La position de Femu a Corsica

Kanaky, garantir le processus de décolonisation

 

« Depuis 3 ans, de nombreuses voix s’élèvent, à Paris et à Nouméa, pour alerter le Gouvernement français sur sa méthode dans l’appréhension de la question calédonienne. À son niveau, la représentation élue du peuple corse, à travers une motion de l’Assemblée de Corse adoptée en décembre 2021, avait déploré « le maintien d’une parodie de référendum » et rappelé « l’impérieuse nécessité d’un processus démocratique accepté et partagé ».

Alors que la situation historique et politique des rapports entre la République française et la Kanaky / Nouvelle Calédonie commandait de privilégier le consensus, le Gouvernement et l’État ont fait le choix du passage en force :

– En refusant, d’une part, de reporter le troisième référendum d’autodétermination, à la demande des indépendantistes eu égard au deuil massif qui frappait l’archipel à la suite du Covid-19 ;

– En décidant unilatéralement, d’autre part, de modifier le corps électoral citoyen au détriment des Kanaks et d’ébranler ainsi un pilier central de la paix et du vivre-ensemble en Kanaky / Nouvelle Calédonie.

Avec le dégel du corps électoral, c’est l’accélération de la dilution et de la colonisation de peuplement qui menace directement le peuple kanak dans ses droits et dans son existence.

Cette réforme constitue donc une négation de l’esprit et de la lettre des « Accords de Matignon » (1988) et des « Accords de Nouméa » (1998), et une remise en cause du processus de décolonisation engagé en Kanaky / Nouvelle Calédonie.

L’ensemble de ces éléments et la constance de nos convictions en la matière ont logiquement conduit les parlementaires issus de notre formation (Jean-Félix Acquaviva, Michel Castellani, Paulu Santu Parigi) à voter contre ce projet de réforme constitutionnelle dans chacune des deux chambres.

Femu a Corsica exprime son émotion suite au décès tragique de six personnes et présente ses condoléances à leurs familles. Ces morts s’ajoutent aux centaines de blessés et aux destructions qui renvoient la Kanaky à une logique de conflit avec laquelle il faut définitivement rompre.

Il est en effet impératif de sortir au plus vite de cette spirale destructrice.

Pour Femu a Corsica, la crise actuelle ne pourra se régler que par une réponse politique forte et respectueuse du peuple kanak, seule susceptible d’enraciner la paix, dans l’esprit des « Accords de Matignon », scellés en 1988 sous l’égide de Michel Rocard, et de la poignée de main historique entre Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur.

Dans l’attente d’une solution politique globale que le FLNKS et le Premier ministre ont appelée de leurs vœux, et afin de réunir les conditions nécessaires à la reprise d’un dialogue serein et fécond entre les parties, Femu a Corsica demande la suspension de l’application du texte.

Cet accord politique doit permettre de consolider, de façon irréversible, tout ce qui a été construit et mis en œuvre à travers les Accords de Matignon et de Nouméa.

Cet accord doit garantir la sauvegarde du peuple kanak, le respect de ses aspirations, la poursuite du processus de décolonisation, et l’instauration d’une paix réelle et durable dans ce pays. » •