Sulidarità Corsica Catalunya

Demucrazìa !

De dr. à g., Elisenda Paluzie, Marie Pasquale Castelli, François Alfonsi et André Paccou.

«Nous ne demandons pas que vous souteniez l’indépendance de la Catalogne. Vous pouvez être pour ou contre ou n’avoir pas d’avis. Mais nous voudrions que les peuples européens respectent le droit d’autodétermination, puisque c’est un droit universel qui est inscrit dans l’article 1er du pacte politique et civique qui fait partie de la Charte des Nations Unies ». C’est par ces mots qu’Elisenda Paluzie a introduit dans une salle comble la conférence-débat organisée par le tout récent Cumitatu Sulidarità Corsica-Catalunya qui compte d’ores et déjà plus d’une centaine de membres dans l’île.

 

La présidente de l’Assemblée Nationale Catalane, organisation de la société civile qui rassemble plus de 90.000 personnes, était en Corse ce 23 mai pour rendre compte des exactions commises par le gouvernement de Madrid en Catalogne. Elle dénonce la répression sur les élus mais aussi sur les citoyens catalans, les multiples atteintes à la démocratie, les dérives totalitaires et en appelle aux opinions publiques européennes pour qu’elles « agissent et se manifestent contre la répression politique » qui sévit depuis la réussite du référendum pour l’indépendance en octobre 2017. «On est dans un contexte de violation très grave des droits fondamentaux en Espagne. La répression vise non seulement des dirigeants politiques mais des personnes anonymes du peuple catalan ».

À la mort de Franco dans les années 80, les Catalans acceptent le statut d’autonomie qui leur est proposé, même s’ils le trouvent insuffisant. La Catalogne récupère de nombreuses compétences notamment dans le domaine linguistique.

Mais très vite Madrid y met des entraves : tentatives de recentralisation, « asphyxie financière du gouvernement catalan, attaque aussi contre l’usage de la langue »… C’est l’impasse ! Un nouveau projet de réforme pour trouver de meilleurs équilibres est alors engagé. Il est approuvé par 90% des députés du parlement catalan. Mais lors de l’examen au congrès de Madrid, il est considérablement revu à la baisse notamment sur la question fiscale, et sur la reconnaissance de la Catalogne comme « nation ».

Les Catalans néanmoins l’approuvent car les compétences sont renforcées pour la langue. Le Partido Popular à Madrid entame un recours devant le Tribunal Constitutionnel espagnol qui, au terme de 4 ans d’instruction, annule toutes les dispositions qui représentaient un progrès. Pire, « il fige une interprétation très dure de la Constitution.

C’est donc une régression là où l’on espérait une avancée. Cet épisode est très mal vécu en Catalogne car toutes les lois espagnoles et toutes les procédures démocratiques avaient été respectées » (approbation du parlement catalan, puis du congrès en Espagne, puis par le peuple lors d’un référendum). Ce rejet par le Tribunal constitutionnel est d’autant plus scandaleux « qu’il n’a jamais été approuvé par référendum par le peuple catalan comme la Constitution espagnole le veut ».

 

La société civile commence alors à s’organiser. Durant deux ans, un «minireferendum » sur l’indépendance est organisé dans 555 villes et villages dans toute la Catalogne. Au total, 1 million de personnes y participent. Cette mobilisation populaire donne naissance en 2011 à l’Assemblée Nationale Catalane.

Le 11 septembre 2012, pour la fête nationale catalane, l’ANC organise une manifestation qui rassemble 1,5 million de personnes dans les rues de Barcelone alors que précédemment ces manifestations rassemblaient 10.000 personnes tout au plus. Rassemblements, manifestations, chaînes humaines, les démonstrations pacifiques dans les rues se multiplient avec le même succès. Les partis politiques tentent une nouvelle négociation avec Madrid. En vain. De 2012 à 2014, le parlement catalan se dit favorable à l’organisation d’une consultation sur le droit à décider du peuple catalan qu’il prépare de manière légale et constitutionnelle.

Madrid s’y oppose mais plus de 2 millions de personnes y participent et le oui l’emporte largement. Le gouvernement espagnol engage des poursuites contre les organisateurs. Au terme de 2 ans, le président de la Generalitat Arthur Mas et trois de ses ministres sont condamnés à l’inéligibilité et une amende de 5 millions d’euros par la Cour Constitutionnelle pour désobéissance.

En 2015, une coalition des partis catalans remporte les élections sous le sigle Junts per sì (unis pour le oui) qui a inscrit la déclaration sur l’indépendance à son programme. Junts per sì remporte une majorité absolue des sièges (72 sur 135) avec le renfort d’un petit parti indépendantiste radical (Cup). La déclaration d’indépendance aurait pu être prononcée, mais en octobre 2017, les indépendantistes décident d’organiser d’abord un référendum.

La suite on la connaît, Madrid s’y oppose par la violence. Dès le mois de septembre, elle déploie 10.000 policiers en Catalogne pour intimider la population, mène des perquisitions pour rechercher et confisquer urnes ou bulletins.

Les Catalans usent de trésors d’ingéniosité pour acheminer les urnes le jour du référendum, ouvrir les bureaux (en y organisant des activités la veille et en dormant sur place). Le jour du référendum, la guardia civile essaie d’empêcher le scrutin par des charges violentes dans les bureaux de vote, frappant sans discernement femmes, enfants, personnes âgées. Personnes ne ripostent, pourtant, dans les jours qui suivent, responsables politiques et associatifs, dont les plus emblématiques sont emprisonnés ou contraints à l’exil, mais aussi enseignants qui avaient ouverts les écoles, jeunes qui tentent de manifester etc. Et après d’énièmes tentatives de négociations, la déclaration d’indépendance est prononcée. Madrid convoque alors de nouvelles élections, à nouveau remportées par les indépendantistes à la majorité absolue. Le président Puigdemond en exil, un nouveau président, Quim Torra, est élu.

Même chose pour l’ANC, son président emprisonné, c’est Elisenda Paluzie qui est élue pour le remplacer.

 

À ce jour «9 dirigeants politiques ou d’associations sont toujours en prison à Madrid, certains depuis 7 mois, 7 autres membres sont exilés dans quatre pays de l’Union européenne (Suisse, Belgique, Ecosse et Allemagne) ». Leur procès aura lieu en septembre. Ils risquent jusqu’à 30 ans de prison. 700 maires de Catalogne sont également accusés de désobéissance et risquent l’inégibilité.

Les Comités de défense de la République qui ont organisé grèves et manifestations diverses sont également poursuivis et menacés de prison, accusés de terrorisme et de sédition… « L’Espagne est le deuxième pays après le Cambodge qui comptent le plus de disparus dans le monde». « Il n’y a pas eu de travail de mémoire » dénonce encore Elisenda Paluzie, «on n’a jamais cherché tous les fusillés et leur corps n’ont jamais été rendus à leur famille ». De même, « il n’y a pas eu de condamnations des juges franquistes. Et les mêmes juges ont été maintenus sous la démocratie. Il y a toute une tradition franquiste dans la Justice espagnole qui s’est poursuivie ».

Les Catalans ont besoin du soutien des opinions publiques européennes. En juillet, avec le soutien des députés nationalistes, le Cumitatu Sulidarità Corsica-Catalunya organisera une conférence- débat au Palais Bourbon. La mobilisation continue.

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