Le parti indépendantiste gallois, membre de l’ALE, le Plaid Cymru, a obtenu 20 % des voix et progressé d’un siège avec 13 élus au Parlement gallois.
Le principal changement à l’issue de ce scrutin est l’effacement de UKIP, le parti pro-Brexit créé dans le contexte de la campagne du referendum de sortie de l’Europe. Il a perdu tous ses élus et ses électeurs ont pour l’essentiel rejoint les Conservateurs de Boris Johnson.
Aussi, malgré sa progression, Plaid Cymru reste cette fois derrière le parti conservateur, loin derrière les travaillistes dont le Pays de Galles est un bastion historique, un des rares que le Labour ait réussi à conserver dans un Royaume Uni désormais largement acquis au Parti Conservateur.
Avec 40 % des voix, et 30 sièges sur 60, les travaillistes gallois échouent d’un cheveu à conquérir la majorité absolue. Mais ils savent pertinemment qu’ils peuvent gouverner seuls et qu’il n’y a aucun risque que les voix de Plaid Cymru et des conservateurs se joignent pour former une coalition alternative. Si bien que Plaid Cymru restera une mandature encore à l’écart du gouvernement gallois.
La différence entre la situation en Ecosse et au Pays de Galles tient au rapport de forces avec le parti travailliste. SNP et Plaid Cymru partagent une même et large sensibilité de gauche, qui correspond à celle de ces deux peuples qui ont été durant l’Histoire aux avant-postes de l’industrialisation et du syndicalisme.
En Ecosse, le basculement a eu lieu en 2007, quand le parti nationaliste a devancé enfin un parti travailliste usé par l’exercice ininterrompu du pouvoir. Leur majorité relative, même très faible, leur a permis de faire leurs preuves au gouvernement, tandis qu’ils développaient avec plus de force un message indépendantiste que les travaillistes écossais persistaient à combattre aux côtés de Londres. Quatre ans plus tard, en 2011, ils sont passés de 31 à 69 sièges et à la majorité absolue, contraignant David Cameron à accepter le premier referendum de 2014. Ce referendum a été perdu, mais il a brisé le parti travailliste écossais en deux, entre ceux qui soutenaient le projet d’indépendance, et ceux qui la combattaient.
Depuis, le SNP a récupéré beaucoup des travaillistes qui sont de plus en plus nombreux à être pro-indépendance, notamment depuis le Brexit très impopulaire en Ecosse.
Aux dernières élections écossaises, le Labour a encore reculé de deux sièges, et il continue sa descente inexorable en restant empêtré dans ses contradictions face à une Angleterre de plus en plus dominée par les conservateurs, de plus en plus anti-européenne, et que, malgré cela, il continue à soutenir. Ce qui explique pourquoi les Verts écossais, dans leur alliance avec le SNP, ont cette fois beaucoup progressé en Ecosse.
La même évolution surviendra-t-elle au Pays de Galles ? Le « gap » entre nationalistes et travaillistes reste pour l’instant trop important, et le levier du rejet du Brexit n’y est pas aussi puissant qu’en Ecosse ou en Irlande du Nord. Au Pays de Galles, c’est le « yes » au Brexit qui l’a emporté en 2015.
Mais depuis Plaid Cymru a franchi un palier en passant de 13 %, leur score habituel auparavant, à un niveau de 20% confirmé par ce dernier scrutin. L’affaiblissement du Parti Travailliste à l’échelle du Royaume Uni dans son ensemble pourrait se répercuter lors de prochains scrutins aussi à Cardiff.
Entre Pays de Galles et Ecosse, il y a en fait deux décennies d’écart ! •