Après des années de lutte du peuple Kanak, parfois tragiques, qui ont conduit aux accords de Nouméa il y a tout juste vingt ans, le premier référendum d’autodétermination de la Nouvelle- Calédonie vient de se dérouler. Avec un taux de participation de 80,63%, les Calédoniens ont démontré leur envie de décider eux-mêmes de leur avenir. C’est une victoire de la démocratie.
Malgré des sondages qui donnaient le « non » à la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie largement vainqueur à 70% voire plus, le résultat des urnes est beaucoup plus serré : le camp du « non », avec 56,40% des suffrages, l’emporte, et c’est incontestable, mais d’une courte longueur, seulement.
Cette victoire du « non » cache, cependant, de fortes disparités :
– La Province sud avec la ville de Nouméa concentre les richesses et l’emploi (5,8% de chômeurs). Elle est aussi la province où la présence kanake est la plus faible (26% seulement). Elle a voté à 73,71% contre l’indépendance.
– La Province Nord et celle des îles qui sont peuplées majoritairement de Kanaks (94% pour les îles Loyauté et 70% pour la Province du Nord) sont les plus pauvres de Nouvelle-Calédonie (près de 20% de chômeurs sur les îles Loyauté et jusqu’à 21% dans certains villages de la côte-est de la Province Nord).
Elles ont voté majoritairement pour l’indépendance :
82,18% pour la Province des îles et 75,82% dans la Province Nord.
Le peuple Kanak, peuple premier de la Nouvelle- Calédonie, est, malgré la très large autonomie de l’archipel, est le laissé pour compte de la France. Son envie d’émancipation s’est donc exprimée légitiment et ce de façon pacifique et démocratique. Mais la colonisation par la France, à l’oeuvre depuis des décennies, a produit ses effets : seul 39% des habitants de Nouvelle-Calédonie sont encore aujourd’hui Kanaks. La présence de plus en plus nombreuse de populations non-originaires de Nouvelle- Calédonie (la part des natifs a baissé de 3 points en 25 ans) a fait basculer le scrutin du côté du « non » à l’indépendance.
Régions et Peuples Solidaires, solidaire du peuple Kanak, défend le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
R&PS invite la France à poursuivre la feuille de route tracée par les accords de Nouméa. Le processus de décolonisation de la Nouvelle-Calédonie qui est irréversible doit aller à son terme. L’autonomie doit être élargie pour laisser plus de place aux Kanaks, à leur culture et à une économie qui leur profite. De nouvelles consultations sur l’autodétermination devront être organisées dans les prochaines années. La voie de l’émancipation est tracée pour la Kanaky. C’est le sens de l’histoire de ce territoire à près de 17.000 kms de Paris que devront préparer ensemble les différentes communautés qui y vivent.
Gustave Alirol.