Kanaky

Le drame d’Ouvéa

La Nouvelle Calédonie est proclamée française le 24 septembre 1853 et devient une colonie pénitentiaire. Ses habitants kanaks sont déplacés, privés de leurs terres et de leurs droits de peuple. Depuis lors, les révoltes sont incessantes.

Créé en 1984, le FLNKS (Front de libération national Kanak socialiste) dénonce la confiscation des terres par les Caldoches (d’origine française) et le racisme dont ils sont victimes. Il met en place un gouvernement provisoire et revendique l’indépendance de la Kanaky. Les actions se multiplient.

Le 22 avril 1988, des militants kanaks investissent la gendarmerie de Fayaoué sur l’île d’Ouvéa. Les gendarmes ouvrent le feu. Quatre d’entre eux sont tués, un autre blessé ainsi que trois indépendantistes. Pour protéger leur fuite les kanaks prennent en otage 27 gendarmes. Paris (gouvernement Chirac de cohabitation) envoie le GIGN et des militaires du 11e Choc lourdement armés. Une partie des militants se rendent et libèrent leurs otages. L’autre partie se réfugie dans une grotte près du village de Gossanah. Des négociations s’engagent et réclament l’intervention du FLNKS. Celui-ci appelle à la libération des otages après le second tour de l’élection présidentielle le 9 mai. Mais le général Jacques Vidal et le ministre de l’Outremer Bernard Pons veulent en découdre et préparent un assaut. Pour trouver la grotte, ils font torturer les habitants du village de Gossanah puis mettent fin aux négociations.

Le matin du 5 mai 1988, l’assaut est donné. C’est un carnage. 19 preneurs d’otages et 2 militaires sont tués. Les otages sont libérés. Parmi les prisonniers au moins trois seront tués durant leur transfert, dont le chef kanak Alphonse Dianou visiblement passé à tabac.

Trois jours plus tard, François Mitterrand est réélu président de la République. Son Premier ministre Michel Rocard engage un processus de paix. Le 26 juin 1988, l’accord de Matignon est signé entre le gouvernement Rocard, Jean Marie Tchibaou, chef du FLNKS, et Jacques Lafleur, leader des Caldoches. Il prévoit la fin des violences, la réconcialiation entre indépendantistes et loyalistes, un transfert progressif de compétences vers la Nouvelle Calédonie. Dix ans plus tard, ces accords sont renforcés par l’accord de Nouméa et des référendums d’autodétermination…

On connaît la suite. •

F.G.