niveaux. Notamment en plaidant sans relâche pour une autonomie pleine et entière. Mais surtout, plus que tout, lui qui a défendu d’arrache-pied ce qu’il appelait la voie démocratique.
Il disait souvent, en pestant contre les dérapages et les faiblesses humaines de nos combats : “Pour bâtir une nation démocratique il faut des comportements irréprochables du point de vue démocratique, à commencer entre nous, les nationalistes qui se doivent toujours d’être exemplaires !”
Élu municipal, élu territorial, député européen, il a été un interlocuteur incontournable pour l’État, pour le nationalisme corse, nous lui devons beaucoup. Il est intervenu bien des fois pour empêcher des drames en Corse.
Et puis il y a l’Homme : humaniste, altruiste, toujours à soutenir toutes les luttes, même les plus désespérées, d’une grande intelligence d’analyse, avec une obsession à prévenir les erreurs, à démonter les mécanismes de perversion, à anticiper les pièges et les manœuvres, et d’une détermination à toute épreuve, même fatigué, même malade, jusqu’à ses derniers instants.
Il disait souvent : “s’il le faut je serai le dernier des Mohicans !” C’est dire sa détermination !
Max est le grand témoin d’une histoire riche de sacrifices et d’enseignements pour toutes nos lutes en Corse, en Europe, et même dans le monde tant sa disponibilité était permanente et généreuse, au grand dam des siens à qui nous avons tous volés indirectement de précieux instants qu’ils auraient dû passer ensemble.
“La lutte te prend tout mais elle donne beaucoup à ton peuple” disait-il pour nous encourager à nous investir toujours plus.
Il avait ce souci qu’il savait vital de la transmission.
C’est pourquoi je m’adresse aux jeunes générations : inspirez-vous de ces grands hommes, de ces grandes dames, méditez sur les messages qu’ils nous ont laissé. Soyez à votre tour des témoins, des faiseurs d’histoire, tout comme Max l’a été.
Pour Max Simeoni, je remercie du fond du cœur la Fondation Maurits Coppieters dont il a connu celui qui porte son nom, et l’ALE à qui il était très attaché.
Arritti qu’il avait voulu comme un outil d’émancipation par l’information, ceux qui le portent aujourd’hui, nous tous, nous ne l’oublierons pas, et nous faisons nôtres ses messages.
Et à vous, Max, défenseur acharné de notre langue et de toutes nos langues de peuples : ùn ci scurderemu mai, avete purtatu alta a bandera mora è partecipatu à fala rinasce, avete suminatu è oghje pudete ripusà in pace, vinceremu per voi, a vostra voce ùn si spinghjerà.
Merci Max, merci pour tout. » •