François Alfonsi au Parlement européen

L’impérieux besoin de soutenir l’économie des îles face aux continents

François Alfonsi siège dans la commission du développement régional (REGI) au sein du Parlement européen. Parmi les priorités de son mandat : impulser une politique pour les îles. Il a œuvré à l’adoption du rapport sur les îles pour que soient fixées de nouvelles directives en soutien au développement économique et à la reconnaissance des territoires insulaires, avec son rapporteur, président de la commission REGI, Younous Omarjee. Mais il faut plaider et relancer en permanence les arguments de l’insularité face à la Commission européenne qui transcrit le droit européen et obéit avant tout aux règles de territoires continentaux… Le 7 février dernier, les membres de la commission s’exprimaient en présence de Mme Margarethe Vestinger, commissaire européenne en charge de la concurrence qui a acquiescé au besoin de prise en compte des difficultés des îles. Voici l’intervention de François Alfonsi.

 

« Je viens de Corse, je vais renchérir sur mes collègues. Je crois que votre perception n’est pas juste. Il se passe, sur les territoires insulaires, des mutations profondes depuis une génération qui nous amènent régulièrement vers davantage d’activité touristique, et va nous amener d’ici une génération à une mono-activité touristique. Car il y a un déséquilibre considérable entre une économie insulaire qui doit faire face à des surcoûts – les transports, les ruptures de charges, mais aussi le coût de l’énergie qui est toujours plus cher, le coût des ressources humaines qui sont plus difficiles à recruter, etc. Donc nous avons de vrais problèmes structurels et il faut des mesures correctives. Si on ne veut pas arriver à des économies totalement déséquilibrées par la mono-activité, par la saisonnalité, par aussi l’appauvrissement culturel et l’appauvrissement en production propre. Pour nous, ces mesures correctives, elles sont importantes et les économies des îles n’ont jamais mis en péril les économies du continent. Par contre, je vois tous les jours dans mon pays, en Corse, comment l’économie d’un continent peut mettre en péril l’économie d’une île, car il exerce une concurrence qui n’est pas loyale. Alors, il y a eu un rapport dans ce Parlement, qui est le rapport porté par notre président, M. Younous Omarjee, je pense que ce rapport appelle à un véritable dialogue. Et je souhaite, et je compte sur vous car je sais que vous êtes une femme de dialogue, pour qu’on se mette vraiment autour d’une table et que l’on analyse cette situation. Il y a besoin de mesures correctives. Ce n’est pas la fin du monde si une règle des minimis* tient compte des surcoûts pour être appliqués dans un territoire par rapport par rapport à un territoire où l’économie est beaucoup plus souple et beaucoup plus productive. Il y a vraiment un problème, il vous a été exprimé ici collectivement ce soir et je souhaite que vous le preniez en compte avec l’ensemble du collège des commissaires. » •

 

* La règle de minimis fait partie des règlements décidés par l’Union européenne pour encadrer le fonctionnement des aides aux entreprises, en fixant un plafond d’aides publiques maximum pouvant être attribuées à chaque entreprise de façon à ne pas fausser la concurrence. L’objectif actuel de la commission est de réévaluer ce plafond de minimis pour la prochaine période de programmation, sans retenir de dérogation pour les territoires insulaires où il est souhaité qu’il soit plus élevé pour tenir compte des surcoûts observés pour les économies insulaires.