Le Congrès de l’Alliance Libre Européenne s’est tenu à Strasbourg les 13 et 14 octobre dans une actualité internationale très lourde. Il s’est ouvert sur une minute de silence en souvenir de toutes les victimes de la barbarie du Hamas dont l’ALE condamne les attaques contre Israël. Mais plus que jamais l’ALE réaffirme aussi ses valeurs fondamentales, l’humanisme et la recherche de la paix par la reconnaissance des droits de tous les peuples à l’autodétermination.
Après l’hommage à Max Simeoni et Winnie Ewing (lire en par ailleurs), l’accueil d’une nouvelle eurodéputée au sein de l’ALE, membre de l’Union Démocratique Bretonne, Lydie Massard, qui siègera au sein du groupe Verts-ALE, suite à l’élection au Sénat de Yannick Jadot, Unser Land, parti autonomiste alsacien, membre de l’ALE, mais aussi de R&PS, accueillait les congressistes et son président Jean Georges Trouillet a fait lecture d’une « Déclaration pour l’Alsace », afin que son pays retrouve une entité régionale propre, noyée qu’il est aujourd’hui dans la région Grand Est. De même, à la clôture cette fois du congrès, les congressistes étaient invités à soutenir la revendication d’autonomie pour l’Alsace en posant pour une photo avec des affiches « Autonomie Jetzt ! » (Autonomie maintenant ! en alsacien).
L’évènement politique était la désignation des spitzenkandidats, les deux porte-paroles de la campagne pour l’élection européenne de juin 2024 qui porteront les revendications de l’ALE auprès des listes qu’elle soutient. Deux personnalités fortement dynamiques et communicants : Maylis Ro ßberg, de la minorité danoise à la frontière entre l’Allemagne et le Danemark, membre d’EFA Youth, la branche jeunesse de l’ALE qui témoigne encore une fois qu’il est un parti qui laisse toute sa place à la femme comme à la jeunesse ; et Raül Romeva, ancien ministre de la Generalitat de Catalunya, condamné à 12 ans de prison par l’Espagne pour avoir pacifiquement participé au référendum sur l’indépendance, libéré après 4 années d’emprisonnement, des manifestations monstres pour la libération des prisonniers et la pression politique solidaire qui s’est organisée en Europe.
Plusieurs intervenants ont encensé l’action, les valeurs et les revendications de l’ALE. De deux anciennes eurodéputées écossaise et galloise, victimes du Brexit aux eurodéputés actuels qui ont exposé leur mandat, notamment, pour François Alfonsi, la question des îles, de la macro-région Méditerranée, des langues, de la défense des droits des peuples opprimés comme les Kurdes, les Amazighs ou l’Artsakh.
Le drame qui se déroule en Artsakh dans l’indifférence de la communauté internationale qui détourne le regard sur l’invasion de cette petite nation par le dictateur d’Azerbaïdjan, a fait des centaines de morts et condamné à l’exil des dizaines de milliers d’Arméniens contraints de tout abandonner, « leurs terres ancestrales, leurs maisons, leurs églises, leurs cimentières »… a dit Vardan Barseghian, ancien diplomate de l’Artsakh. « Il s’agit d’un véritable nettoyage ethnique… C’est aussi un échec de l’Union européenne » pour « des calculs politiques honteux » (le transit vers l’Europe du gaz russe par l’Azerbaïdjan). Il a appelé l’UE à respecter « ses propres valeurs et principes fondamentaux en condamnant de la manière la plus ferme et en suspendant tous les échanges avec l’Azerbaïdjan ». En quelques jours, l’Artsakh, dont le parti démocrate est membre de l’ALE, s’est vidé de ses habitants. 120.000 personnes à qui on a volé leur pays ! L’ALE apporte son soutien total à ce peuple martyr, demande la mise en place d’un couloir humanitaire et le rétablissement de tous ses droits.
« On n’a pas quitté l’Union européenne, on nous y a arrachés » a dit Heather Andersson, eurodéputée du Scottish National Party qui a rappelé les référendums massifs en faveur d’une Écosse dans l’Europe : 62 % d’écossais souhaitaient y rester, plus de 70 % souhaitent y retourner. Le SNP a remporté huit élections pro-indépendance. Il vise une majorité au parlement écossais pour se retirer de Westminster, adopter une constitution écossaise, et faire que l’Écosse réintègre l’UE.
« Je suis eurodéputée galloise, je le resterais toute la vie » a dit également Jill Evans, du Plaid Cymru qui remercie l’ALE grâce à qui son parti comme le SNP continuent à pouvoir agir en Europe.
Diana Riba, eurodéputée d’Esquerra Republicana de Catalunya, membre du Forum des Femmes de l’ALE a témoigné de l’action en faveur de leurs droits dans une société « pensée pour les hommes, par les hommes, c’est particulièrement vrai dans les prisons où elles sont doublement enfermées, physiquement et socialement ». Elle aussi a été condamnée suite au référendum pour l’indépendance, parmi les 4500 personnes emprisonnées pour avoir voulu « défendre la liberté et le droit à voter ».
Nanette Maupertuis, présidente de l’Assemblée de Corse a souligné l’importance de l’ALE dans les instances européennes comme le Comité des régions, le combat pour davantage de pouvoirs pour les nations sans Etat, pour les régions et pour les villes européennes, traduisant une véritable attente des territoires.
Valentina Servera, présidente de l’ALE Jeunes a défendu les revendications pour le vote à 16 ans et la consultation systématique de la jeunesse pour tous les choix qui a concernent.
Les Spizenkandidats ont ensuite enflammé la salle en exposant de manière tonitruante et enthousiaste les principaux axes de campagne adoptés par l’ALE au travers de son Manifeste. Raül Romeva a souligné l’apport à la lutte de Max Simeoni et Winnie Ewing, « Nous leur devons beaucoup, ils sont les pionniers de notre lutte pour le droit à l’autodétermination ».
L’élection ne sera pas facile tant les modes de scrutins partout en Europe restreignent la représentation des nations sans État. Il faudra compter avec le jeu des alliances pour être représentés et pouvoir reconstituer le groupe ALE au sein du parlement européen.
We strive for e Europe for All, dit le slogan de cette campagne, nous luttons pour une Europe pour tous, au-delà des thèmes forts de l’ALE de la reconnaissance des langues et des droits des peuples à l’autodétermination, un combat pour plus de Democracy, Diversity, Sustainability, Solidarity & Prosperty !
Rendez-vous au mois de juin. •
F.G.
