Ukraine

Comment cela finira-t-il ?

La guerre de tranchées qui a pris la place de l’invasion massive décidée au début du conflit par Vladimir Poutine est certainement moins spectaculaire. Mais, un coup de boutoir après l’autre, à grands coups de canonnades, cela finit par donner des succès indéniables aux troupes russes, car l’armée ukrainienne ne dispose pas de l’armement suffisant pour résister au rouleau compresseur de l’artillerie adverse.

 

 

Au déclenchement du conflit, la grande manœuvre de l’invasion s’est soldée par un terrible échec pour l’armée russe qui a dû se retirer en urgence du front de Kiyv, puis de Kharkyv, où les caravanes de ses chars d’assaut, étirées sur des dizaines de kilomètres, recevaient la riposte des volontaires ukrainiens dans une forme de guérilla redoutable.

Au Donbass, la bataille est tout autre. L’armée russe campe sur des arrières qu’elle contrôle dans la partie occupée depuis plusieurs années de ce territoire, et elle avance au rythme lent mais implacable de destructions massives sous un déluge de feu. Quand le village ou la ville  ainsi pilonnés sont détruits et ne peuvent plus abriter de combattants adverses, l’avancée est opérée et le terrain conquis. C’est long, c’est barbare, c’est peu spectaculaire, mais ça marche.

Certes les ambitions de Poutine semblent avoir été revues à la baisse en se concentrant désormais sur l’invasion du Donbass, et en consolidant la mainmise réalisée sur Marioupol et tout le rivage de la Mer d’Azov entre la Crimée et la frontière russe. Ce qui est déjà un anschluss énorme, 20 % du territoire ukrainien.

Mais il est à craindre que ce repli ne soit que tactique, le temps d’épuiser la résistance ukrainienne, pour ensuite passer à d’autres objectifs, notamment à Odessa avec l’appui de l’armée stationnée en Transnitrie, ce territoire qui a fait sécession avec la Moldavie, elle-même menacée d’invasion. Tout aussi inquiétants sont les bruits de bottes entendus à Kaliningrad, cette enclave russe ultra-militarisée située entre Pologne et Lituanie, d’où l’offensive pourrait venir contre les Pays Baltes.

 

La guerre de Poutine est idéologique. Pour lui, ces territoires étaient soviétiques et ils ne peuvent échapper au leadership de la Russie. Ne serait-ce la résistance de l’armée ukrainienne, le projet d’invasion généralisé serait déjà très avancé et il ne s’arrêterait pas à l’Ukraine.

Aujourd’hui, l’armée russe est obligée de limiter son champ de bataille au Donbass, mais, si elle y supplante son ennemi, il n’y a que peu de doute sur le fait qu’elle reprendra au fil du temps ses objectifs d’invasion de départ. D’où l’importance de la guerre du Donbass et dans la zone côtière du sud-est de l’Ukraine.

 

Plus de canons, et de plus longue portée : voilà où réside la supériorité militaire de l’armée russe. Situés hors de portée de l’artillerie ukrainienne, ils atteignent leurs objectifs sans risquer de riposte en retour. Pour retrouver l’avantage, l’Ukraine doit arriver à se doter de la nouvelle génération de canons mise au point par l’Otan (Royaume Uni, France ou États Unis), de plus grande puissance et de plus grande portée que l’artillerie russe, pour qu’elle soit contrainte de s’éloigner du front. Mais les livraisons arrivent au compte-gouttes car les stocks d’armes sont peu fournis en Europe. Par contre les USA envoient des armements nombreux et efficaces grâce auxquels l’Ukraine peut espérer faire jeu égal, et même reprendre l’offensive.

Parmi la dernière livraison effectuée par Joe Biden figurent des missiles sol-mer en quantité, sans doute destinés à tenir la flotte russe le plus au large possible quand les combats feront rage sur les rives de la Mer Noire, probablement à Kherson.

Si l’on veut que la guerre s’arrête pour de bon, il faut faire la preuve que l’Ukraine peut la gagner. Seule la perspective d’une défaite fera reculer Vladimir Poutine. Il faut donc renforcer l’armement des Ukrainiens pour qu’une contre-offensive soit possible et victorieuse. •

F.A.